...ou comment bien faire fonctionner la fusion d’un groupe complet et d’un artiste solo.
Avant de commencer à parler de cet album éponyme sorti début novembre, revenons sur les deux entités dont cette collaboration est composée. Le premier élément est Lauren Stuart, – pseudonyme original choisi par le Lyonnais François Sérin – dont la folk et la pop indie ont déjà convaincu les médias spécialisés avec ses deux albums précédents; en 2007 (The Golden State of Mind) et en 2013 (The Book Of Love).
De l’autre côté il y a The Monkberry Moon Orchestra, un groupe genevois formé en 2010 et qui après trois EP sort en 2014 son premier album, Velvet Glove. Au chant nous trouvons la voix d’Audrey, envolée de douceur. Le groupe écumera les salles de concert et jouera en 2015 en première partie de Lilly Wood And The Prick.
C’est donc de la rencontre de ces artistes que naîtra Lauren Stuart Meets The Monkberry Moon Orchestra, sorti le 4 novembre dernier sur le label Le Pop Club.
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Au premier abord notons que les comparaisons seront assez faciles. En effet des groupes de pop/folk à voix mixtes on en entend régulièrement, alors oui on fera des rapprochements. Mais ce n’est pas vraiment ce qui compte aujourd’hui. Ce qui importe vraiment c’est comment incorporer les couleurs de chacun sur une toile collective, et d’en rendre quelque chose de beau, d’homogène, et de propre. Comment s’imposer et faire preuve d’abnégation en même temps; trouver cet équilibre.
C’est ce défi que Lauren Stuart Meets The Monkberry Moon Orchestra auront réussi à accomplir, là où d’autres ont échoué.
crédit photo : Simon Gillouin
L’album est aéré, la formation nous pond des morceaux atypiques comme par exemple la très Beatles-ienne "Peter Parker" avec son début de guitare très bluesy et son refrain super accrocheur. C’est fou comme l’on peut faire de la bonne musique en restant simple, un rythme binaire, des instruments faisant leur boulot et une voix qui se laisse porter. Parlons aussi de "Eternal", de la pop douce et légère qui fait se mélanger les voix de nos deux chanteurs. On s’imagine aisément dans l’herbe, le pic-nic est terminé et les miettes de pain jonchent la nappe à carreaux, mais on s’allonge à côté, on ferme les yeux et on écoute, simplement.
Alors qu’"Anytime" donne envie de buller, on peut cependant en regretter la lenteur, tout comme le couplet de "Heaven Got So Much To Say", dont le refrain est heureusement là pour tirer le titre vers le haut.
On parlait des voix un peu plus haut. Force est de constater qu’elles se complètent vraiment bien, comme dans l’excellent "We Are The Freaky Nasty People" qui étant le premier titre de l’album installe bien l’univers des artistes, avec une harmonie parfaite des instruments ; ou encore le titre un peu nineties "Soul Mission" où les grains de voix s’entremêlent très correctement pour en faire ressortir du beau, encore une fois. Citons également la très entraînante "Dreaming On", un des titres phares de l’album.
Tandis que l’ambiance un peu plus sombre de "Faraway Girl" ne la rend pas moins entraînante, les arpèges de guitare de "Lullaby" sont clairement écrits pour suggérer à l’auditeur une perspective d’éveil calme, avant de sombrer dans le sommeil, en symbiose avec le titre.
Le dernier titre est "Love Is Not Funny Anyway", sans doute la chanson la plus belle de l’album, une balade tout en acoustique, avec la voix de Lauren Stuart.
On l’aura compris, Lauren Stuart Meets The Monkberry Moon Orchestra est un album bien équilibré, avec des morceaux carrés, binaires. La formation nous offre de la bonne pop indie à la française in english qui ravira ceux qui aiment la douceur, la simplicité et les caresses de la Musique.
Malgré quelques passages un peu mous, c’est un album riche qui montre que les collaborations artistiques peuvent être réussies si elles sont prises au sérieux.
On soulignera aussi le magnifique artwork de l’album, crée par Audrey Lepetit-Castel Robitaille.