Van Morrison – Keep me singing

Born to Sing : No plan B, disait Van Morrison en 2012, dernier album proposant des nouveautés avant d'entamer sa série de "duets". Celui qui porte le poids de longues années fatigantes sur ses épaules revient avec Keep Me Singing. Et avec lui une ode à la beauté toujours aussi dépaysante.

Un restaurant, en bord de lac. Sur l'assiette, une cuisine familiale, qui nous rappelle ces longs week-end à la campagne où mamie se coupait en quatre pour ravir nos papilles avec des recettes dont elle seule a le secret. À l'extérieur, le boréal d'un coucher dont chaque écho de lumière se reflète sur l'eau cristalline. En fond, de douces mélodies, un chanteur qui nous parle de beauté, de verdoyance, avec des musiciens qui suivent ses râles minutieusement, en prenant leur temps. Vous l'aurez compris, l'heure est à la nostalgie.

Se rappeler qu'Astral Weeks, c'était il y a un demi-siècle, ça ne rajeunit personne, et la course contre le temps n'aurait pu être mieux illustrée que par Van Morrison. Avec une voix tremblotante mais assurée, chacun de ses albums est une surprise, un cadeau que l'on ne pensait pas voir arriver. Dans la lignée du jazz très calme qu'il insuffle depuis toujours -malgré des périodes plus audacieuses-, le musicien susurre ses mélodies sans s'essoufler, dans une vague smooth où chaque point d'orgue se pratique avec maîtrise.


Source photo : consequenceofsound.net

Discret sur son saxophone, pourtant marque de fabrique de l'irlandais, les arrangements de Keep Me Singing ne seront pas pour autant avares en instrumentalision, et sous la simplicité des thèmes se cache une richesse musicale argumentée par des orfèvres. On pourrait penser à de la redite. Et il est vrai que Van Morrison ne se renouvelle plus depuis longtemps. Mais son style a toujours été de sublimer les beautés qui lui tiennent à cœur, la nature et ses muses éternelles à qui il dédie tout, et il le fait ici à merveille..

Point de déception à celui qui sait quoi chercher. Une brise nostalgique, un moment d'éclat dans une journée morose, les lents phrasés de l'artiste vieillissant peuvent beaucoup représenter, et surtout nous inspirer un panel d'émotions riche et varié. Celui qui s'accroche à cet art qui lui reste ne nous offre rien de nouveau si ce n'est ce que l'on attend de lui, la continuité d'une route infinie qui, on l'espère, ira jusqu'à son dernier râle.

Album sorti le 30 Septembre, Caroline Records.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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