« F.E.A.R. est un album de protestation, en tout cas sur le plan des paroles »
Quelques jours avant la sortie de F.E.A.R (lire notre chronique ici), le dix-huitième album des Anglais de Marillion, La Grosse Radio s’est entretenue avec Steve Rothery, son guitariste et membre fondateur. Ensemble, nous sommes revenus sur le processus de composition de l’album, ainsi que les thèmes véhiculés au sein des compositions du quintet. Nous avons pu également questionner le guitariste sur ses projets personnels ainsi que sur les concerts à venir, en France, mais également dans le cadre des Marillion Week-end. Entretien avec la force tranquille du combo progressif.
Bonjour Steve et merci à toi de nous accorder cet entretien.
C’est un plaisir !
Nous sommes ici pour parler de F.E.A.R., le dix-huitième album de Marillion. Après une aussi longue carrière, est-ce toujours facile pour vous de trouver des sources d’inspiration et de motivation pour composer ?
Je pense que oui. Ce qui est merveilleux avec ce groupe c’est qu’après 18 albums, nous avons toujours cette alchimie incroyable pour composer. Quelquefois le processus créatif prend un peu de temps à démarrer, mais une fois que nous sommes lancés, c’est un flot constant d’idées qui sort. Sur cet album d’ailleurs nous n’avons pas tout utilisé et il y aura certainement des choses que nous pourrons redévelopper pour un prochain opus.
Une nouvelle fois vous avez eu recours à une campagne de pré-commande pour financer l’album. Vous êtes d’ailleurs connus pour avoir été l’un des groupes à l’origine du crowdfunding. Es-tu fier de voir qu’aujourd’hui de nombreux groupes ont recours à cela pour pouvoir être créatifs en toute indépendance ?
Bien entendu ! Aujourd’hui je pense que c’est un moyen très important pour que les artistes prennent le contrôle de leur carrière et puissent se donner les moyens de faire la musique qu’ils souhaitent, et surtout sans avoir à signer sur un label et être exploités par ce dernier. Je pense que c’est la voie de l’avenir.
Et pour Marillion ? Penses-tu que vous procéderez toujours de la sorte à l’avenir ?
Oui, cela n’aurait pas de sens pour nous de fonctionner différemment et de signer avec un label. D’autant plus qu’actuellement, il n’y a plus que des gros labels qui ne nous correspondraient pas. Et avec les revenus qui sont générés par nos campagnes de crowdfunding et notre fan-base incroyable, nous n’avons plus besoin de fonctionner autrement. Nous avons le contrôle sur absolument tout. Cela a tellement plus de sens pour nous.
Le nouvel album, F.E.A.R., semble être plein de colère du point de vue des paroles, notamment dans la chanson « The New Kings », lorsque Steve Hogarth chante « Fuck Everyone And Run ». Pourtant, le tout début du titre « El Dorado » qui ouvre l’album semble plein de quiétude et m’évoque d’avantage l’ambiance apaisée d’un cottage anglais…
Oui, c’était l’idée justement. Nous avons tenté de mettre en musique cette ambiance paisible qui n’existe en réalité que dans l’esprit des gens. Mais en même temps, c’est aussi pour annoncer la tempête qui suit avec le vent du changement qui souffle partout autour du monde. Toutes les paroles de l’album ont été écrites par Steve (Hogarth NDLR) il y a environ sept ans. Etant donné l’actualité, on peut dire qu’il a été un peu comme Nostradamus (rires). « El Dorado » évoque la désillusion que l’on peut ressentir en tant qu’Anglais, par rapport aux événements qui ont eu lieu depuis la guerre en Irak et l’alliance de Tony Blair et de George Bush. Toutes ces choses qui sont arrivées et qui ont entraîné les nombreux problèmes auxquels le monde d’aujourd’hui est confronté. Je pense que les paroles évoquent ce sentiment de honte qui nous habite depuis ces événements. Et nous sommes totalement en accord avec ces paroles au sein du groupe. Quelque part, cela fait écho aux thèmes que Steve a déjà abordé avec « Gaza », sur l’album précédent. Mais c’est vrai que F.E.A.R. est un album de protestation, en tout cas sur le plan des paroles. Avec « El Dorado » et « The New Kings », c’est un message assez puissant que nous envoyons.
A propos de ces chansons, vous avez toujours écrit des titres longs et épiques, particulièrement depuis Marbles (2004). As-tu l’impression de terminer une sorte de cycle entamé depuis cet album ?
Je ne sais pas. C’est juste un aspect de ce que nous faisons. Si nous abordons un grand thème, d’un point de vue musical ou textuel, parfois il faut du temps pour le développer. Ce serait dommage de condenser quelque chose qui a besoin de temps pour prendre tout son sens. La durée d’un titre vient naturellement. Parfois, une chanson pop courte suffit, alors que d’autres fois, un titre a besoin de seize minutes pour grandir et se développer. Nous avons tenté de développer nos idées qui provenaient de jam et d’improvisation, avons construit des choses autour du cœur du titre. Puis les choses ont grandi simplement. C’est un procédé particulier, mais je crois qu’il fonctionne bien chez nous.
C’est donc venu simplement car cela fait partie de la « patte Marillion ».
Oui, exactement. Qui sait, peut-être que le prochain album aura une approche encore plus cinématographique ou bien il aura huit ou dix chansons courtes.
Quand vous écrivez ces chansons longues et complexes, pensez-vous également à la façon dont vous ferez l’adaptation live de ces morceaux ?
Non (rires). Autrement, on s’empêcherait de faire pas mal de choses ! (rires). Nous avons déjà joué « The New Kings » en live au cours de quelques festivals cet été…
Oui, notamment à Barcelone où il a été joué pour la première fois !
Exactement. Nous avons d’ailleurs eu droit à une standing ovation à l’issue de ce morceau ! Pour moi, cela a occasionné beaucoup de travail, notamment pour retranscrire chaque note et chaque mélodie en respectant les arrangements. Cela demande beaucoup de concentration. Et lorsque nous jouerons en Amérique du Nord au début du mois prochain, il y a des chances que l’on interprète également « El Dorado » et peut être « Living in Fear ». Donc cela va me donner pas mal de travail quand je serai de retour chez moi, pour les retranscrire fidèlement sur scène.
Vous avez enregistré une fois de plus votre nouvel album aux Real World Studios de Peter Gabriel. Tu y as déjà gravé ton album solo ainsi que Sounds That Can’t be Made…
Oui, c’est un endroit incroyable. Dans un premier temps, nous avons beaucoup travaillé dans notre studio, le Racket Club. Mais quelquefois, c’est bien d’en sortir car sinon ton attention est vite accaparée par plein de petites choses du quotidien. Le Racket Club studio est situé à quelques minutes de là où nous vivons et c’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Car parfois tu n’arrives pas à trouver un bon rythme de travail et tu es vite rattrapé par beaucoup de choses, comme par exemple les factures à payer ou ta femme qui t’appelle pour te dire qu’il y a un problème avec le lave-vaisselle à la maison ! (rires). Quand nous sommes au Real World, nous pouvons travailler dix heures par jour dans un endroit très inspirant.
Vous avez en quelque sorte trouvé votre studio Abbey Road à vous !
Oui on pourrait dire ça ! Financièrement, nous ne pouvons pas nous permettre d’y passer trois mois complets, soit à peu près la durée que la conception complète d’un album nous demanderait. Mais pour une semaine c’est parfait !
Penses-tu que c’est également un moyen de sortir de votre zone de confort ?
Je ne sais pas vraiment. Tu sais, au Real World studio, ce qui est intéressant c’est que contrairement à beaucoup de studios, la salle d’enregistrement et la salle de contrôle sont fusionnées. Ainsi, la communication est plus facile, et d’un point de vue sonore, les conditions sont incroyables. Etant donné la façon dont nous travaillons, cela nous correspond parfaitement. Beaucoup de chansons y ont été finalisées, notamment « White Paper » ou certaines sections d’ « El Dorado » ou de « The Leavers ». Elles n’ont pu être créées qu’après avoir passé du temps aux Real World.
Cette fois, Steve Hogarth a écrit toutes les paroles et c’est peut-être une question que j’aurais dû lui poser directement. Depuis Seasons End, certains thèmes sont récurrents comme l’urgence écologique, les crises sociales ou encore certains sujets politiques comme ceux abordés dans « Gaza ». Penses-tu qu’il soit plus à l’aise avec ces thèmes sérieux que sur des chansons plus légères ?
Je pense que tout dépend des choses qui lui arrivent et qui l’affectent au moment où il écrit. Par exemple, sur cet album le titre « White Paper » est une chanson très personnelle. Je ne dis pas qu’elle est autobiographique, mais il a tendance à beaucoup écrire en fonction de ce qu’il ressent, qu’il s’agisse de sujets politiques, d’injustice ou encore des questions d’immigration. Tout dépend de ce qui lui arrive d’un point de vue personnel, je pense que c’est comme cela qu’il fonctionne.
Est-ce important pour Marillion d’aborder ce genre de sujets ?
Je pense que c’est une bonne chose dans la mesure où l’on ne s’érige pas en prédicateurs et qu’on ne dicte pas aux gens ce qu’ils doivent penser.
Oui, vous n’êtes pas un groupe de punk !
(rires) Oui ! On essaye juste de pousser les gens à s’intéresser à certains sujets en ouvrant des portes. On les pousse à penser aux implications que peuvent avoir certaines choses auxquelles ils ne prêtaient pas attention.
Une fois de plus on retrouve sur cet album tes soli de guitare très épurés et plus axés sur l’émotion que sur la technique, comme sur « The Jumble of Days », une sous-partie de « The Leavers ». Comment les composes-tu ? Sont-ce des phrasés que tu improvises jusqu’à trouver des thèmes musicaux qui te plaisent ?
Oui. Tous les soli de guitare sur cet album sont improvisés. Certaines fois, il s’agit de sections entières que j’avais enregistré par le passé, parfois elles remontent même à il y a trois ans. Notre producteur Mike Hunter arrive à retrouver les accords d’accompagnement et nous jammons à nouveau dessus. Ainsi, un morceau peut être composé de passages qui ont trois ans et d’autres qui ont été composés au début de l’année. C’est une sorte de patchwork de différentes parties musicales.
Sur un autre sujet, je sais qu’avant de composer Sound’s That Can’t be Made, il y a eu de nombreuses tensions au sein du groupe !
Oh oui ! (rires)
L’année dernière, Steve Hogarth et toi-même avez pris chacun du temps pour faire des concerts en solo. Etait-ce un moyen d’éviter que cela ne se reproduise en vous concentrant sur d’autres projets que Marilllion ?
Peut-être, mais tu sais, c’est toujours compliqué d’attaquer la composition d’un nouveau Marillion car on ne sait jamais le temps que cela va nous prendre. Et puis, c’est important de se lancer dans de nouvelles choses dans la vie, surtout que jusqu’alors Marillion nous avait toujours pris tout notre temps. On essayait alors de construire d’autres projets, en y consacrant quelques semaines par ci et quelques jours par là. On a donc la possibilité ponctuellement d’essayer d’autres choses, comme j’ai pu le faire avec mon album solo (The Ghost of Prypiat, sorti à la fin de l’année 2014 NDLR). Puis nous avons la possibilité de faire quelques concerts de temps en temps. Pete (Trevawas, bassiste de Marillion NDLR) prend également un peu de temps pour lui et de mon côté j’ai déjà trois shows de prévus en Allemagne et en Pologne et quatre au Royaume-Uni. D’ailleurs j’aimerais bien revenir à Paris pour donner un autre concert en solo si le temps me le permet.
Est-ce que le fait de jouer dans des salles plus petites et à l’ambiance plus intimiste lors de tes projets solo pèse dans la balance ?
Oui, mais quand on se lance dans une tournée en solo, on ne peut pas espérer remplir les mêmes salles qu’avec Marillion. Mais c’est important que la salle soit bonne et possède une vraie atmosphère, comme c’était le cas à Paris à la Maroquinerie. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs concerts dont je me souvienne, car on a pu ressentir toute la passion et l’énergie du public, et c’était phénoménal. La capacité de la salle n’est pas si importante que cela si c’est un bel endroit pour jouer. Je préfère largement jouer dans un bon petit club que dans une grande salle qui craint ! (rires).
Avec Marillion vous avez toujours entretenu une relation très spéciale avec le public français. Vous allez d’ailleurs redonner votre premier concert à l’Elysée Montmartre depuis la réouverture de la salle suite à un incendie. A quoi peut-on s’attendre ?
Les concerts que nous avons donnés là-bas dans le passé ont toujours été très bons. Je pense que ce sera un beau moment de musique et une fête avec le public, où nous pourrons présenter les nouveaux titres. D’ailleurs, nous avons hâte car les premiers retours que l’on a de la part de la presse sont excellents. Je ne doute pas que ce sera une très belle soirée ! D’autant plus que nous gardons tous en tête les événements tragiques qui ont eu lieu il n’y a pas si longtemps que cela à Paris. Je pense qu’il y aura beaucoup d’émotion et que ce sera très poignant de rejouer en France.
Avec 18 albums studios, comment parvenez-vous à établir les setlists, sachant que vous êtes connus pour en changer assez régulièrement ?
Oui, nous essayons de les faire varier et généralement cela génère des grands débats entre nous. Nous essayons de garder la même sur un ou deux concerts et puis de changer quelques titres. Mais je pense que nous aurons une bonne idée de ce que nous jouerons suite à la tournée nord-américaine. Nous verrons ce qui fonctionnera sur scène.
Y a-t-il des chansons que personnellement tu n’aimes plus jouer sur scène ?
Le seul titre que je n’aime pas à titre personnel mais que je serai obligé de jouer au prochain Marillion Weekend (une convention qui a lieu tous les deux ans, et au cours de laquelle le groupe joue trois soirs de suite au même endroit NDLR), c’est « Interior Lulu ». C’est étrange car j’aime beaucoup la chanson, mais la première partie… Je n’arrive jamais à l’interpréter fidèlement et cela génère beaucoup de frustration chez moi ! Mais une fois que cette partie est passée, je me dis « Ah ça y est, voici le passage de la chanson que j’adore ! » (rires). Mais je pense que c’est peut-être la seule aujourd’hui. Il y a aussi « Hope for the Future » qui n’a jamais fonctionné sur scène. Car en studio il y a cette section rythmique brésilienne qui est incroyable mais que l’on n’arrive pas à recréer en live. Nous l’avons joué récemment à Sao Paolo au Brésil, spécialement pour l’occasion et on pouvait sentir le public qui se demandait « mais qu’est-ce qu’ils essayent donc de faire ? » (rires). Car elle ne marche pas du tout ! (rires).
Au contraire, de quelle chanson ne te lasses-tu pas et pourrais-tu jouer soir après soir ?
Aucune car c’est bien de varier ! Certaines font partie des préférées de notre fan-base, comme « The Invisible Man ». Mais il ne faut pas que le public s’attende à ce que nous jouions toujours les mêmes titres.
L’année prochaine, il y a une nouvelle convention Marillion de prévue, sauf que cette fois elle n’aura pas lieu à Montréal (en plus des dates prévues en Angleterre et en Hollande). Pour la première fois, les Marillion Week end auront lieu également en Pologne et au Chili. Pourquoi ce choix ?
Lors de la dernière convention à Montréal, le public était comme toujours fantastique. Mais cela a été difficile pour nous de faire ce concert là-bas d’un point de vue financier, notamment en raison du taux du dollar canadien. Cela nous a couté assez cher. De plus, ces dernières années, nous nous sommes concentrés sur l’Amérique du Sud et nous avons senti que c’était un bon moyen de consolider notre relation avec ce public. Le concert que nous avons donné à Santiago du Chili était l’un de nos meilleurs avec 3000 personnes qui connaissaient chaque note sur le bout des doigts.
Est-ce que tu parles du concert que vous avez sorti en CD live sous le nom Chili in the Time of Year ?
Non, celui-ci correspond au précédent que nous avions donné là-bas ! Mais nous avons également enregistré le dernier, et il sortira probablement aussi. C’est un public fantastique et géographiquement, le Chili est assez proche pour attirer les fans brésiliens et argentins.
L’année dernière tu as sorti « Postcards from the Road », un livre de photographies que tu as prises en tournée depuis tes débuts avec Marillion. Peux-tu nous en parler ?
Il s’agit du premier volume, puisque mes photos ne tenaient pas dans un seul livre. Il y en aura trois en tout. Cela m’a pris 16 ans pour enfin sortir ce livre ! (rires). Je possède des centaines de photos que j’ai dû scanner. Au début je ne comptais sortir qu’un seul ouvrage avec mes plus belles photos mais j’ai finalement pensé que cela intéresserait plus les fans d’avoir une sorte de « journal de bord » en photo avec mes commentaires décrivant les clichés depuis nos débuts. Cela couvre donc la formation de Marillion jusqu’à 1992-1993, au moment de la sortie de Brave. J’ai voulu faire un album de qualité, dans un coffret luxueux, mais sans que cela ne coute trop cher. Ainsi, il n’y a que 3000 copies en vente (certaines seront disponibles pour nos prochains concerts et conventions). Les gens qui l’ont acheté jusqu’alors en sont satisfaits donc cela me convient ! Nous allons également sortir une version digitale du livre pour Iphone et Ipad, je travaille dessus actuellement.
L’an passé, Marillion a également sorti Marillion Unconventional, un dvd documentaire sur les coulisses des conventions que vous proposez. Comment l’idée vous est-elle venue ?
Et bien nous avions déjà filmé beaucoup de concerts donnés pendant les conventions et nous voulions inclure cette partie documentaire pour la dernière. C’est un moyen de montrer l’intimité du groupe et la préparation d’un tel événement. Peut-être que cela n’est pas aussi attractif qu’un DVD de concert classique, mais cela nous plaisait et visiblement les fans sont également ravis.
Tout à l’heure tu nous disais qu’il vous restait beaucoup d’idées non utilisées suite aux sessions de F.E.A.R. Penses-tu réutiliser certaines choses pour ton prochain album solo ?
Je ne sais pas. Il y a tant de choses qui peuvent encore arriver. Pour mon prochain album solo, j’ai déjà quelques thèmes et des collaborations potentielles mais je ne peux pas encore trop en parler. Mais ça va être intéressant de voir où cela me mène !
Merci pour ton temps et tes réponses. As-tu un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?
Ecoutez des extraits du nouvel album sur Youtube et si cela vous plait, n’hésitez pas à venir nous voir en concert, les dates françaises seront certainement très spéciales. Et je veux en profiter pour dire que nous aimons la France ! (rires).
Entretien réalisé à Paris le 20 Septembre
Un grand merci à Roger Wessier ainsi qu'à Edgecrusher
Photographies live : Céline (© Child In Time 2016)
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