« J'ai dû me planter dans la saison »
Malgré un temps menaçant, le superbe site de La Citadelle se remplit peu à peu. Les jeunes français de Cayman Kings, qui ont la lourde tache d'ouvrir cette nouvelle édition du Main Square 2016 disposent d'un auditoire attentif sur la Green Room. Seul leur son très British emplit l'espace. Le clavier très marqué donne le sourire. L'énergie déployée par Tim, le chanteur, remporte tous les suffrages alors que des averses successives se font malheureusement déjà sentir.
Pour autant, la voix hypnotique de Jake Bugg redonne du baume au cœur. Même si le jeune anglais foule la Main Stage sous des trombes d'eau, les mélodies restent lumineuses et s'inscrivent naturellement en tête. "Love, Hope and Misery", extrait du dernier album On My One séduit immédiatement. Impossible d'échapper à son refrain aérien et perché. Beau, tout simplement. Les couples dansent lascivement sous la pluie, l'image est jolie.
Retour sur la Green Room où les américains de The London Souls déroulent un rock psyché très inspiré. Le feeling à la guitare (Tash Neal) et à la batterie (Chris St Hilaire) est palpable. Le plaisir pris sur les planches est ressenti en fosse. Le principe des vases communicants... Le spectre de Hendrix plane, la transe est possible. Le public ne s'y trompe pas et salue vivement la formation. Un excellent concert.
Passons rapidement sur le Live de Ellie Goulding qui bénéficie de quelques éclaircies bienvenues. La pop star anglaise assure le spectacle. Les tubes planétaires s'enchaînent un peu trop mécaniquement. "Love Me Like You Do", "I Need Your Love", "Something In The Way You Move" ou "Burn" (avec un final à la guitare fort dispensable) font danser Arras. Après tout, c'est ce que l'on attend d'un tel moment...
20h30. La pluie ne cesse de s’abattre violemment, transformant le site en véritable champ de boue. Quelques plongeons et glissades sont remarquables. Les enfants ont sortis les cirés et les bottes pour sauter dans les flaques. Le Main Square propose toujours une ambiance agréable et familiale.
Charmeur et sûr de ses atouts (tatouages en tête), Yelawolf brave les intempéries et impose un rap avec attitude. Savoureux et détonant mélange. Pop, rap, country, rock, hardcore s'entremêlent sous la pluie et le public répond présent devant la Green Room.
Louise Attaque est vivement attendue. C'est peu de le dire... Difficile de circuler aux abords de la grande scène. Les averses n'ont pas eu raison du public des Hauts de France (on en reparle ou pas?). C'est judicieusement Ton Invitation qui lance un concert qui marquera durablement les esprits. Une communion de chaque instant avec en point d'orgue, une version survoltée de J't'emmène au Vent portée par une foule en apesanteur. Les nombreuses vidéos qui circulent peuvent en attester. Sublime et grand frisson.
Les titres plus récents sont déjà intégrés et brillamment accueillis : "Avec le Temps" déroule une rythmique pernicieuse dont on ne se détache pas, le plus pop "Anomalie" fait le job (Tout tourne autour de toi, même moi... vous l'avez en tête ?), etc.
Les classiques, inusables, sont de la partie et largement repris en chœur. "Léa", "Tu Dis Rien", "Les Nuits Parisiennes", nous font voyager dans le temps et Dieu que c'est bon d'avoir 20 ans.
Avant de retrouver Iggy Pop sur la Main Stage, rendez-vous est pris avec Jeanne Added qui plonge la Green Room dans un univers à part. Entre le jour et la nuit, la musique de la française séduit le public. Tantôt dansant, tantôt grave, le set de la rémoise a quelque chose d'indescriptible, mais qui reste toujours accessible. It, étiré pour le bonheur de tous, semble distiller des incantations chamaniques... Un coup de coeur.
Après Louise Attaque, le flashback continue un peu plus tard avec l'inébranlable Iggy Pop. Toujours vivant, toujours debout, la rage en plus, Iggy arrive le torse et les tripes à l'air pour botter des culs. Les quatre premiers titres mettent tout le monde d'accord (sur un petit nuage). "No Fun", "I Wanna Be Your Dog", "The Passenger", "Lust For Life", le quarté gagnant.
Évidemment notre homme va au contact des premiers rangs et des photographes (coucou Élise). Il fait le show, maîtrise la scène et son public. Il ne ménage pas ses effets et glisse le micro dans le jean sur "Sixteen". Des rafales de Fuck sont débitées à l'envie alors que l'Iguane arpente la scène à vive allure. 69 ans et toujours la même envie d'un dernier monstre sacré du rock. En rappel, Iggy nous gratifie d'un extrait de son dernier album en date (Post Pop Depression), le très beau "Gardenia", avant le final explosif sur "Search And Destroy". Raw Power !
Crédit photo : Elise Schipman