Ça fait un bail que The Computers ont ajouté une bonne lampée de pop dans leur cocktail garage, même si sur scène ils conservent une sacré punk rock attitude. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre d'écouter leur bien nommé "Live and inconsolable" sorti l'an dernier. Nos lads d'Exeter remettent donc le couvert avec ce troisième opus studio et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils enfonçent le clou pop dans leur cercueil rock, au risque de déplaire aux amateurs de gros son… En même temps, ils ne sont jamais cachés de leur attirance pour la soul, sans doute à l'instigation de leur frontman Alex Kershaw dont la voix se prête, il est vrai, bien à l'exercice.
Avec "Birth" qui ouvre logiquement l'album, c'est même carrément à une intro façon gospel à laquelle on a droit… Ce qui pourrait en refroidir plus d'un, si "Want the news ? here's the blues" ne lui succédait immédiatement, avec sa guitare saturée juste ce qu'il faut. Si "This ain't right" poursuit sur la lancée, "Mother" et sa rythmique new wave et son riff à la "Eyes of the tiger" a de quoi laisser un brin sceptique, sans parler des claviers… Le pauvre Fred Ansell, fini pour lui les embardées à la Jerry Lee Lewis dans lesquelles il excelle pourtant. Il est tout de même un peu plus à son article dans "NYE", un ritournelle punchy, outrageusement pop avec ses envolées de cordes. "God only knows" persiste et signe dans les références pop eighties ; on croirait presque entendre The Stranglers période Always the sun et la guitare évoque par moment The Edge. Ce n'est plus de la perplexité qui peut nous envahir à l'écoute de "Pound for pound", ses cliquètements de cordes et ses choeurs suraigues, mais bien de l'inquiétude… "Weighed down" rassure heureusement ; Alex Kershaw y retrouve son mordant en même temps que la mélodie portée par le piano et les percussions. Si "Crucifixed on you" leur fait également remonter la pente, on ne peut en dire autant de "Little death", trop de choeurs et de fioritures. "Bad wolf" boucle la boucle amorcée par "Birth" ; la couleur gospel a seulement plus de temps pour s'épanouir et Alex Kershaw se la joue vraiment soul man.
Autant leur précédent album Love triangle hate square parvenait avec brio à garder le juste équilibre entre pop et rock, force est de constater qu'avec ce "Birth / Death", nos computers ont fait le choix de tourner le dos à leur passé de punk rocker. Une posture renforcée par leur abandon de stricts costards noirs aux profits de vestes à motifs florals… Gageons qu'ils sauront ranimer la flamme en scène le 2 novembre prochain à la Mécanique Ondulatoire. Pop only à la Méca ? Ça risque de pas l'faire…