"si l'album ne s'inscrit pas comme une référence dans son genre, et plaira principalement aux amateurs du prog' de la grande époque (années 1970), il est une indéniable réussite, ce qui est bien là l'essentiel"
Musicien pro ayant traîné ses guêtres sur la scène internationale pendant 20 ans, c'est après avoir ouvert pour son idole Steve Hackett (Genesis, qui tape le guest sur l'album) que Franck Carducci se décide à réaliser un vieux rêve : celui d'enregistrer un album solo avec pour seul but le plaisir. Et ce plaisir l'a entraîné vers son amour de toujours, le rock progressif à l'ancienne, lui qui a touché à tous les styles ou presque au cours de sa carrière. Le bon accueil réservé à Oddity et à la tournée qui a suivi incitèrent tout naturellement le musicien à lui donner une suite, Torn Apart, sorti en janvier 2015. Alors oui, ce n'est pas tout neuf, on est un peu passés à côté, avant que le rythme des sorties ne prenne le pas sur le reste. Pourtant, bien qu'en retard, nous avons pensé que ce serait une bonne chose de présenter ce musicien à nos lecteurs, de une parce que les zicos français de rock prog' ne courrent pas les rues, de deux parce que l'album est une réussite indéniable, de trois parce que l'abnégation du musicien force le respect.
Réaliser un vieux rêve, c'est bien (tant que ce n'est pas Christophe Hondelatte qui se met à la chanson). L'honnêteté transpire par tous les pores de ce disque : Franck Carducci est déjà bien établi dans le circuit, et le plaisir qu'il prend avec ce projet est évident. Torn Apart est, malgré son titre, lumineux à bien des égards, comme le sont les 10 minutes de la chanson-titre, qui accueille l'auditeur avec ses sonorités très bluesy. Du prog' à l'ancienne, oui (on entend de ci de là du Yes, du Caravan ou du Rush), qui ne surprendra pas les auditeurs, mais qui devrait leur faire grand plaisir. Tout comme ses influences principales, Franck n'à que faire de la complexité instrumentale et préfère se concentrer sur ses mélodies. Ce qui ne l'empêche pas de faire prendre à ses compositions des tournures non-conventionnelles, au gré de sa fantaisie : la flûte et les sonorités orientales de "Journey through the Mind" offrent un certain terrain de jeu au titre qui se détourné juste ce qu'il faut d'une structure conventionnelle pour dépasser les 8 minutes sans que l'on sen rende compte.
Tradition du prog' oblige, on a également le droit à des compos plus touchantes, comme la très courte (mais très réussie) "artificial love". On pourrait continuer comme ça, mais à ce stade vous aurez compris que Torn Apart est un album tout à fait réussi. Le reproche qu'on pourrait lui faire serait sans doute d'être très sage : malgré la qualité certaine de l'ensemble et le plaisir d'écoute bien présent, on reste dans du prog' très traditionnel. Ce qui d'un autre côté peut se comprendre, Franck Carducci ne cherchant finalement rien d'autre qu'à se faire plaisir, ce qui est un objectif hautement respectable. Reste qu'au milieu de sorties prog' de haut niveau, l'album peut s'avérer un peu trop old-school. Qu'à cela ne tienne, car le plaisir est bien là, notamment quand les choses s'emballent un peu, comme sur les excellentes 12 minutes de "A brief tale of time", faisant référence au livre de Stephen Hawking, et qui multiplie les cassures de rythme. Et si l'album ne s'inscrit pas comme une référence dans son genre, et plaira principalement aux amateurs du prog' de la grande époque (années 1970), il est une indéniable réussite, ce qui est bien là l'essentiel.
A noter que l'homme sera en concert le 19 novembre à Montsinery-Tonnegrande, en Guyane, et le 2 décembre à Givors, à proximité de Lyon.