Cosmic Fields, trio suisse de Genève, vient de sortir son premier album, éponyme, chez Le Pop Club Records-Echo Orange. Disons le tout net : l'oeuvre est très nettement sous influence du rock progressif et particulièrement de Pink Floyd, comme en témoignent les longues plages aériennes offertes par les pistes "Sundown (and the Outlaw Stands)" ou "Velvet the Moons". Batterie, orgues Hammond et guitares rutilantes -façon Animals, par certains aspects- offrent un écrin moelleux à des voix flottant comme des échos, parfois plus nasillardes (sur "The wait is long", notamment).
L'album assume sa dimension totalement revival qui s'incarne dans des morceaux gigognes comme les affectionnait la pop baroque des années 70 : sur "Renegade", les languides notes d'une mélodie planante laissent place à un rock de biker façon Steppenwolf, qui donne envie de bouffer les grands espaces. Parfois, c'est par ajout d'instrument que procède le sortilège musical : sur le dernier instrumental, "2_32", coda idéal de l'album, les instruments entament un dialogue onctueux, bientôt rejoints par des nappes synthétiques du plus bel effet. A cet instant précis, musique et pochette de l'album fusionnent dans un syncrétisme hypnotique qui ne laisse pas de séduire. Même si on a déjà vu le film. Même si on connaît la chanson.
Et pourtant, on resterait sur sa faim s'il n'y avait ce morceau, "Albatrosses fly the west", qui plane au-dessus des autres, offrant les échos nostalgiques du meilleur rock psychédélique, comme un bonbon à l'acide qui ne serait pas tout à fait passé. A coup sûr, cette chanson, comme la majorité des autres morceaux auraient investi le panthéon du rock si elles étaient advenu au début des années 70 : "A nocturnal walk" et sa boucle matricielle de guitares énergiques n'aurait pas déparé dans un album des Doors. Mais on a l'impression que l'album de Cosmic Fields s'est posé dans son champ comme un cheveu sur la soupe et qu'il bredouille, avec beaucoup de talent, un passé rock qui ne voudrait jamais disparaître.
