"Le petit défaut que l'on peut reprocher à ESTHER, c'est peut-être de proposer un 5 titres pensé à l'extrême"
Les anglais font toujours tout mieux que nous en rock, c'est bien connu. Esther nous vient du Kent, soit le sud-est de la perfide Albion, et proposent un rock influencé par les ténors modernes que sont Muse, Coldplay, Foals, Linkin Park ou Enter Shikari. On peut donc s'attendre à ce que ce premier EP propose un son résolument moderne, ce qui se confirme dès le premier titre. "As One" est particulièrement bien troussé et fera de l'oeil à tous les non allergiques aux grosses mélodies, d'autant plus que la production est au diapason. Le rendu est en effet très pro, ça sonne, le son est touffu, et on a beau avoir affaire à un premier EP, cette production de qualité est un témoignage certain des ambitions du quatuor et du sérieux avec lequel ils considèrent leur aventure.
Bien sûr, la meilleure production du monde ne remplacera jamais de bonnes compositions. Mais ici aussi, Esther s'en tire avec les honneurs, même s'il n'échappe pas à un relatif manque d'originalité, en particulier quand on connaît ses influences principales, qui se retrouvent parfois un peu trop ici ou là ("Reign"). Rien toutefois qui empêche ces 20 bonnes minutes de musique de convaincre.
De l'énergie, un très gros travail sur les arrangements (cette introduction toute en douceur de "Our boats will moor up again"), des mélodies simples mais efficaces, et surtout une interprétation sans failles sont les principales qualités qui sautent aux oreilles de l'auditeur. Les compositions sont raisonnablement variées, même si l'on regrette un peu qu'aucun des 4 autres titres ne retrouve l'efficacité du single "As one". Enfin, Jack Kinden a une voix agréable, avec un timbre assez typique de ce genre de rock, qui se marie bien avec le reste.
Peut-être trop bien ? Le petit défaut que l'on peut reprocher à ESTHER, c'est peut-être de proposer un 5 titres pensé à l'extrême, d'où rien ne dépasse, et où si peu surprend. Agréable à l'écoute, magnifiquement enregistré et interprété, Overthrone ne surprend pas beaucoup et ne laisse finalement que peu de souvenirs. Bien sûr, les amateurs du genre trouveront ici largement de quoi se sustenter, mais pour les autres, ce sentiment de trop peu, de belle coquille vide, si l'on force le trait, ne pourra s'effacer tout à fait. Pas de quoi faire un procès d'intention pour autant, mais malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver pour le groupe à l'écoute de ce qui reste un bon EP, agréable à l'écoute, d'un point de vue strictement créatif, le quatuor devra sans doute franchir un palier pour pleinement convaincre le long d'un album entier. On verra bien.