OUI ! Inutile de me crier dessus, J'avoue ! Lorsque j'ai lu, acolée à l'annonce du concert de The divine comedy, la mention "acoustique", j'ai eu de la peine à demeurer aussi flegmatique que la reine mère à Buckingham, devant une relève de la garde, constituée de castors affublés de bonnet en peaux de britons… Tout de même, qu'est ce qu'il leur a pris chez Pias Nites ??? Neil Hannon, the king of the orchestral pop, le fils vraiment spirituel de Scott Wilson et de Burt Baccarach, le monomaniaque des arrangements luxurieux… en ACOUSTIQUE ? A l'intérieur, le doute m'habitait donc furieusement et allait même jusqu'à me gratter le fond de la glotte… Mais La Maroquinerie est à deux pas de mon logis et accessoirement ma salle favorite ; il convenait donc de ne pas jouer les septiques et encore moins les amis absents…
Car entre Neil Hannon et mézigue, c'est une "old story" qui date des années 1990 ; je lui serais à jamais redevable de son "Casanova". De par son contenu riche en mélodies pop mais pas crétines, mais aussi pour sa pochette où il prend une pose de irish lover, ray-ban et cheveux aux vents à bord d'un vaporetto. Cela m'avait convaincu que l'on pouvait être un "short guy" et un séducteur patenté. Enfin, c'est pas parce qu'on a la patente que l'on fait forcément du chiffre… "Et le live report dans tout ça, vieux gâteux ??" Et oh, ça va… Faut prendre son mal en patience, à l'image de la file d'attente que nous formions de la Maroq', qui s'étirait à l'angle de la rue de Ménilmuche… Un jeune homme, aux yeux de cocker neurasthénique et pourtant fort décemment vêtu, nous accostait en brandissant une pancarte sur laquelle il était inscrit "Cherche place. 80 euros". Ah oui, quand même, c'est qu'il a son petit succès en France, le père Neil… Passées les papouilles de rigueur et autres palpations du sac à main, nous nous entassons tous et toutes dans la salle en sous-sol, transformée pour l'occasion en sauna maousse.
En guise d'échauffement, nos joyeux GO de Pias nous avait gratifié de la chanteuse folk - et néanmoins irlandaise - Lisa Hannigan. Comment dire - si je me puis me le permettre sans passer pour un sexiste de bas étage - ce n'est pas ça qui a fait baisser la température… La jeune irlandaise est splendide et sa voix pure, cristalline. Un enchantement. Je me suis senti comme un leprechaun - la barbichette à la Robert Hue en moins, faut pas pousser -, tombé raide sous le charme par la beauté de cette fille de l'Eire. Elle n'en manqua point ; allant même jusqu'à nous offrir, très émue par l'accueil de la salle, un superbe morceau a cappella.
Lorsque il rentre sur scène accompagné de ses musiciens, Neil Hannon se juche sur un tabouret, guitare en bandoulière et nous balance d'entrée l'un de ses plus beaux titres "Absent friends". A l'écoute de "How can you leave" tiré de "Foreverland", son nouvel opus fraîchement sorti, je m'attendais à ce qu'il sacrifie à à la release party. Que nenni, c'est mal connaître notre homme qui depuis plus de vingt cinq ans, refuse de se plier aux modes éphèméres… Il enchaîna directement avec "Alfie" l'un de ses vieux succès et un hommage au film éponyme, (dont le héros était incarné par un jeune et fringuant Michel Caine, merci Monsieur Cinéma…). "Foreign légion", mélodie années trente et un des rares titres du dernier album qui peine à me convaincre, trouve lui toute sa place dans cette formule en acoustique. A l'inverse, sur "To the rescue" en revanche, cuivres et cordes manquent à l'appel…
Après nous avoir glissé trois autres anciens titres, Neil Hannon prend le risque d'interpréter seul le duo "Funny particuliar" ; là aussi le contre-point assuré sur l'album par sa compagne Cathy Davey, fait un peu défaut mais ça passe quand même. Car on lui pardonne tout à notre irlandais favori ; pour ses talents de songwriter et surtout pour son humour pince-sans-rire et sa gentillesse sarcastique. A la groupie qui lui crie son amour inconditionnel, il répond "Why ? I make so many mistakes !" et il accède sans broncher à la requête d'un autre qui lui réclame "bad ambassador", pourtant pas prévu dans la setlist… Neil Hannon, concluera son set par deux de ses plus beaux morceaux "National express" et "Tonight we fly" et succombant aux suppliques du public parisien, reviendra tout seul à la guitare pour entonner "Your daddy's car". Un titre de "Liberation" son premier opus, histoire de donner un coup de chapeau melon aux nombreux "old fans" présents ce soir là à La Maroquinerie ?
Un grand merci à Robert GIL pour les photos !
Setlist
Absent friends
How can you leave
Alfie
Foreign legion
Songs of love
Lady of a certain age
Assume the perpendicular
Funny particuliar
Catherine the great
Indie disco
Bad ambassador
National express
Tonight we fly
Your daddy's car