Pas courant tout de même, de débuter un concert en compagnie de ceux-là même qui se préparent à monter sur scène… "Quel frimeur" que vous vous dites… et vous avez tutafait raison ! The Madcaps, en concert la veille dans leur bonne ville de Rennes - déjà en compagnie de Sonny & The Sunsets - n'avaient que ce créneau à nous accorder pour une "grosse" interviou. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'étaient pas le moins du monde stress ; il suffit de lire la dite-interview… Et c'est avec la même coolitude qu'ils grimpèrent sur scène. Sur le coup, il ne s'agit pas d'une figure de style ; la scène du Point Ephémère haute d'un bon mètre, s'avère idéale pour ne rien rater d'un concert, même pour un court-sur-pattes comme mézigue. Dans le même temps, on ne se marchait pas trop sur les pieds ; encore cette fâcheuse habitude bien parisienne de zapper les premières parties, passons…
Les Madcaps avaient beau m'avoir prévenu que ce soir il y aurait de la nouveauté-a-gogo, je ne m'attendais pas à ce qu'ils commencent leur set par trois inédits. Gonflés les fans des sixties ! A raison, ces trois titres résonnent au diapason de leurs précédentes compos ; un garage pop - avec moult choeurs donc - mais pêchu en diable ! Je demeurais bluffé par leur capacité à alterner plusieurs lignes mélodiques au sein d'un même morceau, sans que pour autant le rythme trépidant soit revu à la baisse. Vous êtes au parfum puisque vous avez évidemment lu leur interview, tout l'monde chante - ou presque - chez les Madcaps. Thomas, frange noir de jais et rouflaquettes apparentes, se taille néanmoins la part du lion et s'amuse particulièrement à chanter d'une voix légèrement nasillarde mais so british ! Délaissant sa guitare, après une démonstration de déhanchés à la Elvis et de bonds énergiques, il se paiera même le luxe d'une petite descente parmi nous. Bastien gardait sagement sa guitare lorsqu'il prenait le lead vocal, enchaîant les soli avec brio. Wenceslas le bassiste pousse lui aussi la chansonnette sur un titre qu'il a composé (c'est la tradition chez les frappés de la casquette…) et Léo se "contentait" de taper sur ses fûts, plaçant "en or-beat" ses petits camarades. Hormis "Upside down" et "Something you got", que des nouveaux titres donc. Mais c'est tout de même sur un des morceaux de l'album Hot sauce, "Too big for your boots" qu'ils concluèrent leur set. Match retour le 14 octobre au Supersonic avec The Belmondos; z'êtes prévenus les parigots et les franciliouzes, pas d'excuse valable pour ne pas être présents, hein !
Mister Sonny Smith - si, si, c'est son real name - a peu forci au vu des photos qui traînent sur le net. Il arbore néanmoins toujours la même coupe de cheveux ravagée par les épis et la même absence d'élégance typiquement américaine, auxquelles il avait ajouté une barbe de trois jours qui lui donnait l'air beaucoup plus destroy. L'after du concert la veille au Mondo Bizarro de Rennes s'était peut-être terminée de bon matin… L'homme compense en fait haut la main son manque de prestance par une présence brute et authentique ; ce n'est pas pour rien qu'il est reconnu comme le pape du garage de San Francisco ! A peine a-t-il enfourché sa fender et empoigné le micro, que je révisais fissa mon jugement à l'emporte-pièce. Pétard, quel beau grain de voix ! Un phrasé et des compos qui rappellent irrésistiblement Lou Reed, quand celui-ci daignait faire l'effort de chanter et non déclamer sa poésie noire et néanmoins jubilatoire. Pointu et réellement inspiré à la guitare, Sonny était également bien soutenu par deux acolytes à la rythmique ; le bassiste chevelu et rigolard est l'incarnation même de l'expression "une basse bondissante" ; monté sur ressort le garçon ! Si le batteur n'avait pas été à la hauteur, on aurait vu et entendu que lui. La salle s'était remplie pour Sonny et ses deux boys ; il semblait même que des fans étaient présents. Deux trentenaires bien propres sur eux réclamaient à corps et à cris "I see the void", vraisemblablement un hit du père Sonny… Qu'il leur balança lors d'un final qui nous a tous et toutes laissé sinon exsangues, du moins bien assoiffés ! Lorsqu'un peu plus tard - après avoir acheté l'un de leurs albums donc - je réécoutais Sonny et ses Sunsets, je ne pus néanmoins m'empêcher de trouver le son studio un peu fade, moins marqué par le côté brut du bonhomme. Comme souvent, le garage même avec une belle couche de vernis pop, c'est tout de même bien mieux en live…