MaMA Event, c'est un des meilleurs moyens pour nous, chroniqueurs et journalistes de découvrir énormément de nouveaux talents (indés pour la plupart) dans les écrins dorés de salles mythiques parisiennes.
On s'est encore régalés cette année avec 25 concerts couverts à 3 rédacteurs en 3 jours pour La Grosse Radio.
Avant de se plonger dans les 9 live reports du jour rédigés par Charles Eloy et Yann Landry, voici la vidéo retraçant les 3 jours du MaMA Festival :
Nos live reports des jours précédents :
Pauw - Carmen - 13 H 00
De la pop Psyché néerlandaise au Dutch Impact avec Pauw. Un clavier, deux guitares et un chanteur guitariste à la voix claire. Un synthé planant nous offre une belle prestation dans la magnifique salle du Carmen.
Le claviériste passe aux cymbalettes, rythmique saccadée et envolées vocales pleines de réverb' tandis qu'une guitare tient une petite mélodie.
Crédit photo : Inès Ziouane, Karma Spirit
Le groupe est en plein trip 70's tant vestimentaire que capillaire. T-shirt brillant du chanteur siglé Bowie, nuque longue du batteur, tout y passe. Les passages instrus sont longs sans être poussifs et montent en puissance pour la fin du titre.
Le set sera court mais intéressant, le chanteur annonce un dernier morceau pour ce concert de présentation idéal devant les journalistes présents en nombre au Carmen pour ce groupe bien ancré dans le psychédélisme rétro, pas d'innovation ici. Ce dernier titre est plus lent, plus lourd, le chanteur traîne, permet de ralentir l'ensemble où s'entremêlent encore nappes de synthé, cymbale, grosse basse en arrière et un batteur qui appuie bien fort. Fin sur un petit coup de larsen. Une surprise instru pour vraiment achevé ce set.
Yann Landry
Amber Arcades - Carmen - 13 H 30
C'est maintenant un son electro old school que nous entendons, et toujours des Pays-Bas, par Amber Arcades. Ça sera un set aussi court que le précédent mais bien plus pop, servi par une chanteuse guitariste au look sporstwear, casquette et cheveux peroxydés accompagnée d'une choriste aux machines, de guitaristes et d'un batteur.
Crédit photo : Inès Ziouane, Karma Spirit
Pop aiguë mi-enjouée mi-dépressive qui remplit bien l'espace par de la réverb'. Le guitariste est adepte des arpèges qui restent bien frais. C'est un croisement entre le grunge et la pop qui n'est pas inintéressant, beaucoup de variété dans les titres choisis, bon choix devant un parterre de journalistes durs à dérider. Deux trois têtes se balancent, d'autres profitent de l'open bar, ambiance classique du MaMA et des festoches en général sauf que là il n'y a que des gens du bizness à saisir au vol.
L'avant-dernier titre est langoureux, où le mélange choriste / chanteuse opère très bien, elles ont un registre vocal très proche. Et un dernier morceau marqué par les machines et où les trois guitares apportent beaucoup d'harmonies finit ce set bien jeune, doux et frais. Je ne boude pas mon plaisir et je file vers de nouveaux showcases, aïe MaMA !
Yann Landry
Eagles Gift - Cabaret Madame Arthur - 15 H
C'est dans le cadre du showcase Bande de pimp' organisé par Bande de Sons - la Cartonnerie, le Chabada et la Coopérative de Mai que je me retrouve au cabaret de Madame Arthur à Pigalle, pour trois concerts de groupes de jeunes artistes.
Ce sont d'abord les Eagles Gift qui se jettent au feu devant une cinquantaine de journalistes. 5 gars, de la guitare, dont une 12 cordes, la classe, une basse, une batterie et un clavier Korg pour ce qui s'annonce comme un set heavy Rock.
Crédit photo : Charles Eloy
Si le guitariste rythmique est au chant principal, le chœur est assuré par le claviériste qui se paie de bons solos d'entrée de jeu sur des rythmiques rock de guitares 80's. Ça sonne Desert Rock aux gros coups de cymbales.
Le bassiste joue au médiator en aller-retour sans temps mort sur de longues instru où l'on reste bien sur chaque accord. La voix douce se mélange bien aux nappes de synthé pendant que le batteur martèle son tom basse.
Le 12-cordiste joue encapuchonné et de profil et enchaîne les rifs solides et robustes. La suite se veut plus langoureuse avant un dernier morceau tout en énergie.
Les journalistes savourent bien ce set qui fait partie de ce que l'on aura vu de plus Rock au MaMA cette année, pour notre plus grand plaisir. On ne manquera pas de suivre l'actualité de Eagles Gift.
Yann Landry
Set list :
Pretend to be dead
Night Walker
Morning Anxiety
Drifting Away
Lighting Bolt
Youth Disorder - Cabaret Madame Arthur - 15 H 45
On remarque de suite une belle guitare vintage 60's Domino Californian, une autre Silverstone et une basse Fender Musicmaster typique des 70's dans les mains de trois jeunes mecs accompagnés d'un batteur bien sûr. À voir ces instruments, on se dit que ces musiciens ont du goût et après 3 journées à voir des concerts, ça fait du bien !
Les trois cordeux de Youth Disorder joue bien en ligne sur le devant de la scène. Leur mise en scène se limite aux sautillements d'un bassiste agité, on ressent la timidité de ce jeune line-up mais quoi de plus normal quand on a 19-21 ans. Le chanteur a une apparence détachée mais est surtout concentré, il assure ce qu'il faut, le chant, on verra plus tard pour la choré.
Crédit photo : Charles Eloy
Le batteur est vif et furieux, ça tape fort et sec, ça monte vite dans les tours. De petits breaks troublent le public qui se met à applaudir mais non les gars, ça repart de plus belle !
Les mouvements de poignets du chanteur guitariste sont amples, dépassent le cadre de la petite Domino. Ça gratte à fond, c'est saccadé et consistant. En revanche, j'ai bien envie le secouer un peu ce jeune chanteur pour qu'il bouge un peu, vive son trip et m'en mette plein la gueule car ce qu'il fait déjà me plaît fort. Et bim ! Voilà LA montée de voix qui me fait ravaler ma remarque ! Il ne bouge donc pas mais envoie sévère ! Ce que le groupe continuera avec le morceau suivant plus rapide où les cordes sont jouées à l'unisson, ça dépote, c'est de la Brit pop rock vintage (voyez donc leurs looks de Beatles pré-psyché).
Crédit photo : Charles Eloy
Il y a un décalage intéressant entre le jeu très hard du batteur et les cordes. C'est sur un morceau encore plus costaud que ce court showcase spécial MaMA se concluera. On tentera bientôt de les voir en live pour un concert complet car avec I Am Stramgram, Youth Disorder est le groupe que m'aura le plus surpris cette année (alors que The Dizzy Brains était déjà dans mes petits papiers "révélations de l'année") au MaMA.
Yann Landry
Set list:
Teach Me
Another Minutes
Metonimy
Love you grace
Blush
Judy - Cabaret Madame Arthur - 16 H 30
En dernier à passer lors de ce showcase Bande de Pimp', le trio electro pop, Judy, qui jouera en alternant guitare et synthé et basse et synthé, car oui, il y a deux synthés, et une batterie munie elle aussi d'électronique puisque le batteur jouera aussi sur des pads.
Crédit photo : Charles Eloy
C'est la touche Electro du jour dont les basses vibre jusque dans nos fesses. Le son est bien marqué 80's mais avec une touche de synthé moderne. Dave Gahan doit être apprécié par le chanteur à la voix assez haut perchée. Le groupe à une touche noir et blanc sobre, t-shirt blanc et pantalon noir, pour une musique qui l'est moins, sobre.
Crédit photo : Charles Eloy
Mon dernier concert de ce MaMA 2016 me rappelera mes tendres années avec un son très disco dansant. Le chanteur et le claviériste ont ensuite délaissé leurs synthés pour se concentrer sur la guitare électrique et la basse, ce qui n'est pas pour déplaire au rockeur que je suis, tout un gardant un son disco rock. Vient ensuite le retour des nappes de synthé et des pads électroniques. La voix est ici modifiée, robotisée, pour ce dernier titre de Judy, groupe qui interpelle par l'alliance de modernité électronique et des intruments classiques, coldwave et electro plus récente. La musique n'a pas de case et la création est sans limite. A Judy de creuser bien plus encore.
Yann Landry
Set list:
Walkers in the sand
Enjoy
Take me back
In the dark
Oupos
Merci à la Bande de Pimp' pour ces trois découvertes.
Pogo Car Crash Control - La Boule Noire - 19h30
Trois mecs et Lola à la basse. Un déferlement de décibels nous accueille dans une homogénéité ressentissante que les musiciens parviennent à maintenir durant toute leur prestation. Les quatre musiciens, originaires de la banlieue sud de Paris nous balancent une musique super puissante chantée dans la langue de Molière. Les textes non aseptisés avec les thèmes tels que l'individualisme ou l'ennui nous raconter la réalité quotidienne de jeunes adultes. Ne vous attendez pas à des histoires à l'eau de rose. Les influences sont Nirvana, Foo Fighters, Ty Segall.
Crédit photo : Charles Eloy
Le chanteur en demi pantalon gerbe toute son énergie dans le micro. Son voix, ses hurlements sont accompagnés des riffs de guitares et des effets de larsen. Une ambiance juvénile hors du commun que vous emballe dès les premières notes. A fond la caisse, ce rock 'n' roll, grunge, punk, noise (oui, ils font du bruit) sans compromis, sans concessions. Ce mélange de genres génère des compositions à couleurs musicales diversifiées, tout en respectant un fil conducteur.
Crédit photo : Charles Eloy
Au milieu de concert, ils m'apparaissent épuisés de tous les efforts. Je les ai sous-estimés , ils reprennent de plus belle. Ils pourraient faire la campagne publicitaire d'une marque de pneus : increvables. La voix est devenue corrosive comme l'acide. Les pulsions, vous prenant les tripes, proviennent du fond de la gorge et du cœur. Quand les harmonies vocales des autres musiciens sont en réponse ou en unisson avec celle de chanteur, c'est la charge de la cavalerie affrontant les boulets de canon. Une explosion d'énergie.
Rock and grunge is not dead.
Charles Eloy
Set list:
Meilleur ami
Royaume de la douleur
Paroles m'assomment
Je suis crétin
Consensuel
Restons en là
Je perds mon temps
Le Colisée - Backstage by the Hill - 20h45
Le surréalisme belge n'arrête pas de nous surprendre. Le groupe Le Colisée venant de Bruxelles nous délivre leurs délires extravagants.
David Nzeyimana, d'origine rwandaise qui a trempé dans la portion magique d'Astérix servie par les Nerviens (tribu belge au temps de César) évolue sur scène avec quatre musiciens. Le verbe "évoluer" est approprié. Il ne reste pas en place et parfois accroche un câble. Sa mise en scène cosmique a besoin d'espace.
Crédit photo : Charles Eloy
La chanson "Donnie Darko" en anglais commence par des nappes synthé new age se superposant. Ensuite les autres instruments résonnent. Des arrangements sublimes nous amènent dans l'univers du groupe. Dans le morceau "Géraldine", la voix de David ressemblant notamment à celle de Laurent Voulzy.
"Les dieux fous" et " Age of Love" nous fait découvrir les autres musiciens reprenant le chant principal, tandis que le morceau "La fin des temps" nous entraine par des rythmiques africaines en fonds musical.
"Kojiko", de la pop-psychédélique francophone. David prend la guitare. Il se métamorphose en un Prince (The Artist, Love Symbol) nous déferlant des soli ahurissants me rappelant Jeff Beck, l'un des guitaristes solistes les plus influents dans le rock, mais également présent dans le jazz fusion.
Crédit photo : Charles Eloy
"Coconut" : l'ambiance tropicale est au rendez-vous avec des rythmes riches et des voix qui nous enchantent. L'univers du groupe Le Colisée est tellement vaste qu'il est difficile de le classer dans quelconque catégorie musicale.
Un gag : A la fin du concert, après les remerciements au public, les musiciens quittent la scène et l'ingénieur du son chante. Un beau travail d'équipe qui a émerveillé le public contaminé par la bonne humeur virale du groupe.
Charles Eloy
Set list:
Osaka
La fin des temps
Géraldine
Kojiko
Donnie Darko
Les dieux fous
Age of love
Coconut
Talisco - Backstage by the Hill - 22h00
Ce soir, le chanteur-guitariste Talisco, alias Jérôme Amandi, efficacement entouré d'un batteur (batterie et support électronique) et d'un guitariste nous propose une évasion dans les grands espaces du sud-ouest américain.
Talisco a déjà entamé une tournée aux États-Unis. C'est un groupe plein de maturité qui occupe le devant de la scène.
Crédit photo : Charles Eloy
Les riffs saccadés de guitare sont répétitifs sur le tempo rapide et fiévreux de la composition accrocheuse "Your wish", tandis que le chant de Talisco devient plus aérien dans des parties de la chanson "The keys", contrastant avec la fureur envahissante des guitares saturées, croisées avec des échantillonnages électro "French Touch" distillés à une dose, n'alourdissant pas les arrangements. Talisco est un groupe live avant tout.
Crédit photo : Charles Eloy
Les autres morceaux, extraits de son album Run sorti en 2014, nous replongent dans l'univers électro-folk. Talisco ne nous lâche pas. Jouant avec les effets sonores, les musiciens ont décidé de nous amener jusqu'au bout du voyage. Les images de Clint Eastwood, la musique des films western (Ennio Morricone) nous viennent à l'esprit.
Les cris et applaudissements ponctuant chaque fin de chanson me réveillent du trip américain.
Quelle énergie durant cette chevauchée musicale du groupe Talisco.
Charles Eloy
Set list:
Monster
Sorrow
Follow me
Martian Man
Stay
Your wish
Loose
The keys
Wall of Death - Backstage by the Hill - 23h15
Wall of Death, composé de la chanteuse et bassiste Rachel Fannan et de trois musiciens (un batteur, un claviériste et un guitariste) monte sur scène. Wall of Death vise les tournées internationales. Le départ de membres et l'arrivée des Californiens Rachel et James Hurst revigore le groupe qui me paraît plus accessible à large public, sans perdre l'âme du groupe, qui à partir d'instruments et sons vintage (par exemple le mellotron) recherche une musique actuelle. Tout un programme. La musique étant un langage universel, les musiciens avec des atomes crochus se rejoignent, sortant de leur zone de confort dans la création.
Crédit photo : Charles Eloy
Wall of Death est parfois déroutant, et me pousse à les réécouter afin de mieux les appréhender et découvrir leur univers. L'opus Memory Pt1.& Pt2. est un exemple de leur maîtrise artistique. Le groupe nous joue un morceau qui actuellement n'est pas facilement diffusé à radio, sa durée excédant les 10 minutes. Cette composition ressemble aux constructions musicales chères à Pink Floyd, King Crimson. Le morceau contient différents climax, dont un solo à la David Gilmour.
Crédit photo : Charles Eloy
La rayonnante ballade psychédélique "For a lover" nous replonge dans les seventies et elle est en contraste avec les autres compositions aux ambiances plus sombres.
La voix de Rachel est rarement transformée par l'ingénieur du son, nous laissant entendre les qualités et défauts lors d'un concert. Félicitations au groupe Wall of Death pour cette prise de risques et respect du public. Nous sommes en live et non en studio.
Charles Eloy
set list:
For a lover
Thunder sky
Little Joe
All mighty
Loveland
In your arms
Memory
Dreamland
Rendez-vous du 18 au 20 octobre 2017
pour la prochaine édition de MaMA Event !
