Les Fataux Picards Are Back. Bon, d'accord, c'est pas les Fataux, c'est les Fatals Picards. Et oui, être back, ça veut dire qu'ils étaient partis, alors qu'ils enchaînent les tournées, qu'ils vivent dans leur fourgon, qu'ils dorment à l'hotel, au camping ou dans le coffre de la voiture. Donc on corrige : Les Fatals Picards sont toujours là.
Et pour nous prouver que, loin de cette vie de bohème, tels leurs ancètres les Satellites, les Fatals Picards sont riches et célèbres, et vivent dans une débauche de luxe infini. Cet album, c'est leur coming-out. Fatals Picards Country Club. Leur père était de gauche, oui, mais eux, les chantres du rock qui fait rire avec les neuronnes qui bougent, ont-ils cédé à la mode du pull noué sur les épaules ?
Depuis 2013 et leur album "Septième Ciel", les Fatals Picards ont enchaîné les concerts. Avec toujours plus d'énergie d'ailleurs: le virage rock punkisant a pris de l'ampleur, les Fatals Picards ont viré groupe à guitare. Ca cogne, ça pulse, toujours dans le même esprit. Tous ceux qui ont eu la chance de vivre un de leur concert pourront témoigner de l'effet euphorisant et énergétique de leurs prestations.
Mais les albums, dans l'histoire ? Les 4 garçons ont-ils encore la force de pondre des disques aboutis, finis, tout en écumant les planches de France, de Navarre, et de Bretagne ?
Le mieux est donc de se pencher sur cet objet, qui a fait d'ailleurs l'objet d'un financement participatif. Cette phrase est inutile, certes, quasiment tous les albums indés sortent via un Ulule, Kiss Kiss Bank Bank ou billet(s) de tante Suzanne. Mais là n'est pas la question. Penchons-nous donc sur l'objet, écrivais-je avant qu'une sombre pensée mercantile ne vienne perturber l'écoute (cherche la contrepèterie, héhé).
Tout commence par un répondeur. Un interlude. Comme beaucoup sur cet album. 6 en tout. Sans doute parce que le format numérique a tué la ghost track, la piste cachée, celle qui réveille la maison lorsqu'on a oublié le disque sur la platine avant d'aller se coucher. Celle surtout dans laquelle on peut s'autoriser tout ce qui nous passe par la tête. On se rappelle, ému, de la "Tchiochiotte" et de ce doux moment de poésie... Oublions ces virgules, et attardons-nous sur les morceaux.
Le premier a fait l'objet d'un clip, avec la participation amicale des 3 Fromages. L'occasion d'écorcher (gentiment) quelques chanteuses bretonnes, mais surtout encore une fois, la preuve que les Fatals Picards savent lire la société, les petites anecdotes, les petits riens du quotidien. Ce morceau est à la gloire des drapeaux bretons, et que celui qui a fait un festival sans que le célèbre étendard ne soit brandi bien haut me paye ma première cervoise!
Le morceau suivant, "Pourquoi", pose la question de la nostalgie en musique, ou plus exactement de la récupération facile de répertoires de chanteurs comme Renaud ou Goldman, dans des vues mercantiles évidentes. Les Fatals Picards répondront à leur façon, en mettant eux aussi une reprise, deux morceaux plus loin : "L'amour à la Plage", de Niagara, se prend d'ailleurs une bonne dose d'amphétamines, pour une version boostées au punk.
Les thèmes abordés sont, comme toujours chez les Fatals Picards, pleins d'empathie, et pointent les laissés pour compte, avec une humanité et une sincérité qui fait du bien. On pense à ce chanteur de balloche, qui ressemble un peu à un Willy Brouillard un peu paumé.
Mais une fois de plus, ce sont les morceaux de situation, qui racontent des moments que l'on a tous rencontrées, qui font le plus mouche. Tous ceux qui ont des enfants se reconnaîtront dans "La Fête De L'Ecole" et ces insupportables attractions. Un morceau jouissif, et j'avoue que personnellement j'attends le mois de juin avec une certaine jubilation...
L'album a clairement été écrit pour la scène. Les morceaux sont globalement beaucoup plus enlevés, rock, au sens brut du terme. Les textes sont toujours de la même veine, même si on n'atteint pas les sommets de "Pamplemousse Mécanique" et ses pépites. On passera sur quelques morceaux ajoutés sans doute parce qu'il en manquait (("J'aime, j'aime, j'aime" était-il vraiment nécessaire ?)., et on pourra une fois de plus passer un bon moment à écouter cet album.
Morceaux de scène, "Le Magnet du Jura", ou encore "Le reich des Licornes", clairement. Des hymnes chanter, rock qui tâche, avec une exécution impeccable, comme une montée en puissance. Les Fatals Picards ont une fois de plus fait les choses à leur façon : ils ont sorti un live, enregistré en studio!
Les Fatals Picards seront toujours des adolescents, des p'tits cons comme on les aime. C'est indéniablement sur scène qu'ils sont les meilleurs. Et cet album va sans nul doute fournir de la matière pour brûler les planches.
Les dates de concert sont régulièrement mises à jour sur la page Facebook du groupe, ou sur leur site internet. Elles sont également disponibles sur un carnet à spirales soigneusement rangé dans la boîte à gants de l'estafette de tournée, à côté d'une carte Michelin. Mais ça, c'est pas certain.