Jeff Beck – Loud Hailer

"ce disque donne envie de partir en vacances, de découvrir d’autres contrées, de revenir, d’apprécier ce qu’on a, de continuer d’apprendre, de vivre."

Loud Hailer, le nouveau Jeff Beck commence très fort, avec une précision d’enregistrement jusqu’à la poussière du crépitement des cordes pour l’intro de « The Revolution Will Be Televised », boum, 27 secondes, tout explose ! La guitare crache, la basse ondule, la batterie marche à deux pieds dans des rues larges. Une voix apparait, féminine, à peine éraillée, celle de Rosie Bones (chanteuse du groupe éponyme). Elle est accompagnée par sa propre guitariste Carmen Vandenberg et c’est leur producteur habituel, Filippo Cimatti, qui signe ce nouveau disque de Beck.

La 2ème piste rappelle des intonations à la Joan Jett (« I love Rock’n’Roll »), un poil plus suave façon Camille O’Sullivan. Les riffs écorchent, la ligne soliste sature et suit le chant. La batterie éclaire par à-coups, comme une lueur d’ampoule en rythme aidant à mieux vivre dans le noir (« Live in the Dark »). Quelque chose d’animal, de rugi, de soupiré, comme une jungle en pleine ville.

« Pull it » ajoute un côté électro, un circuit de moto, uniquement instrumental, avec ces lumières de néons, toujours, qui fusent le long de nos tempes.

« Thugs Club », presque conté, retrouve des élans métalleux côté guitares, de l’écho sur la voix, un pont surprenant avec une batterie à la Deep Purple, des tenues de notes planantes comme un aigle en plein cagnard.

On se repose avec une ballade en plein cœur de l’opus, « Scared for the Children ». Cette fois le phrasé fait penser à CocoRosie. Les arpèges calment l’esprit. La tierce sur la voix enchante. Les percu’ bercent et le pont laisse place à un solo de guitare sublime.

On repart « Right Now » sur du switch de grattes qui grincent de nouveau. A mi-chemin entre un blues heavy et un rap mélodieux, instruments et voix se mélangent avec écho et bourdonnements qui prennent un peu la tête, au casque en tout cas…

Jeff Beck, Loud Hailer, San Francisco

(Photo : Ross Halfin - Source : @jeffbeckofficial)

Et hop, re-ballade, re-balade, au milieu des fleurs, avec un petit côté rétro langoureux, sans « Shame ». On saute dans un autre temps, on se laisse séduire par une ambiance de film, de rencontre, quelque chose de désespérément romantique qui fait soit rêver, soit pleurer, selon l’humeur. Le vibrato s’en donne à cœur joie. Ca parle de « devil », de « know my name ». Pourtant rien à voir avec les Stones.

« Edna » emballe illico presto. La guitare la plus aigue devient mouette, la ligne principale réveille le soleil. Une seule minute pour ce levé à l’horizon, ça laisse sans voix, d’ailleurs on n’y chante pas.

Dong dong dong, au suivant ! « The Ballad of the Jersey Wives » éraille un peu plus la chanteuse. « Bang ! Bang ! Bang ! », décidément, que ce soit guitare ou chant, on tape à la porte. Laissez entrer qui vous voudrez.

Piste 10, Ô surprise, on part dans du funky avec « O.I.L. (Can't Get Enough Of That Sticky) », surprenant, presque tâche (d’huile) au milieu du reste, avant de se rattraper avec le titre final « Shrine », enchanteur. Bulle de poésie pour clôturer ce disque qui donne envie de partir en vacances, de découvrir d’autres contrées, de revenir, d’apprécier ce qu’on a, de continuer d’apprendre, de vivre. Quelque chose de l’ordre de l’espoir. Quelque chose de joli.

Flora Doin

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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