Nous finissions notre live report du jour précédent sur la grande question philosophique cherchant à savoir si oui ou non le rock ‘n’ roll était en train de devenir une musique de vieux cons… La nuit cette fois-ci n’a pas porté conseil. La question reste entière. Mais aujourd’hui, les fervents admirateurs de la cause pop rock vont avoir au programme un monstre sacré, un argument de poids dans la balance. Mais avant de reparler plus en détail d’une des plus grosses fortunes de la perfide Albion, revenons sur ce deuxième jour des Déferlantes.
La programmation puise encore dans les récents lauréats de Victoires de la Musique. Jain ouvre donc le bal avec une fougue mélangée à une timidité et une certaine fraicheur. Elle sortira les festivaliers de leur torpeur, se démenant comme une diablesse seule sur scène. Enfin, pour La Grosse Radio, on est un peu hors contexte.
Et tant qu’à être hors contexte, restons-y… On reste aussi dans le clan des Victorisés de la Musique. C’est au tour des Casseurs Flowters d’investir la place. Le groupe parallèle d’Orelsan avec son pote Gringe fait fureur (profitons-en pour rappeler que la France a battu l’Allemagne et que les drapeaux français sont encore présents dans le public). Et vu la réaction de la foule, c’est encore plus puissant que Nekfeu. Ces mecs là ont vraiment un public. Et eux, comme on a pu les photographier, on se rend bien compte qu’ils adorent ce qu’ils font. Les deux acolytes s’éclatent sur scène soutenus par un troisième larron au chant (enfin nous ne savons pas trop si on parle de chant ou de flow dans le domaine du rap hip hop, vous nous excuserez, nous sommes novices en la matière) et deux autres derrière les platines. Nous n'irons pas jusqu’à dire que nous avons apprécié mais nous comprenons que certains puissent le faire… On va mieux non, docteur ???
Encore un sale temps pour les rockeurs… C’est maintenant au tour de Deluxe qui vient présenter sa pop à moustache. N’importe quoi… Enfin, c’est que nous croyons… Parce que finalement, le combo s’en sort plutôt bien. Certains médisants argueront que sans les costumes le show n’aurait pas eu la même portée. C’est vrai que porter une jupe en forme de moustache, c’est quand même pas banal. En tout cas, le public réagit bien et répond aux sollicitations du groupe. C’est bien fait et ça prépare parfaitement au gros morceau de la soirée.
Elton John… Sir Elton John pour être plus précis. On ne va pas vous imposer le pédigrée de la bête (de scène) mais quand même 400 millions de disques vendus, plus de 5000 concerts, ce n’est pas rien, un monstre sacré se présente en face de nous. Et chose assez rare sur un festoche, c’est un concert complet, pas une prestation tronquée... 2h d’Elton John dans la face.
Ca ouvre puissamment avec des titres comme "The Bitch Is Back", brulot rock ‘n' roll exécuté avec brio par un groupe au petits oignons. C’est léché, carré, millimétré. Tout le monde est en place. Et au piano, Elton nous prouve qu’à presque 70 balais, il a encore des fourmis dans les doigts. Puis la voix est toujours au rendez-vous. Elle véhicule toujours autant d’émotions que par le passé. Des trucs comme "Candle In The Wind" vous hérissent le poil. C’est grand. Les traditionnels briquets ont depuis belle lurette cédé leur place aux smartphones mais ça aussi ca fait partie de l’évolution des mœurs dont ont causait déjà hier… Une final époustouflant avec "I’m Still Standing" notamment et surtout "Crocodile Rock" mettra tout le monde d’accord et laissera la place chaude, très chaude à Gaétan Roussel et ses hommes.
Louise Attaque sur la scène. Après 10 ans de séparation, le groupe revient ensemble et en force avec un nouvel opus. On ouvre avec "Ton Invitation". C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Les classiques sont ultra maitrisés par le public qui ne boude pas son plaisir et le fait savoir. "Léa" sera accueillie particulièrement par les festivaliers mais les nouvelles chansons s’intègrent parfaitement au set. Retour gagnant donc pour Louise Attaque.
Et voila qu’il est temps à nouveau (déjà un petit clin ‘œil pour les Insus, mais ça, ce sera pour le dernier jour du festival) de tirer notre révérence. Aujourd’hui nous auront fait notre première (et certainement dernière incursion dans le monde de la chronique de hip hop) mais nous ne céderons toujours pas aux sirènes de l’electro et abandonneront les festivaliers aux mains de Pone. Bonne nuit et à demain. Ce soir, c’est repos pour les questions philosophiques.
Textes : Eric Jorda, Pascal Berdagué et Patrick Quinta
Photos : Eric Jorda et Patrick Quinta