Soirée passée sous le signe des putains de décibels ! Etait-ce trop fort ou pas ? Tel fut le débat du jour au Bric à Brac de Montpellier. Point à préciser, cette salle est une cave de 15 mètres carrés environ, dans laquelle on peut tenir à une bonne trentaine pour des concerts tout en fougue et en intimité.
Dans 15 m², forcément, ça envoie des dB facilement dès qu'on branche des amplis. Le décibelmètre affichait ce soir-ci quasiment 120 dB pendant tous les morceaux des deux groupes. Et le salle n'avait que 5 pauvres paires de bouchons d'oreilles à filer au public. Alors qu'il s'agit d'une obligation d'en avoir et de pouvoir en fournir. Mais c'est aussi une obligation de jouer à moins de 105 dB. Comment faire du Rock électrifié dans cette salle ? Comment le programmateur monte-t-il ses dates ? Va savoir. Pour moi, grand habitué des concerts Rock, voir le décibelmètre monter à 96 dB lorsque seule la voix faisait le taf montre un soucis au niveau de l'outil même. Car il n'y avait rien d'aggressif dans le son. Même un coup de crash et hop 105 dB... Or on peut difficilement baisser le son d'une batterie... Donc comment deux duos, The Mirrors et DuckTape, en guitare/voix et batterie peuvent-ils monter à 120 dB ? Comment ça ne s'est pas vu aux balances ? Comment en arrive-t-on à avoir le manager du lieu agressif envers les groupes et devant le public en manaçant d'interrompre le concert si le son ne baisse pas, ce qui relève d'un certain manque de professionnalisme (faute qu'il rejettera avec violence sur le groupe après le concert) ? Voir un le manager de salle prendre des photos de son décibelmètre pendant le concert pour garder des preuves pour moi de sa propre incompétence et manque de connaissance de sa salle et des groupes qu'il programme et pour lui, pour pouvoir montrer aux groupes qu'ils jouent trop fort... Aberrante, gênante et incroyable situation qui ne donnera pas envie au public de revenir dans cette salle. Au final les deux groupes verront leur set raccourcis de 3 ou 4 morceaux chacun. Et pour nous qui avons fait le déplacement pour savourer du Rock fort, c'est une situation que je rêve de ne pas revivre. Putain de décibelmètre à la con, que j'aimerais voir comment tu as été étalonné !
Bon ! Passées les hostilités, si on parlait musique maintenant ?
Duo Guitare/batterie, Ducktape est un groupe originaire d'Aix en Provence. Dans la toute petite cave du Bric à Brac, il n'y a pas de basse, mais la guitare grave, grasse et la grosse caisse de la batterie font vibrer les tripes.
La section rythmique est réduite à son plus simple appareil, ce qui ne laisse aucun répit au batteur qui enchaîne les rythmes furieux.
Ca tolchoque. La grosse caisse fait office de basse tandis que les toms et les cymbales martèlent des rythmes entêtants et rapides.
La voix du chanteur est rageuse, grunge tout comme son look, ses mèches de cheveux camouflant son visage la plupart du temps. Mais le son lourd et gras du duo offre plus de profondeur qu'un grunge juste en colère. Le jeu de guitare acéré offre parfois quelques mesures de répit au batteur stakhanoviste.
Au milieu de ce bain sonore qui nous englobe, le stylo tombe, pour me permettre de secouer la tête, en toute tranquilité.
Un morceau commence par une batterie militaire. Le chant rappé et le rythme saccadé me rappelle RATM. Malheureusement le manager du lieu commencera son manège de prises de mesures, de remontrances, entrainant une perte d'entrain de la part des musiciens, pas evident en effet de se voir interrompre en plein morceau, et garder l'oeil sur le décibelmètre. Il reviendra interrompre le concert avant le dernier morceau...
set list :
Come Down
Flip
Milkshake
Plastic people
Get with it
Clock
Lier
Nothing to loose
Rich Kid (prévue mais pas entendue...)
Même formation pour ce groupe d'Angers : Guitare/chant et batterie. Mais dans un registre garage tout ce qu'il y a de plus chaloupé.
La voix de Sarah, la chanteuse guitariste est chaude et ample. Elle possède une diction particulière, qui amplifie la fin des mots. Je passerai un petit bout de temps à me demander à qui elle me fait penser, et finit par trouver: c'est la grande Björk qui m'était evoquée.
Pour la chanson "Take me on", la batterie est oscillante, balancée, puis martelle martialement le pont, accompagnée d'une guitare garage pleine de fuzz.
Sarah est une petite furie sur scène, parfois sautillante, parfois solidement plantée au sol, tête rentrée, toute en puissance dirigée vers les cordes de sa guitare. Elle quitte parfois l'espace de la scène pour venir echanger quelques head bangs avec bibite dans le public.
Le manège du manager du lieu reprend, il menace d'interrompre le concert, et même de charger l'ingé son de l'eventuelle amende à laquelle ils s'exposent. Heureusement, ce remue-ménage a créé une belle solidarité entre le public et les artistes. Après délibérations, il est décidé de reprendre le concert pour encore deux morceaux, quitte à se cotiser pour l'amende.
Le premier commence avec un riff de batterie à la "Sunday bloody sunday" de U2, ou "Run to the hills" d'Iron Maiden (si si écoutez, c'est le même. Maiden a sorti son titre en 82, U2 en 83. Un commentaire ?). Le refrain est chanté comme une comptine d'enfant entétée.
le dernier morceau quant à lui est une cavalcade à la batterie, avec laquelle rivalise la guitare tout aussi énérvée, et qui se termine par un chant a cappella, fievreux comme une incantation.
Le lendemain, le programmateur a eu le groupe au téléphone, il s'est excusé de la situation et a insisté pour que le cachet soit bien payé.
Set list :
Darts
Gingersnap
Take me on
The black maze
Naive ground
High on incense
Golden victory
Les deux groupes sont actuellement en tournée, n'hesitez pas aller les voir dans de peut-être meilleures conditions :
Les Ducktape joueront le 15 octobre à Paris à la Station-Gare des mines, et ont quelques dates encore de prévu, n'hésitez pas à consulter leur page Facebook ici.
The Mirrors quant à eux seront le 12 octobre à Reims, le 13 octobre à Lille, le 14 octobre à Evreux, le 15 octobre à Tours, le 16 octobre à Paris, le 22 octobre à Lorient, le 4 novembre à la Jonchère, et le 2 décembre à Cholet, plus d'infos ici.
Toutes les photos de la soirée : VOIR SUR CETTE PAGE
Crédits photos : Yann Landry
