"Similitude of a Dream fait figure de gros best of de ce que Neal Morse a pu proposer durant sa carrière"
On ne présente plus Neal Morse : si tout le monde ne connaît pas forcément sa musique (ou celle de Spock's Beard, son premier groupe, ou encore de Transatlantic, qui poursuit son chemin), son nom est depuis longtemps désormais synonyme de prog' à l'ancienne de grande qualité. Problème, l'homme ne se soucie pas le moins du monde d'apporter de quelconques nouveautés à sa recette. Et si sa musique est toujours riche, terriblement bien écrite et arrangée, avec des mélodies à en faire pâlir plus d'un, il fait du Neal Morse. Point. De sorte qu'à la longue, la lassitude se fait sentir. Soyons honnêtes, Neal Morse en solo, j'ai lâché l'affaire depuis l'indigeste Testimony 2 (2011). De plus, Morse est un catholique convaincu et si c'est son droit le plus strict, il est un peu pénible de se farcir des paroles d'une niaiserie assez terrifiante (dieu est supergénial, les anges ont fait ci et ça...). Pour conclure, le dernier album que j'ai vraiment beaucoup apprécié est Sola Scriptura (2007), qui ne date plus d'hier. Mais malgré tout, Morse, on l'aime, et l'écoute de quelques extraits de Similitude of a Dream m'ont incité à donner sa chance à ce double album imposant.
Pourquoi ? Allez savoir... Parce que, soyons clairs, le bonhomme n'a toujours pas changé sa recette. Seulement, il l'a non seulement rendu assez digeste (pas de long pavé de 10 minutes en vue, mais des thèmes qui reviennent par moments, donnant une grande cohérence à l'album, comme ce retour au thème de "City of destruction" sur "Confrontation", aussi inattendu que réussi), mais surtout semble avoir retrouvé une certaine fraîcheur, sans doute en partie due à l'excellent état d'esprit qui semble avoir habité les sessions. Le maître d'oeuvre a en effet recruté son ami de longue date Mike Portnoy à la batterie, qui n'a plus à faire ses preuves (mais qui a un timbre assez désagréable quand il a la mauvaise idée de passer derrière le micro). Et bien qu'il s'agisse de leur 8264e collaboration, les deux musiciens s'entendent toujours comme larrons en foire, si l'on en croit l'enthousiasme débordant dont ils font preuve à propos de ce nouvel effort, que Portnoy n'a pas hésité à qualifier de "point culminant de leurs deux carrières". Sans aller jusque là (il y a quand même du lourd dans leurs discographies), il faut bien reconnaître qu'il s'agit d'un bon cru.
Similitude of a Dream fait figure de gros best of de ce que Neal Morse a pu proposer durant sa carrière. Des titres prog' comme on les aime (bien qu'on les ait déjà entendus 1000 fois, comme "Overture"), des morceaux et passages superbement épiques qui rappelleront quelques grands moments de l'ère Spock's Beard ("City of Destruction, "The Man in the Iron Cage"), des harmonies Beatlesiennes en diable ("The ways of a fool"), des passages complètement délirants (comme cette incursion country avec "Freedom Song"), ou complètement barrés, sur lesquels Portnoy montre qu'il n'a rien perdu de sa superbe. L'album est très plaisant, complet et cohérent, même si le fait que les paroles de Morse me gonflent au plus haut point ne m'ont pas incité à creuser le concept de l'album. Reste que les inconditionnels de l'homme seront heureux de le retrouver en forme, qu'il s'ahit d'une bonne porte d'entrée pour les néophytes, et d'un album globalement plus consistant que les sorties précédentes. Pour le reste, Neal Morse reste Neal Morse, et si la qualité est au rendez-vous, ce n'est pas vraiment le cas des surprises.