4 ans après leur dernier album, la bande à Al Barr sort ce 6 janvier un nouvel opus, 11 Short Stories Of Pain & Glory. Pour ce 9ème LP, les Dropkick Murphys ont quitté leur Boston de coeur, et se sont isolés au Texas, pour enregistrer ces 11 titres de pur rock'n'roll sauce celtique. Cet isolement, rendu nécessaire pour pouvoir se recentrer sur leur musique, accouche d'un album beaucoup plus riche que les précédents. A écouter sans modération.
Les Dropkick Murphys, ce n'est pas que de la musique, c'est une véritable institution. Que ce soit pour l'organisation des fêtes de la Saint-Patrick à Boston, ou pour leurs coopérations nombreuses dans le monde du sport (boxe, hockey, ...), les DKM sont partout à Boston, et en particulier dans cette banlieue ouvrière, peuplée de descendants d'Irlandais. De leurs origines populaires, ils ont conservé le côté bad boys, tout droit tombés d'un film de Scorcese ou de Sergio Leone. Cet univers cinématographique s'entend dès le premier morceau, "The Lonesmoe Boatman". Il y a du Ennio Morricone dans cette introduction sans parole, une véritable bande-annonce.
L'album aborde de multiples facettes musicales. Les Dropkick Murphys ont une culture Punk, c'est tout naturellement que plusieurs morceaux bien envoyés ("Rebels Without A Cause", "Kicked To The Curb") renvoient aux Clash, avec la touche gang en plus. Les choeurs collectifs sont omniprésents, tels dans un stade. Ambiance virile, très virile même.
Voire un brin bagarreur. On se prend ainsi "Blood" en pleine face, avertissement avec ou sans frais, sur fond de cornemuse bien frappées : "If you want blood we'll give you some", le ton est donné. Le gang de Boston t'aura prévenu, ils ne vont pas se laisser marcher sur les pieds. C'est d'ailleurs une de leurs signatures, ils ont toujours répondu avec force aux différentes polémiques qui ont émaillées leurs 20 ans de carrière.
L'ambiance celtique irlandaise, pub embrumé aux effluves houblonnées, est toujours présente. "First Class Loser" est un cri du coeur, un appel à la Guinness, une ballade teintée d'humour qui se partage au comptoir. Et tant qu'on est accoudé au zinc, autant continuer avec un "Paying My Way" des familles.
Ambiance de stade, la reprise de "You're Never Walk Alone", l'hymne footballistique n'y est pas étrangère. Même si, pour cette dernière, l'esprit est loin du sport. Ken Casey (fondateur du groupe, bassiste et chanteur) l'explique ainsi :
"Comme vous le savez peut-être, les surdoses d'opiacés sont maintenant une épidémie en Amérique particulièrement dans ce domaine. Je suis allé à trente veillées mortuaires en deux ans, trois cette semaine, l'une avec mon cousin, Al a perdu un beau-frère. Ca a frappé à la maison près de nous. Je quittais cette veillée mortuaire et cette chanson est venue et comme j'écoutais les paroles, elle résume exactement comment je me sentais. Triste mais sachant qu'il y a de l'espoir. Vous ne devez jamais être seul. J'espère que vous aimez notre version." (source)
Bien sur les Dropkick Murphys n'oublient pas que ce sont un groupe punk. "I Had A Hat" est le morceau idéal, parfaite rencontre de deux syles, héritage de Shane MacGowan (The Pogues). Un uppercut dans ta face.
Véritables légendes dans leur bonne ville de Boston, les Dropkick Murphys prouvent leur attachement, si c'était encore nécessaire, en relatant comment les attentats lors du marathon ont transformé leur ville. "4.15.13" s'ouvre comme une marche, hommage aux victimes, et explique simplement comment leur vie a changé après cette tragédie. Ken Casey en parle ainsi :
"Depuis ce jour-là, nous avons eu l'impression que ne pas écrire une chanson sur ce qui s'est passé serait lâche. Ecrire ce morceau a été plus important que tout ce que nous avons jamais fait, parce que si vous touchait à ce jour-là, cela doit être fait correctement. Nous avons été traversé par tant d'émotions avec toute cette expérience, comme tout le monde à Boston. Cela a changé la ville pour toujours." (source)
11 histoires de douleur et de gloire. Les Dropkick Murphys ont réussi leur coup, ces 11 nouvelles se complètent, s'emboitent, et forment un album cohérent, puissant, réfléchi, apaisé. Fiers de leurs origines, sans pour autant sombrer dans l'identitarisme bas du front, celtiques jusqu'au bout du banjo, et tellement rock'n'roll, les DKM nous ont concocté un de leurs meilleurs albums.
Et parce que sur scène, c'est encore mieux, il faut en profiter : les Dropkick Murphys seront en France fin janvier :
Samedi 28 Janvier, Zénith, Paris
Dimanche 29 Janvier, Aéronef, Lille - Complet !
4 février, Zénith, Strasbourg
On les annonce également aux Vielles Charrues de Carhaix, et sans doute dans d'autres festivals de cet été...
Let's Go Murphys !