John Wesley Myers de Black Diamond Heavies poursuit son activité solo sous le nom de James Leg. Voici venu le temps du déjà troisième album Blood On The Keys. Toujours marqué par cette affection pour les accords dissonants façon Sonic Youth, James Leg pose sa voix grave remplie de vapeurs de cigarettes et peaufinée à la dive bouteille.
Enregistré comme son prédécesseur Below The Belt aux studios Masonic Sounds dans le Kentucky, ce nouveau Blood On The Keys à de quoi séduire.
T’en veux du gros, du lourd qui tâche pour commencer ? "Human Lawn Dart" est pour toi. Niveau chant, on n’est pas loin du Black Sabbath et niveau riff, on lorgne sévère du coté des productions de Ty Segall avec Fuzz, son combo gras et heavy. Coté riff, on distord le signal à souhait et on envoie du décibel bien saturé. Une belle entrée en matière.
Sur "Dogjaw (Do Some Things You Say)", James Leg éructe façon Iggy Pop période Lust For Life. Le riff roboratif du morceau rappelle d’ailleurs certaines productions de l’Iguane façon Stooges et même aussi celles de "Lust For Life". Autant vous dire que c’est du plus bel effet. Une secousse tellurique dans votre crâne, voila ce que procure l’écoute de ce morceau… "Tao Te Leg" reste dans le même style que "Dogjaw" mais laisse aussi la part belle à quelques expérimentations guitaristiques lors de solos dans lesquels on se laisse aisément emporter. Une rythmique martiale nous indique la marche a suivre pour ne pas perdre le fil. "Ain’t You Hungry" repart dans le registre des expérimentations sur le son proches de trucs comme Sonic Youth. Moins facile d’accès, le titre vaut par la puissance de sa rythmique et son coté hypnotique. On peut y trouver un petit coté psychédélique et quelques relents d’acides lysergiques.
"Mighty Man" nous livre aussi son lot de bonnes surprises. La guitare de Leg y est incisive. Elle puise ses racines dans le blues un peu trash et dans le gros boogie. C’est rock et c’est sans concessions. Les solos sont appliqués et plein des sensibilité malgré une relative rudesse.
"Hugging The Line" est plus léger au niveau du tempo mais on retrouve la signature vocale de James Leg. C’est rocailleux à souhait, taillé dans le bourbon. Pour ceux qui aurait lu la trilogie du Livre de la Mort d’un certain Anonymous, on croirait entendre la voix rocailleuse du Bourbon Kid. En tout cas, encore un rock qui dépote à l’actif de James Leg. Les chœurs donnent un coté épique au morceau qui groove terriblement.
Changement de registre avec "St Michel Shuffle". Ici point de guitares en avant, c’est le clavier qui prime pour donner une teinte somme toute jazzy à l’ensemble. Ensemble qui sera soutenu par des cordes un peu plus loin. C’est de la musique classique ou quoi ? Ben non, c’en est pas… Impossible ! Parce que quand James Leg colle sa voix façon Lemmy là-dessus, l’édifice prend du sens. La dualité entre cette voix d’outre-tombe te la finesse du jeu de piano font l’intérêt de ce titre inclassable.
"I’ll Take That" s’ouvre comme une ballade des Rolling Stones ou plutôt de Keith Richards. Ici vocalement, pas de finesse jaggerienne mais plutôt le bourbon de Keith Richards. The calm before the storm ? Certainement, car on est loin de la puissance de feu de "Human Lawn Dart" ou autre "Huggin The Line". C'est une autre facette de l’œuvre de James Leg.
"Should've Been Home With You" nous sort les arrangements de cordes toujours mêlés avec cette voix atypique qui parfois me rappelle les œuvres de Joy Division ou plus récemment les relectures par le groupe de Peter Hook.
"Blood On The Keys" qui donne son titre à l’album nous prouve que même une voix rocailleuse peut etre remplie d’émotion. James Leg sait en tout cas nous emporter dans son univers et ce "Blood On The Keys" en est un bel exemple.
Résultat des courses, on voit bien que James Leg, le fils de pasteur texan a bercé dans le gospel mais très vite le rock 'n' roll a pris le dessus. Cette dualité se ressent dans son œuvre atypique. James Leg n’a pas son pareil pour installer des ambiances diverses et variées. On obtient au final un album intéressant, rempli de bonnes choses, pas lassant du tout. Et puis, rien qu’avec sa voix James Leg est hors du commun. Si on y rajoute quelques expérimentations à la guitare, des passage plus classiques au piano, on obtient forcement un résultat de grande qualité. En live, il y a vraiment un potentiel pour envoyer terriblement. Un peu de patience, James viendra bientôt sillonner nos contrées pour prêcher la bonne parole...