Le soleil est, une nouvelle fois au rendez-vous, en ce dimanche. Dernier jour de festival, et bien évidemment, une très grosse attente se fait vivement sentir pour Les Insus. La date annonçait complète des mois à l'avance. Toutes les générations sont réunies aujourd'hui.
En attendant, c'est Evrst qui se met toute la Green Room en poche avec une pop électro fort agréable. Les lillois ont, sans nul doute, de très beaux jours à venir. Les basses chaleureuses et entraînantes font danser un public visiblement conquis. Une jolie révélation.
Sur la Main Stage s'annonce la grande sensation de la journée : The Struts. Les anglais, avec à leur tête l’exubérant Luke Spiller ne bénéficient pourtant pas d'un horaire facile. Mais la magie opère. Presque instantanément. En seulement deux morceaux, les festivaliers lèvent les bras et mangent dans la main de ce drôle de clone du Dr Franck-N-Furter.
Diable que ce live est fou et file à cent à l'heure avec une communication toujours ultra-efficace. Le refrain de "Roll Up", taillé pour le live, emporte tout sur son passage. Du rock avec attitudes et des looks tous plus improbables les uns que les autres. Drôles, enlevés, The Struts « paradent ». Luke se la joue Freddie Mercury et se fend même d'une imitation de Michael Jackson avec succession de moonwalk, twist et pointe !
Un concert complètement barré. Les chœurs de "Could Have Been Me" sont scandés comme dans un stade. Le final avec le public assis se relevant d'un seul homme sur "Put Your Money On Me" restera une image marquante de ce dimanche. « Oh Yeah ! ».
Difficile alors pour les français de Last Train de faire oublier la folie furieuse qui vient de s'abattre sur Arras. Comme leur heure de passage est enviable... Comme The Struts s'en seraient emparés avec brio et entrain... Malgré une voix écorchée et quelques belles déflagrations de guitares, l'attente est longue et les alsaciens peinent à convaincre.
Nouveaux chouchous de la scène rock française, la clope au bec pour le style Live, les petits jeunes de Last Train souffrent malheureusement de la comparaison avec les doux dingues qui les ont précédés sur la Main Stage...
Petit détour par la Green Room où le groupe A-Vox déverse son electro pop boostée aux infra-basses. Virgile et Anthéa, frère et soeur, présentent leur nouvel EP (Resist) avec une fraîcheur déconcertante. Finalistes l'an dernier du Tremplin Régional du Main Square, ils avaient alors eu la chance de se produire sur les planches du festival en 2015. Beaucoup de chemin parcouru depuis (première partie de Twenty One Pilots à Paris) et une aisance remarquable pour s'attirer les faveurs du public. Energique et dansant, le set des français surprend.
Band Of Horses fait ensuite planer de plus douces mélodies. Le timbre fragile du chanteur (Ben Bridwell), reconnaissable entre mille, fait une fois encore, des merveilles.
Avec ses emprunts au folk ou a la country, Band Of Horses n'oublie pas pour autant de saupoudrer le tout de quelques éléments rock. Bien entendu, le classique "The Funeral" ferme la marche, quelque peu ruiné par les reprises façon Juke-Box des L.E.J sur la Green Room.
Le phénomène fait le plein et enchaîne les tubes des autres dans une ambiance de kermesse. Ni frais ni à faire, le set s'attire les foudres des anciens et enchante les plus jeunes. Oui, toutes les générations sont bien réunies aujourd'hui...
Retour à la musique avec Ghinzu qui nous avait grandement manqué. Toujours dans l'urgence, le rock de nos Belges chéris s'enrichit de nouveaux morceaux efficaces. Mais la part belle est faîte aux classiques dont on ne se lassera sans doute jamais...
"Cold Love" fait souffler une tornade de décibels sur le festival (quitte à faire suer les fans de L.E.J, juste à côté). Le morceau fonce tête baissée. "Mirror Mirror" fait monter la tension. "The Dream Maker" excite le palpitant. "Do You Read Me"est hurlé au plus près du public malgré un récalcitrant câble de micro (immédiatement sanctionné par John Stargasm). Les plages instrumentales ("Cockpit Inferno" et "21st Century Crooners") plongent l'auditoire dans de longues séances d'apnée. Difficile de reprendre son souffle dans ce concert qui enchaîne les violentes claques, avant la prochaine volée prévue pour septembre. Vivement ce nouvel album attendu depuis trop longtemps !
Editors fait une entrée timide sur "Sugar". Parfaitement en place, le groupe livre une prestation propre et sans bavures. Le chant magnétique de Tom Smith emplit l'espace et brasse toutes les émotions. Même la basse imparable de Russell Leetch ne peut rivaliser...
"The Racing Rats", "Smokers Outside The Hospital Doors", "Munich" et "Papillon" ravivent les souvenirs et font lever les foules. Plus planant, "Ocean Of Night", Live, nous réconcilie avec le dernier album en date. D'ailleurs, tous les titres issus de In Dream se font bien plus convaincants sur scène, moins désincarnés. La set-list navigue habilement entre toutes les époques. Toujours aussi accrocheur, Editors livre des mélodies habitées auxquelles il est difficile de ne pas succomber.
La nuit est tombée, la France rêve encore à l'Euro, alors que Les Insus montent sur scène.
Triomphe annoncé, le spectacle est de tous les instants. Le groupe est en forme. "Crache Ton Venin", "Hygiaphone" sont servis en guise d'apéritif. Impossible de rejoindre le moindre bar pour trinquer à la santé de nos vétérans. C'est une gigantesque marée humaine qui salue le retour de nos rockeurs français.
Les retrouvailles sont émouvantes et électriques. Bertignac aligne les soli, un grand sourire aux lèvres. Jean-Louis est aux anges alors que la foule l'accompagne sur tous les titres. Jamais le rythme ne faiblit jusqu'à ce mythique "Ca (c'est vraiment toi)" qui relance une dernière fois la machine avant de se dire « au revoir ».Un final grandiose pour cette édition 2016 du Main Square Festival. A l'année prochaine !
Crédit photo : Elise Schipman
