Plus de 20 ans d'une carrière riche n'ont pas entaché le talent et l'envie de se renouvellement de Popa Chubby. Son Catfish détone d'un blues vif et acéré, ainsi que de quelques surprises.
Popa Chubby, on ne le présente plus. Lorsque l'enfant détesté des contrées New-Yorkaises n'est pas occupé à rendre hommage à ses idoles - Hendrix en tête - dans des triples albums psychédéliques, il nous offre plus que régulièrement des albums qui valent largement le détour. Avec une formule simple, Popa Chubby se met au service d'une guitare légère et envolée, là où contrairement à ses comparses, il choisit des bases rythmiques plus lourdes, souvent tournées vers un Heavy Rock qui peut nous rappeler par moments le trio ZZ Top.
Et contrairement à la bande de Billy Gibbons, qui malgré un La Futura plus que plaisant a du mal à se renouveler (on prendra pour exemple l'album solo de ce dernier, qui clairement est déjà oublié par la majorité), ce n'est pas avec The Catfish que Popa Chubby a perdu son inspiration. Bien au contraire, cette dizaine de nouveaux titres est d'une grande qualité. Avant de se rediriger vers un blues plus classique et proche de ses racines, quelques variations de styles viennent s'imposer.
On flirtera donc du côté de la funk avec "Going Downtown" et "Good Thing", ou du reggae avec "Bye bye love", le tout sans jamais s'éloigner de la recette "Popa" qui maîtrise son propre univers tel un orfèvre et qui reprend ses droits de bluesman dès "Cry 'Til It' s A Dull Ache". Des textes teintés d'une certaine ironie, mais qui comme toujours parlent de la vie, du monde qui entoure le musicien, et du fait que sans sa musique, il n'est rien. Il ne faut cependant pas se mentir, Popa Chubby est avant tout musicien et loin d'être un parolier hors-pair. Ce qui offre malgré tout à ses textes un ressenti intense, qui n'essaie pas de jouer avec les mots mais leur offre une vie, une âme.
Animation par Callicore Prod
Constat que l'on fera dans un rythme enivrant et joyeux sur "Motorhead Saved My Life", titre que le père Lemmy n'aurait pas renié en boostant le tempo. Popa Chubby n'oublie donc pas ses idôles, et plutôt que de se contenter d'une reprise qu'il peut réarranger et dédier, il offre au trio culte un morceau de sa composition, leur donnant alors tout son amour et sa reconnaissance. Et on comprend clairement pourquoi : ce son sale, lancinant, qui déborde d'âme et de rock'n'roll, c'est aussi celui de Popa Chubby.
Là où le blues n'est presque plus qu'un râle underground, et où les grands pontes s'enferment dans de la reprise ou du pompeux (on pense à I Still Do d'Eric Clapton, qui nous a bien gâché le plaisir de revoir ce grand homme en studio), rares sont les albums qui peuvent nous faire frémir en trois notes car ils respirent la passion et l'amour de la Musique. The catfish est de ceux-là, dans la pure lignée de la discographie de Maître Chubby, et pour ça, on l'en remercie.
Sortie le 7 octobre