Adia Victoria – Beyond The Bloodhounds

Originaire de Caroline du Sud, Adia Victoria, aujourd'hui dans la légendaire Nashville, est marquée par la culture du Sud des Etats-Unis. Sa musique est un mélange de Blues, de Country, de Folk et de Blues. Par addition, cela forme une espèce de musique country gothique. Sombre et enjouée pourtant. L'album Beyond The Bloodhounds tire son nom du livre de Harriet Jacobs Incidents dans la vie d'une jeune esclave, esclave qui avait réussi à gagner sa liberté pour elle et ses enfants. Dur mais positif.

Il y a toujours deux facettes dans la musique d'Adia Victoria, sentremêlant car tout n'est ni noir ni blanc. Mais les deux cohabitent dans le tourment. A la douceur de son chant s'oppose des compositions parfois sinistres comme sur "Invisible Hands" par exemple où le piano nous entraîne vers un cauchemar alors qu'Adia nous tire vers la sortie. Si PJ Harvey et John Parish avaient été américains, leur Dance Hall at Louse Point aurait ressemblé à cet album d'Adia Victoria ou inversement selon la chronologie. On comprend la noirceur des deux albums par les courants qu'ils évoquent. Et pourtant, c'est beau, c'est beau mais c'est triste, dirais-je. Ou beau parce que triste...

L'"Horrible Weather" sonne presque Trip Hop, Morcheeba n'aurait pas renié la paternité de ce titre, et là on entend bien cette mise en avant de la mélancolie. Voyez aussi la pochette de l'album, Adia assise, penchée, perdue au milieu d'un grand ensemble blanc, juvénile mais marquée. Encore une fois, cette dichotomie entre ton et forme, thème et traitement, vécu et ressenti. C'est grave mais langoureux, surprenant toujours entre les chansons se succédant, Adia Victoria est capable d'un chant ample aux longues envolées ("Out of Love") comme de se perdre dans la musique dans son "Mexico Blues", elle s'y perd à dessein. Contrainte mais consentante ? 

Adia Victoria, Beyound The Bloodhounds

Les douze titres de cette galette traînent mais se développent, nous tiraillent, nous font ressentir le Blues dès la "Lonely Avenue" introductive. On apprécie la richesse des différentes instrumentations, pouvant paraître par moment paresseuses, les compos suivent pourtant cette souffrance joyeuse qu'Adia Victoria nous incite à prendre en nous, en la combattant ou l'épousant simplement. Country gothique pour fans de Tom Waits, Nick Cave, Chris Isaak... et bien plus encore.

Sortie : 13 mai 2016 - Warner

Crédits photos : James Richards

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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