Antoine Zebra – Plaisirs et Dissidence

Zebra a vécu. Oui, le DJ le plus célèbre de la planète Rock made in France, s'est auto-disparu. Parce que marre de se cacher derrière ses platines, parce que envie d'authenticité, parce que volonté d'évoluer hors des sentiers battus et rabattus, Zebra est redevenu Antoine. Antoine Zebra. Avec un Z, comme Zebra, et un A, comme Antoine. De A à Z, il a décidé de ne rien cacher de lui-même. Après un Mambopunk bien enlevé, première étape d'une thérapie musicale, il poursuit sa quête, et nous livre un Plaisir et Dissidence, concept-album ultra-personnel, intime jusqu'à l'extrême.

Antoine Zebra est un passioné, et même plus: un militant de la musique, un fou de tout ce qui s'écoute. C'est un artiste complet, entier, et sans compromission. Dans le plus pur style DIY (Do It Yourself, le cri du punk), il se met sur la corde raide tout seul, pour bien montrer que l'indépendance est le seul moyen de faire valoir sa créativité, sa raison d'exister.

Plaisir et Dissidence est un concept-album. C'est une oeuvre éphémère, de par sa commercialisation : Si tu aimes, ou si tu as envie d'aimer, c'est à toi de faire le pas, d'aller sur le site pour l'acheter. Et ne traîne pas, il n'est disponible que jusqu'au 22 octobre, plus que quelques jours. C'est ça le rock, c'est instantané, c'est le moment qui compte. Fugitif, une pulsion. Et après ? Après, on verra bien. Peut-être qu'il sera en tête de gondole à la FNAC, ou peut-être pas, ou peut-être qu'il sera disponible en téléchargement, ou au rayon fruits et légumes d'un centre commercial de seconde zone... C'est Antoine Zebra qui décidera, c'est son bébé, c'est sa liberté.

Regarde la bande-annonce, il t'expliquera mieux que personne la démarche.

Après une introduction parlée (et oui, il est des albums où l'on raconte une histoire sans musique !), l'album s'ouvre avec un titre tout en bon vieux rock'n'roll, au titre évocateur : "Je veux me battre avec une femme". Evocateur, car la bataille en question n'est pas ce que tu penses, non : c'est une bagarre à l'horizontale, le champ de bataille se restreint à une banquette arrière ou ailleurs.

Et c'est là le thème de l'album. C'est chaud, c'est érotique, c'est explicite. Pas pornographique, ou alors porno chic. Et quoi de mieux qu'un "Please me, babe" à la manière d'un Alan Vega pour faire monter la température ? Ou qu'un morceau aussi subversif que "Comme un mec", pour comprendre que Zebra a entrepris une démarche de destruction massive de tous les tabous, toutes les pulsions refoulées, qui sont autant de tensions inutiles ?

L'univers de Zebra, amoureusement lié à sa guitare, est singulier. Puisant sa force aux racines du rock original. Teinté de surf music, rythm'n'blues historique, allant chatouiller le monde torturé du rock expérimental, l'album possède une cohérence essentielle. Impossible de détacher un morceau, c'est une histoire en 11 chapitres, et il ne viendrait pas à l'idée de lire un chapitre avant le précédent. Non, il faut lire l'album.

Rock, Chanson, Eros, 2016

Le son de cet album est dépouillé à l'extrême. A contre-courant des guitaristes aux pedal-boards qui ressemblent plus à un rayon de supermarché, Antoine Zebra joue à poil. Direct dans l'ampli. Son clair, légèrement boosté, un peu de réverbe, c'est tout, ultra-brut, la fleur aux dents. Hormis le final en apothéose très pink-floydienne, on assiste à un strip-tease musical, recentré sur l'essentiel : histoire d'amour entre un homme et une guitare. Le reste n'est que fioriture.

Il faut également lire la nouvelle qui accompagne l'album. Plus qu'une explication de texte, c'est une plongée en profondeur dans l'âme de Antoine Zebra, ses phantasmes, ses rêves les plus fous. L'histoire sans doute vraie d'un musicien qui devient fou d'amour pour sa musique, son instrument. L'histoire du rock aussi, pleine de clins d'oeil aux grands noms qui ont enchanté les oreilles, que ce soit Alain Bashung, Beck, Elvis... Une nouvelle surréaliste, mais assurément chaude.

Antoine Zebra a tout mis dans cet album. Comme il met tout dans tout ce qu'il fait d'ailleurs, ce n'est pas une surprise. Mais cette fois, il a mis son intérieur, ses tripes, au sens littéral du terme. Le résultat est une oeuvre riche, pas forcément oeucuménique, mais entière, et sincère.

Pour participer à l'aventure, rendez-vous sur la page Ulule de l'album, seul et éphémère point de vente.

Rock, Chanson, Eros, 2016

Antoine Zebra sera au Chinois de Montreuil pour présenter son oeuvre le 20 octobre prochain, avec Arno Futur. Entrée libre, comme quoi, la liberté...

Et bien sûr, ne pas oublier, Zebra paye sa tournée version 2016, sur la Grosse Radio Rock, tous les week-ends. Ca aussi c'est chaud !

Album en partenariat La Grosse Radio jusqu'au 17 octobre : Voir ici sur notre page concours pour gagner l'intégrale Zebramix et participer au Ulule de Zebra : page Ulule de l'album !

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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