Déjà le quatrième jour… On n’a pas vu le temps passer sous la chaleur écrasante du festival. Faut bien dire que l’accueil du festivalier est quand même bien pensé. Pas mal d’espaces de détente entre les concerts… Une fanzone pour les footeux… Un bar vantant uniquement les mérites du célèbre breuvage distillé à Lynchburg Tennessee, si cher à feu Lemmy. Ils font les choses bien chez Jack Daniel’s et nous ne manquons pas d’en profiter du coté de La Grosse Radio… C’est bien pensé surtout qu’en ce jour de finale d’Euro, le ballon rond sera un peu le fil conducteur de la soirée.
Pour monter en pression dans la soirée, quoi de mieux que faire un tour devant la scène du même nom ? Comme chez Jack Daniel’s, Les toulousains de Dancers In Red eux aussi sont en train de distiller… Mais pas du whisky, un rock ‘n’ roll pur jus puisant ses lettres de noblesses dans les grands noms 70's du genre. De belles valeurs qui permettent au chanteur guitariste de faire rugir sa Les Paul rutilante qui n’en demandait pas moins. On a toujours de belles surprises sur cette scène vouée à la découverte.
Après les Mountain Men l’année dernière, Dancers In Red sera indéniablement celle de l’année. Le trio augmenté pour l’occasion d’une section de cuivres fera le bonheur des festivaliers. Leur musique électrise la foule qui chose assez rare sur cette scène et à un horaire aussi peu avancé va se lever en masse pour assister à la fin du concert.
Non contents de sa prestation électrique, le combo redevenu trio donnera un petit set acoustique en toute simplicité montrant encore d’autres facettes de son talent. Pari gagné donc pour ces jeunes rockeurs et l’on attend de pieds ferme leur premier long format.
A l’ouverture de grandes scènes, les Naive New Beaters investissent la place. Bien qu'ils se fassent passer pour un groupe américain, ce sont bien des petits frenchies. C'est l'inverse d'Elton John qui lui s'est essayé à la langue de Molière avec ses " Bonsouar Argelle" qui auront bien faire marrer le public.
Mais ce soir les Naive New Beaters ont envie de faire bouger les gens. Leur accent est aussi exotique que leurs tenues de scène et leur musique fraiche et guillerette ne convainc pas totalement mais a le mérite de dérider les festivaliers qui commencent déjà à avoir les fourmis dans les jambes.
Plus qu’une heure et demie avant la finale France - Portugal. On sent une tension palpable. Des dizaines de festivaliers portent un maillot au nom de Griezmann, sans conteste le préféré des Déferleurs. Quelques écharpes portugaises rajoutent des notes colorées au site.
Puis viendra la surprise de la soirée. Le retour de Rita Mitsouko. Une Catherine Ringer éblouissante, rajeunie de 30 ans viendra interpréter devant nos yeux ébahis un set composé de nouvelles chansons uniquement. Et là, on sort de notre rêverie et on se dit que pendant le set de Minuit, le groupe qui contient dans son line-up les enfants du duo vedette des Rita Mitsouko Catherine Ringer et Fred Chichin, la tension retombe un petit peu.
Pour la jeune frontwoman, la filiation est impossible à masquer : mêmes mimiques sur le visage, même voix, même style vestimentaire… C’est bluffant. Une musique intéressante mais pas forcement très facile d’accès et il ne faut pas oublier que ce soir, il y a quand même un public de footeux… Chacun tirera la conclusion qu’il veut de cette phrase.
Dernier concert avant la ruée vers la fanzone, Selah Sue. La petite belge avait déjà fait un passage remarqué il y a trois ans aux pieds du château de Valmy sur la scène Château. La voici revenue sur la plus grosse scène du festival. Et autant Minuit a eu du mal à convaincre les festivaliers, autant Selah Sue les a embarqué dès la première vague pour ne jamais les lâcher. Une belle confirmation donc qui incite fortement à aller jeter une oreille a son nouvel opus dont elle a joué beaucoup de titres ce soir.
Là, on y est ! M6 a pris l’antenne en direct du Stade de France. Les hymnes ne vont pas tarder. Le carré VIP du festival doté de son écran géant a abandonné toute velléité musicale. Certes le cadre est vraiment sympathique mais à mon humble avis pourquoi ne pas rester tranquillement à la maison pour regarder le match avec ses potes, des bières au frais et quelques bonnes grillades ? La question reste ouverte… La fan zone pour le public est blindée. Louis Bertignac est installé à table sur la terrasse des artistes avec un écran à proximité retransmettant le match… Depuis 48h les tweets et post Facebook sur la page des Insus et de Bertignac annoncent que leur concert ne débutera pas avant le match laissant les festivaliers perplexes avec des flyers leur annonçant les Telephone sans Corinne à 22h30… Mais nous n’en sommes pas encore là…
Pas des conditions très simples pour Vintage Trouble. Le quatuor californien surfe sur la vague du succès depuis la reconnaissance par le public et les médias de leur magnifique travail sur 1 Hopeful Road. On les voit partout. En France, ils assuraient la première partie d’AC/DC au Stade de France en 2015 avec leur musique puisant autant à la soul de Stax et Motown qu’aux racines du blues façon Muddy Waters ou encore n’hésitant pas à emprunter quelques phrasés hendrixiens… De belles références. Ces gars là sont demandés même au Hellfest ! Et ils ne sont pas dégonflés. Ils ont joué sur la même scène que Slayer ! Ce n’était pas gagné…
Mais tout ça, ce n’était rien en face du challenge de ce soir. Jouer devant un parterre de footeux !!! Même pas peur ! Le chanteur Ty Taylor investit la scène avec la fougue d’un James Brown, ses acolytes tous tirés à quatre épingles donnent le meilleur d’eux même. Et la magie opère, dès "Blues Hand Me Down" même les portugais oublient la blessure de Ronaldo et se laisse emporter par la déferlante Vintage Trouble. Faut bien dire qu’ils se sortent les tripes les gaillards. Ty Taylor à défaut de se plonger dans la grande bleu prendra un bon bain de foule l’amenant jusqu’à la console de son au milieu de la foule et reviendra pour mieux nous assener un terrible "Run Like The River". Bien joué les gars.
Maintenant, on approche du drame. 75ème minute de jeu, toujours pas de but. Les Insus attendent la fin. Raph Dumas, le DJ catalan vient combler l’espace manquant à la demande des organisateurs. Il a déjà « sauvé » le festival à plusieurs reprises remplaçant au pied levé des artistes malades, décommandés… Mais ce soir, ce n’est pas simple. Les footeux veulent voir le match, les fans des Insus insultent les footeux, déchainent leur fiel sur le pauvre Raph Dumas qui lui a gentiment meublé l’espace. Pas très classe tout ça…
Les rumeurs les plus folles circulent depuis 48h quand à la tenue du concert des Insus... Bertignac assure qu’ils ne joueront pas avant la fin. Les vannes fusent. Si la France perd, on jouera tout le set en portugais. Ce qui se passe sur la toile de manière très bon enfant contraste avec la violence des propos tenus dans le pit devant la scène où sont attendus les Insus… On commence à disserter sur le fric dans le rock, sur les caprices de stars, sur le non-respect du public. On entend des gens râler parce qu’ils vont rentrer tard… On est clairement en train de déraper. On a parlé un temps de faire mixer Raph Dumas avec le match de foot en fond sur les écrans géants mais finalement après une bien belle pagaille Bertignac et ses troupes vont renoncer aux prolongations pour enfin investir les lieux… Pas terrible comme ambiance…
On en profitera à La Grosse Radio pour vous dire ce qu’on en pense avant de vous parler du show… Faut quand même être un peu obtus pour râler parce qu’un groupe ne joue pas alors qu’on est en train de porter un maillot à la gloire de Griezmann, Payet, Lloris ou autre Giroux… Ca semble un peu contradictoire. Entendre des choses comme : « Putain, fais chier, demain on bosse »… Il me semble que personne n’est pris en traitre et que le festival finit à deux heures du matin. Au moment d’acheter les places, les gens ne connaissaient pas l’heure de passage des Insus et ils auraient très bien pu être programmés comme Lenny Kravitz l’année dernière en fin de festival. Enfin, nous en aurions quelques autres comme ça mais revenons au live des Insus qui finalement et à notre avis va tenir toute ses promesses.
Soirée de festival oblige, les Insus ont signé pour 1h30. On les sait capables de beaucoup plus. D’entrée, ils viennent cracher le venin en ouverture du set. Le public oublie immédiatement les mésaventures du onze tricolore pour se plonger dans le show. Bertignac rajoutera : « De toutes façon le foot on s’en fout, ici c’est le rugby… ». Quel bluffeur celui-là ! Les classiques s’enchainent. "Hygiaphone" met les feu avec sa décharge de rock ‘n’ roll pur et dur.
Le combo déroule sans souci tant il maitrise son affaire. Peu de place aux chansons peu connues se soir, festival oblige. Mais il y a tellement de hits à savourer dans la discographie de Telephone : "Argent trop Cher", "La Bombe Humaine", "Cendrillon", "Le Jour S’Est Levé"… Tous les tubes sont là pour clôturer de fort belle manière le festival.
"New York Avec Toi" et "Un Autre Monde" emporteront les suffrages du public qui comme à l’accoutumée aura le plaisir de jouer avec l’énorme ballon gonflable qu’Aubert à l’habitude de jeter dans le public.
Après une heure trente de show, les Insus s’en vont pour mieux revenir dire au revoir avec "Ca C’est Vraiment Toi" qui sera un final des plus éblouissant. Fin des hostilités 0h40…
Les plus grincheux s’en iront avec une déception footballistique et la crainte du réveil pour aller bosser le lendemain, d’autres s’en iront se dégourdir les guibolles au son de l’electro de Synapson. Pour nous, qui ne nous inscrivons dans aucune des deux catégories précédentes, nous allons quitter le site après avoir fait le plein d’émotions musicales pendant quatre jours. Merci Les Déferlantes et on espère bien se retrouver l’année prochaine pour la 11ème édition !!!
Textes : Eric Jorda, Pascal Berdagué et Patrick Quinta
Photos : Eric Jorda et Patrick Quinta