Le 30 octobre, à la Machine du Moulin rouge de Pigalle, j'ai pu assister au concert des Fatals Picards, précédés des 3 fromages.
Petite présentation de ces artistes de « rock 'n' drôle » par eux-mêmes :
« On cherche à faire passer de l'énergie quand on est sur scène, on est là pour amuser le public. On fait en sorte que les gens mettent leur cerveau sur off et passent un bon moment, fassent la fête simplement. Nos concerts comportent pas mal de dialogues entre les morceaux, de petites saynettes pour animer le spectacle. Nos chansons sont plutôt orientées blagues, jeux de mots, et parodies de célébrités.
Nous ne sommes pas engagés à part dans l'humour. Bien d'autres groupes sont assez engagés politiquement pour qu'on puisse de notre côté s'engage uniquement dans la fête. On est sérieux dans la préparation du spectacle, pour décharger le matériel, faire les balances, etc. Avant les concerts, on prépare tout, là on a effectivement un coup de pression… et dans le verre aussi.
Ça fait 10 ans qu'on est devant le public, on a tourné dans plusieurs pays. Bientôt, nous irons en Hongrie, et là on réduira sans doute les passages théâtraux pour se concentrer surtout sur les morceaux, mais on jouera face à un public qui a des notions de français. Quand nous avons joué en Allemagne, en première partie d'un groupe connu là-bas, nous étions face à des gens qui ne parlaient pas du tout notre langue. »
En effet, leur prestation comporte beaucoup de petits sketches qui ont bien plu au public, déjà averti et reprenant en chœur des chants en hommage à Sylvester Stallone ou à Mimie Mathy. Malgré une salle comble dès le début du concert, l'ambiance est comme une soirée entre potes. Tibo critique le public, qui accède à sa demande : crier plus fort. C'est vrai quoi, on n'est pas là pour rester tranquilles.
Certains drapeaux bretons commencent déjà à se lever, faut pas oublier que les 3 Fromages sont originaires de cette région... Les fonds derrière les 3 fromages changent, le claviériste se fait descendre à coup de colt en plastique par un chanteur-cow-boy, des colonnes de fumée montent de sous chaque musicien… pour ce début de soirée, on rigole bien, l'ambiance se réchauffe, les gens se tassent de plus en plus et les bières se renversent.
On notera le superbe t-shirt porté par le chanteur des Fatals Picards.
Très vite il est déjà l'heure de faire venir les Fatals Picards, qui se font tout de même désirer, avant de bondir sur scène et d'attaquer avec « le retour à la terre ». On sent que même après des années de carrière, les gars sont contents d'être là, et le public qui connaît par cœur toutes les chansons également.
Le « Combat ordinaire » est repris par tous, aussitôt suivi d'un « Atomic twist » endiablé qui fait se tortiller toute la salle sous les instructions de Paul : « on écrase un insecte du pied et on a l'œil coquin », ce qu'il réussit admirablement. On déplore l'absence d'un drapeau « j'aime le twist » qui aurait été bienvenu.
Un nouveau geste de ralliement voit alors le jour. Après les cornes du diable, les E ou les W des rapeurs, les V de la victoire, les drapeaux bretons et autres saluts grégaires, le signe de la licorne est né : l'auriculaire levé, le poing sur le front, pour former une corne respectueuse qui autoriserait à elle seule l'entrée dans le « Reich des licornes ». C'est au tour du «Princes du Parc», juste après « Pourquoi », et toutes les mains se lèvent lors du slow pour une vague presque harmonieuse incluant la fosse, l'étage et les balcons.
« À la vie, à l'Armor » arrive enfin dans la liste, les fervents agitent leur drapeau, on voit même un superbe drapeau breton orné de petits zizis au lieu des queues d'hermine, quelle harmonie, quelle beauté, on se croirait revenus à la grande époque de l'exhibition massive de drapeaux… mais oui, voilà que Jean-Marc prend le rôle de chanteur, que la salle se colore entièrement de lumières rouges, et qu'il entonne, seul à la guitare, « Mon père était tellement de gauche ».
La salle reprend le chant telle un parfait chœur de petits soldats, en bon public qui suit assidûment le groupe.
Paul revient, et nous partons cette fois au Qatar pour « Tais-toi et creuse » et ses notes d'enterrement guillerettes sur ukulélé et caisse claire, avant de faire un tour de France à vélo avec les « Manouches ». On retourne dans les années de gloire avec un « Bernard Lavilliers » qui cette fois n'a pas vu son bras repousser mais une autre partie bien plus marrante de son anatomie, et une « Sécurité de l'emploi » à l'intro interminable pour le plus grand plaisir de la salle et des membres du corps enseignant présents (il y en a partout, ils sont comme les Bretons, il leur faudrait un drapeau).
Un spectateur passe alors sa caméra à Yves, qui la fixe sur sa basse pour filmer leur prestation du « Magnet du Jura », qui doit être un grand moment cinématographique au cadrage impeccable… On apprend alors que des plaisantins auraient envoyé au groupe des photos dudit magnet, mais les Fatals ne sont pas nés de la dernière pluie, et savent très bien que ce magnet n'existe pas.
Pour se défouler un peu et célébrer la nature, « Chasse, pêche et biture » retentit, toujours chanté sans une erreur de texte par le public, de même que le « Punk à chien ». Pour nous prouver leur amour (ou pas) les musiciens terminent par faire des petits cœurs avec les doigts sur « L'amour à la française ».
Le concert s'achève sur un rappel de « Punks au Liechtenstein », et les lumières se rallument, on peut voir des sourires sur tous les visages qui se dirigent vers la sortie. On voit que les gens sont surtout venus pour se conforter dans leur amour des premières chansons, mais l'énergie des Fatals sur scène fait plaisir à voir, quoi qu'ils jouent.
Merci à Rodolphe Goupil pour ses superbes images et à Anne-Claire et son équipe pour l'organisation ! (et à Monsieur k'Rockus qui n'a pas pu se déplacer...)