4 ans que les mythiques Red Hot Chili Peppers n'avaient pas foulé les terres de l'hexagone. C'est donc avec une impatience non feinte que les fans se sont précipités vers les 4 dates annoncées.
Malheureusement le premier concert de Montpellier a dû être annulé en raison des intempéries. L'ancien POPB / nouveau AccorHotels Arena se retrouve donc à inaugurer le passage tricolore des californicationistes. Récit.
La Femme
La première partie est assurée par La Femme. Autant le dire tout de suite, la filiation directe avec Kazéro et son "Thai Nana" est évidente et très vite insupportable au public de Bercy (oui je sais ça a changé de nom, mais j'ai du mal). Alors que se passe-t-il ? Pourquoi cette erreur de casting ? Pourquoi envoyer ce groupe fleurant bon la soupe tiède en première partie des RHCP ?
Alors c'est vrai que La Femme s'est fait encenser par une certaine presse, La Femme est pressentie comme le futur du rock français, le groupe salvateur qui va révolutionner le genre. C'est drôle, je le voyais plus du côté des Johnny Mafia ou de Pogo Car Crash Control, mais, bon... Oublions alors le fait que ces critiques n'ont visiblement pas écouté le disque, ni assisté à une prestation complète, sans doute trop occupés à déguster leur coupette de champ' bien frappé, mais le constat est là. C'est un fiasco, total, désespérant, sinistre.
Et La Femme dans tout ça ? Le groupe n'est a priori pas responsable de la gestion calamiteuse et décalée de leur image. Alors à eux de faire changer les choses, à eux de montrer qu'il s'agit d'un vrai groupe de rock, qu'ils vont reprendre les choses en main, et envoyer chier ceux qui les jettent en pâture à un public qui ne veut pas d'eux. Pour l'instant leur réponse se limite à des insultes envers ledit public, signe que visiblement le message n'est pas limpide. La Femme, corrigez le tir, comprenez que votre musique n'est pas ce que le public rock attend, que les rédacteurs et maisons de disque ne sont pas ceux qui achètent les disques ou remplissent les salles. Si vous êtes rock, comme vous le laissez entendre, faites le taff. La balle est dans votre camp..
Red Hot Chili Peppers
Les Red Hot Chili Peppers, on ne les présente pas. Mais si dans tous les coeurs résonnent les hits monstrueux que sont "Give It Away" et "Under the Bridge", période John Frusciante. La réputation du band s'est également faite sur scène, avec des prestations détonnantes. Que vont-ils nous servir ce soir, se demandent (pas trop inquiets quand même) les 17.000 spectateurs ?
Dès le début, le ton est donné: Les Red Hot vont tout donner. Après un petit jam d'accueil, la moustache de Anthony Kiedis fait son apparition, sur un "Can't Stop" qui verra les 4 membres se déchaîner.
Très vite, le ciel nous tombe sur la tête. Le plafond de la salle est équipé de centaines de lampes, qui montent et descendent en vagues successives, aussi bien au-dessus de la scène que du public. Dans les orgies d'imagination de nos amis éclairagistes, cette création sort du lot, elle arrivera (presque) à nous faire oublier cette forêt d'écrans de smartphones parasites allumés dans la fosse.
Les Red Hot, c'est une machine. A la batterie, Chad Smith envoie un groove funky, énergique, malgré la platitude (si, si, j'assume cette opinion, désolé...) de la plupart des morceaux. Il a dû passer dans un magasin de musique pendant les soldes, parce que, visiblement, il a du stock de baguettes. Plusieurs dizaines d'entre elles seront envoyées dans la fosse tout au long du set, sans que cela n'affecte en rien le jeu du monsieur. C'est ça le rock, c'est généreux. Et ça balance, ça sautille, le jeu de batterie parfait.
A la guitare, Josh Klinghoffer montre qu'il en a sous le pied. Les morceaux de studio laissent peu de place à la guitare, privilégiant les rythmiques et quelques notes égrénnées de-ci, de-là, sans réel intérêt guitaristique. C'est complètement différent sur scène. Les Red Hot font durer les morceaux, et laissent toute leurs places aux solos de guitare. Josh en profite, headbangue à tout va, et envoie ses mélodies à rallonge sur chaque morceau ou presque.
Flea, en grande forme, ne cessera pas, tout au long du concert (2 heures quand même), de courir, sauter, visiter les quatre coins de la scène. Cette forme exceptionnelle est complètement surréaliste. Même sur les morceaux les plus lents (et il y en a...), Flea envoie une énergie qui semble un peu hors de propos. Et il en est de même d'ailleurs pour tous les membres du groupe.
Voir un concert des Red Hot Chili Peppers aujourd'hui, c'est surtout se prendre une claque phénoménale sur la technique individuelle de chacun des musiciens. Tout est carré, il n'y a pas une note à côté, et pourtant, des notes, il y en a. Flea est incontestablement un des meilleurs bassiste de la scène rock, et c'est un bonheur de le regarder jouer. J'écris regarder, parce que côté son, le slap permanent, quand il est mal sonorisé, déssert certains morceaux. Mais bon, c'est aussi ça, les RHCP...
Le son, c'est d'ailleurs le gros problème de cette soirée. La salle n'est pas adaptée à des concerts, ou les sonorisateurs ne mettent pas ce qu'il faut, ou je ne sais pas, mais il est indéniable que le son est très mauvais, indigne de la qualité des musiciens présents, et totalement irrespectueux des spectateurs qui ont payé une blinde pour venir voir leur groupe fétiche. C'est malheureusement trop souvent le cas, espérons qu'un jour la solution miracle sera trouvée...
Pour le reste, le groupe a fait le boulot. Ils en ont tous fait des caisses, sauté, couru, sont rentrés sur scène en faisant le poirier, ont chanté du Gainbourg en français dans le texte, bref tout ce qu'il fallait. Il a manqué la magie, le petit truc qui fait d'un concert un évènement qui marquera toute une vie. La faiblesse des compositions récentes en est sans doute une des causes, mais laissons-nous rêver, les Red Hot ne sont pas morts.
Setlist
Can't Stop
Dani California
Scar Tissue
Dark Necessities
The Adventures of Rain Dance Maggie
Right On Time
Sick Love
Aeroplane
Go Robot
Californication
The Getaway
Suck My Kiss
I Could Have Lied
By The Way
Rappels
Je Suis Venu Te Dire Que Je M'en Vais (reprise de S. Gainsbourg)
Goodbye Angel
Give It Away
Photos : Copyright Nidhal Marzouk
Merci à Warner Music