Chouette affiche que nous propose WeCare Booking en ce mois d'août, sur une péniche solidement (et heureuseent d'ailleurs) arrimée à un quai parisien.
Délicieusement Ska-Punk, l'affiche est prometteuse : The Interrupters, dont le dernier album a été outrageusement plébiscité par votre serviteur (voir le lien vers la chronique plus bas), précédés de Authority Zero, autre groupe de punk US, eux-mêmes précédés par les Frenchies de The Mercenaries.
Il fallait bien ça pour quitter les espaces verts et autres terrasses, et venir s'entasser dans une cale chauffée à blanc. Pas de regrets, le jeu en vallait bien la chandelle.
The Mercenaries
Lorsque les parisiens de The Mercenaries se présentent sur scène, il est encore un peu tôt. La fosse est quasiment vide, le Petit Bain se remplit doucement, et c'est donc sans la foule des grands soirs mais avec un enthousiasme réel que le show commence.
The Mercenaries annoncent la couleur et proposent un enchaînement ska-punk très plaisant, bien servis par une qualité de sonorisation fort agréable.
Toutes les variations du style y passent, soit en piochant vers le rock-steady beat, soit en retournant vers un punk plus brut, en allant même piocher vers le dub.
A force d'enthousiasme et de persuasion, The Mercenaries va réussir à conquérir le public et déposer une deuxième moitié de set devant une fosse cette fois bien pleine. Après une reprise des Ramones (qui fait toujours son petit effet) et un final plus rock, The Mercenaries prendront congés. Ils ont visiblement passé un bon moment, nous aussi.
Pour creuser le sujet, la page Facebook du groupe est ici.
Et pour vous donner une idée, ci-jointe une vidéo (pas forcément de super qualité, mais bon...), qui date d'un passage en 2014, toujours au Petit Bain :
Authority Zero
Après une pause bien méritée, changement de style, on oublie le côté nonchalant reggae, et on envoie les watts : les américains de Authority Zero viennent de monter sur scène.
Entre skate-punk et reggae (si, si, il y en a un peu), le style de Authority Zero n'est pas classifiable.
Certes, le groupe envoie son punk-rock tendance skate bien droit, et le public, cette fois bien massé dans la fosse, répond présent. Mais le groupe sait être très déroutant.
Lorsque Jason DeVore prend une guitare sèche, qu'il conservera une paire de morceaux, on change de monde, et on va vers les grandes plaines américaines, on écoute du bon gros rock, qui gratte un peu plus que la moyenne derrière les esgourdes, mais on est loin du punk-rock rageur qui a précédé.
Et lorsque la guitare sèche part se reposer, c'est pour un morceau bien reggae...
Mais le tout est envoyé avec tellement de sincérité que ces changements de direction passent avec une souplesse digne d'un amortisseur Citroen.
Un dernier retour vers le rock énervé, avec circle pit intégré (pour l'anniversaire de Manu, de WeCare, bon anniversare Manu!), et le set se conclut avec ce petit goût de trop-peu qui nous rappelle qu'on a passé un très bon moment.
Et pour voir ce que ça donnait, une petite vidéo, tirée d'un autre concert certes, mais on fait ce qu'on peut, hein!
Pour suivre Authority Zero dans leur tournée européenne (et après), le mieux reste la visite de leur page Facebook, en cliquant ici.
The Interrupters
Le temps d'un changement de plateau, et d'un rafraîchissement légèrement houblonné, Aimee et les 3 frères Bivona déboulent dans la cale du Petit Bain. The Interrupters sont sur ON, la foule se presse, se compresse, bouge dans tous les sens, la Punky-Reggae Party annoncée est bel et bien là, et dès le début: Pas de round d'observation, la patate arrive.
The Interrupters sortent d'une tournée marathon (une quarantaine de dates en deux mois) à travers les Etats-Unis (Vans Warped Tour, festival itinérant de sport extrême accompagné de concerts), et pour notre plus grand plaisir c'est en Europe qu'ils sont venus se reposer, même si le repos n'est pas vraiment d'actualité. Mais les quelques concerts disséminés sur le vieux continent ne sont rien à côté de ce qui les attend de retour aux USA : Une nouvelle tournée, avec pas moins de 38 concerts en deux mois, et ce aux quatre coins du pays de l'Oncle Sam qui, s'y on en croit la légende, est un peu plus grand que l'île de Noirmoutiers...
Tout ça pour dire que, malgré la fatigue, The Interpreters sont chauds comme la braise. Le concert est super rodé (tu m'étonnes, après cette tournée...), les morceaux s'enchaînent à vitesse grand V, dans ne ambiance beaucoup plus ska et moins punk que l'album Say It Out Loud, sorti en juin dernier. Il faut dire que la production de ce dernier, supervisée par Tim Armstrong (Rancid), est particulièrement puissante, avec des guitares empilées sur-saturées, et qu'il est difficile de retrouver cette force sur scène.
Mais ceci n'est qu'un détail technique, et la technique et bien ce n'est pas le sujet! Aimee et les frères Bivona sont venus prendre du plaisir, et ils vnt en prendre. Durant tout le concert, l'esprit club du Petit Bain fonctionne à plein, et une relation très forte se lie entre les 4 sur scènes et les quelques centaines de personnes de la fosse. Ca pogote gentiment, quelques slams, un peu de circle pit, une agitation somme tute normale. Et la générosité de The Interrupters fait le reste.
Preuve de cette ambiance très famille, Aimee n'hésite pas à interrompre le concert le temps qu'un spectateur un peu trop enthousiaste retrouve ses lunettes au beau milieu de la fosse. Les retrouvailles sont saluées par un "I can see clearly now, the rain is gone..." de la part de Kevin Bivona, pour qui les classiques de Jimmy Cliff n'ont visiblement pas de secret!
Autre signe d'un concert super chaleureux, le show s'arrête une nouvelle fois pour célébrer Manu de WeCare Booking, organisateur de la soirée, qui fête son anniversaire. Tout y passe, en version US, en version française, on a même entendu des versions dans des langues assez complexes. Cme à la maison!
Mais n'oublions pas l'essentiel : The Interrupters en concert, c'est avant tout 4 musiciens qui connaissent le boulot, et qui jouent. Malgré le rythme de feu, aucune faiblesse durant le show, on s'en est pris plein les oreilles. Les morceaux du dernier abum y sont (presque?) tous passés, ainsi que quelques morceaux plus anciens. Ska-Punk, oui, vraiment, des habits de scène tirés à quatre épingles (et qui ne finiront pas en chiffon informe, les cravates resteront nouées jusqu'au bout, saluons l'exploit, en plein mois d'août...), guitare ultra-syncopée, lignes de basses roulantes, batterie puissante, on a le droit à une leçon de musique.
Le concert se finit (déjà?) avec la tradtionnelle photo du groupe devant le public. Petit clin d'oeil, cette photo (postée sur le site Facebook du groupe) a été prise avec The Interrupters qui déploient un drapeau français, portant leur logo. La symbolique du drapeau n'étant pas la même chez nous que aux USA, quelques voix se sont fait entendre, mais l'esprit était clairement à la fête, et personne ne s'y est trompé.
22:30, il est l'heure d'aller prendre une bière sur le pont, les yeux rivés sur la Seine, la tête encore pleine d'images et de sons... Quelle belle soirée...
Merci à WeCare Booking.
© photos Rodolphe Goupil