"Salut, on est les Shériff, et on fait du bruit !"
Dans les années 1980/90, chaque fois que cette phrase s'est faite entendre, elle a précédé un déluge de plomb et de décibels, les planchers ont tremblé, et les Shériff (oui, c'est bien d'eux que l'on parle, tu ne t'es pas trompé(e), lecteur(trice) fidèle et perspicace) ont fini par remercier le public qui a tant transpiré, deux heures après cette annonce triomphante.
Au milieu de la folie du Rock alternatif, les Shériff font partie des quelques très grands qui sont sorti du lot, grâce à des morceaux très mélodiques, aux paroles pleines d'humour, plutôt courts (rarement les 3 minutes furent attteintes, ce qui, si j'en crois la rumeur, est très bien dans le monde punk, plus rarement dans la vie quotidienne), et plein d'une énergie détonnante, punk deux-temps hyper efficace.
Les Shériff, bien que toujours actifs (quelques concerts bien choisis ces dernières années), sont entrés dans la légnde du Rock'n'roll made in France. Le nombre de groupe qui les cite dans leurs influences en est une preuve, et les tributes en sont une autre.
Deuxième en date, Génération Shériff volume 2 suit le volume 1 (si, si, j'vous jure!), sorti en 2007, déjà sur le label Kicking Records. Cet hommage avait vu une vingtaine de groupes s'essayer à la reprise. On se rappelle encore de Tagada Jones et son "Jouer avec le feu", que l'on peut qualifier de très énervé.
9 ans après, M. Cu!, le boss de Kicking Records, récidive, et a réuni encore une seconde vingtaine de formations, issues de son écurie bien sur, mais pas seulement, pour rejouer l'exercice.
On regrettera l'absence de vidéo pour illustrer les propos, encore que, les groupes ayant chacun leur identité propre, il faudrait une vidéo par morceau... On posera (peut-être) la question, mais je doute fortement. Le mieux reste d'acheter l'album, non ?
Les Boulenvrac - (c) Léo Sourigues
Parce que dans génération Shériff Volume 2, il y a du lourd !
Alors évidemment, c'est une compil', donc chacun y trouvera son bonheur. Il y a du punk, du punk-rock tendance Oï, du rock tout simplement, du chaloupé dub-rasta, du seul-à-la-guitare-comme-à-la-plage, l'album est très multiple.
Mais on retiendra quand même la patate envoyée dès le début de l'album par les Boulenvrac, cette joyeuse bande du sud-ouest dont les mots-clés pour une recherche Google sont K-Way et J7... Rien de mieux que le "décollage immédiat" pour sonner la charge, et préparer l'oreille à une heure de gros rock qui envoie.
Car les suivants ne font pas dans la dentelle non plus. Dans la catégorie Tout A Fond, le nominé est indiscutablement Justine. Le combo nantais a réussi l'exploit de raccourcir "Ne Comptez Pas Sur Moi" à 1 minute 30 secondes, 20 secondes de moins que l'original, juste par le jeu d'une accélération du tempo. Tout ça en conservant l'esprit du morceau ben sûr, on n'est pas dans un concours de virtuosité non plus, non mais!
Catégorie Oï, Poésie Zéro a retravaillé "3,2,1... 0", et en a fait... Un morceau Oï, avec tous ce qui va avec. Pas de surprise, c'est efficace, c'est brutal. Peut-être pas le plus dans l'esprit Sheriff, mais l'essentel est-il de faire du Sheriff, ou d'interpréter un titre en y mettant sa sauce, plutôt abrasive dans le cas présent ?
Les Dirty Fonzy répondent à cette question avec une version de "+ de bombes" en mode bastringue, piano et banjo, qui s'écoute et se ré-écoute avec plaisir :
Pour le changement de style, les Two Tone Club et leur rythmique chalopée reggae-dub-ska nous propose une version de "Don't Make that Sad Face" toute en souplesse, petite boule de miel au milieu de cette folie furieuse, rafraîchissante à souhait. Coincée entre Poésie Zéro et Okploide, autant dire que cette page de douceur fait du bien au coeur, dont les pulsation commençaient à sérieusement s'envoler.
Dans les bonnes surprises (mais sont-ce réellement des surprises?), on appréciera Boum! et son "Arrête de miauler", pour son intro mielleuse, ou encore les québecois de La Gachette et leur punk-rock explosif, voire atomique (jeu de mot pourri, OK, les gugusses ont choisi "Génération atomique" pour s'exprimer...).
Et que penser de "Non, non, non", surf-punk à souhait, avec du sample du Dzondze (surnom du chanteur des Shériff, ndlr) plein partout dedans, qui sonne comme un tribute à lui tout seul ? Que du bien, tant l'esprit est là, et la réalisation, surprenante voire déroutante à la première écoute, devient évidente dès la seconde.
Coyote Mosquitos - Photo Fabien Dubois
Cet album est un bel objet. Ce n'est pas un hommage, les Shériff ne sont pas morts, loin de là, et encore heureux. Mais c'est un cadeau qu'ont fait tous ces groupes à quelques petits gars de Montpellier qui ont faittrember la planète rock, et qui ont laissé des traces indélébiles, pour notre plus grand plaisir.
Encore merci M. Cu! de nous proposer ce genre d'initiatives, et longue vie. Nous aussi on fera du bruit, même si on vient pas tous de Montpellier.