Pg.lost – Key

Revoilà nos suédois de Pg.lost, qu’on avait laissé sur un In never out (2009) assez fade. Le post-rock est en effet devenu un style très pratiqué, de sorte qu’il n’échappe pas aux inévitables redites, aux groupes qui se ressemblent et tombent dans la platitude pure et simple, voire dans le plagiat. Pour quelques combos qui parviennent à tirer leur épingle du jeu et à sortir de véritables perles (God is an astronaut, Immanu el et son superbe In passage, les français de Year of no light), combien se content de suivre leur petit manuel et proposent des montées en puissance certes savamment orchestrées mais désormais devenues d’un banal affligeant ? La scène asiatique, particulièrement foisonnante dans le genre, en sait quelque chose. Pourtant, les Pg.lost, sur leurs albums précédents, avaient fait preuve d’une certaine force de caractère en ruant dans les brancards et en parvenant à concilier respect des codes du style et une identité propre brodée à partir de décharges d’énergie bienvenues. Qu’en est-il sur ce 5e album qui a la lourde tâche de relever le niveau ?


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Tout commence de la meilleure des façons avec « Spirit Tampede », qui démarre sur un gros barouf bruitiste avant de se tourner vers une douce rêverie mélancolique puis sur une nouvelle montée en puissance, introduction idéale qui ne surprend pas mais nous fait entrer de plein-pied dans l’album de la plus agréable des façons. La suite est composée de deux morceaux de bravoure : « Vultures » s’appuie sur une distorsion bienvenue pour bousculer des codes par trop répétés et devenus préjudiciables à l’émotion, à moins peut-être d’être un néophyte total en matière de post-rock. L’équilibre s’avère ici parfaitement trouvé entre ombre et lumière, entre force et douceur. Une franche réussite idéalement complétée par « Terrain » qui force encore davantage le trait. Certes, le schéma général ne varie pas vraiment (thème, passage planant, montée, thème), mais quel thème, et quelle claque que cette montée finale ! Autant dire qu’à ce stade de l’album, on se demande vraiment ce que les suédois ont bouffé au petit déjeuner et on se prend à rêver d’un renouveau de la scène nationale, au son caractéristique mais jusqu’alors tristement rabâché.


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Hélas, cette embellie n’a qu’un temps, et Pg.lost de retomber dans ses travers. « Sheaves » est assez symptomatique : schéma toujours immuable, thème principal sans grand intérêt et tellement répété qu’il en devient lourd, passage aérien joué avec savoir-faire mais sans aucun culot ou personnalité, avant de conclure sur ce fichu thème qu’on a déjà trop entendu. Sans atteindre les sommets du diptyque précédemment évoqué, « I am destroyer » relève le niveau, une fois de plus en se tournant vers la distorsion, ce qui offre un renouvellement du son, et en s’écartant quelque peu de la progression trop convenue. Convenue, « Gathering » l’est assurément, mais n’en possède pas moins un certain charme auquel l’auditeur pas trop exigeant peut pardonner ses quelques facilités. Las, « Weaver », qui conclut l’album, gâche son potentiel en se traînant inutilement en longueur alors qu’aucune de ses mélodies ne méritait d’être autant étirée. In Fine, Pg.lost reste quelque peu embourbé dans ce vivier de groupes de post-rock qui ne parviennent pas à se détacher suffisamment des codes inhérents au genre pour s’affirmer complètement, malgré de beaux efforts, notamment ce superbe diptyque qui augurait du meilleur.

Note : 6,5/10

Un extrait de la partie la moins convenue de l'album :

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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