Clutch scène de l’industrie 20h55-21h50
Les concerts s’enchaînent, cela se termine à un endroit et ça démarre ailleurs. Damian Marley, le fils de Bob balance son reggae dancehall sur la deuxième scène en terme de taille, la Cascade, et devant un parterre archi plein. Je regarde de loin sa prestation mais je ne peux m’y intéresser trop longtemps. La raison est simple. La prestation des énormissimes Clutch sur la scène de l’Industrie va débuter dans une demi-heure alors je décide tout simplement après 30 minutes de good vibes d’aller me coller à la barrière tant qu’il en est encore temps. J’ai de la chance, j’arrive à mes fins facilement en me plaçant par prudence sur le côté droit de la scène et non pas au milieu. Quelque chose me dit que le tsunami va arriver et que cela va secouer bien fort. Je suis heureux d’être là, très heureux même. Clutch est tout simplement un groupe que j’adore et cela depuis quelques années. C’est tout simplement le concert que j’attendais le plus sur cette édition 2016.
Le groupe vétéran s’est formé en 1990 dans le Maryland et depuis leur premier album sorti en 1993, ils ont enchainé les albums et les tournées. Clutch dispose d’une très grosse base de fans aux Etats-Unis mais en France, on se réveille seulement depuis 2013 grâce à l’album Earth Rocker. Ce dernier est un disque énorme, brillant, au contenu remarquable de groove, d’énergie folle, de blues, de rock, de stoner qui nous aura offert à sa sortie des morceaux parfaits et taillés bien évidemment pour le live. En fin d’année dernière, ils sont revenus avec Psychic Warfare, leur 11ème album studio et devinez quoi, il est du même niveau. Pour preuve de leur récente notoriété chez nous, ils ont joué au Trabendo à Paris dans la foulée et devant une salle pleine à craquer. Je vous annonce d’ailleurs Messieurs Dames, amis rockeurs que le groupe reviendra en France en décembre pour deux dates exceptionnelles. Notez-le bien dans votre agenda. Cela se passera le 07 décembre à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand et le 13 au Trianon à Paris.
Parlons maintenant de leur prestation. Neil Fallon, chanteur/guitariste qui joue de l’harmonica et du clavier parfois, Tim Sult le guitariste, Dan Maines le bassiste, Jean-Paul Gaster à la batterie débarquent devant nous et les clameurs du public, les hurlements de joie se font entendre. C’est blindé de monde et vraiment, ça fait plaisir à voir. Enfin, je dis enfin car Clutch après tant d’années à parcourir le monde se retrouve face à un succès grandissant chez nous en France et c’est tellement mérité. C’est donc la première fois que les américains sont programmés à Rock en Seine. On est vraiment tous chauds comme la braise et elle va maintenant s’enflammer. Pour ne pas en effrayer certains et faire rentrer en douceur ceux qui ne connaissent pas ce monstre de rock blues sévèrement burné, ils démarrent par une reprise blues "We Need Some Money" d’un très vieux groupe Chuck Brown & The Soul Searchers. C’est parfait pour commencer et ce choix stratégique est bien pensé. Ils continuent dans cette lignée avec un deuxième morceau "Gravel Road" extrait de l’album Robot Hive/Exodus légèrement plus enlevé.
Ils enchaînent alors sur le troisième titre, "Immortal", tout droit sorti de l’album Pure Rock Fury (2001) et c’est à ce moment-là que la tornade va commencer ses ravages et tout fracasser sur son passage. Elle ne s’arrêtera qu’à la fin du set après le 13ème et dernier morceau et 55 minutes de folie et de bonheur absolu. Le quatrième titre, "A Quick Death in Texas", nous permettra d’entendre le premier extrait de leur petit dernier Psychic Warfare. Au menu, Fallon and co vont interpréter 5 chansons surpuissantes de celui-ci. Le rythme est très soutenu et très enlevé sans aucun temps mort. Les garçons donnent le meilleur d’eux-mêmes, ils se savaient très attendus et donc forcément, ils n’avaient pas envie de se rater. En même temps, je n’ai jamais assisté à un mauvais concert de Clutch. J’ai plutôt toujours vécu des concerts monstrueux de leur part et encore une fois, ce soir, c’est la claque. Chaque musicien joue à la perfection et ils nous jettent à la gueule une leçon de rock surpuissant et de maîtrise. L’ambiance est incroyable. Les pogos sont énormes et certains d’entre nous doivent être surpris de l’intensité du show et de l’énergie globale du groupe et de son public. On slamme, on bouge à donf et les agents de sécurité ont clairement du boulot.
Comme je vous le disais au début, j’ai vraiment bien fait de me placer là où je suis, solidement cramponné à la barrière. Rayon claque, on nous servira "the Face", unique extrait d’Earth Rocker plus trois titres du fantastique Blast Tyrant, les cultissimes, "The Regulator", "The Mob Goes Wild", "Cypress Grove" qui nous permettront d’atteindre le sommet de l’Everest et on finira à genoux sur un autre classique "Electric Worry/One Eye Dollar", seul extrait du très bon From Beale Street to Oblivion, un de mes albums préférés de leur brillante et riche discographie. Pas de blah blah, peu de mots échangés mais des remerciements sincères, le groupe a visiblement pris son pied ce soir et nous aussi assurément. On ressort de ce concert de très haut vol heureux, même carrément excité et on a déjà hâte d’être en décembre pour les revoir dans cette magnifique salle du Trianon à Paris ou à Clermont-Ferrand à la Coopérative de Mai. Croyez-moi, que cela soit chez moi à Paris ou dans ma ville qui m’a vu naitre, l’Auvergnat que je suis et passionné de Rock sera de la partie à l’un ou l’autre, c’est une évidence. Clutch aura marqué ma journée au fer rouge alors vivement la suite…
Crédits photos : Olivier Hoffschir