La Grosse Radio: Que signifie “Holy Bouncer” ?
Holy Bouncer: Le bouncer, c'est comme les gardes du corps que vous connaissez, c'est l'homme qui prend soin de la star lors d'un concert par exemple, comme un agent de sécurité en fait.
LGR: Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ?
HB: Il y a environ cinq ou six ans maintenant.
LGR: Et vous êtes tous de Barcelone ?
HB: Oui, de la même école, du même quartier.
LGR: OK, c'est une longue amitié. Et comment avez-vous commencé tout cela? Vous avez décidé de jouer de la musique ensemble à un moment particulier?
HB: Quand nous étions à l'école, un enseignant a dit à notre classe qu'une salle de musique allait être construite à l'intérieur de l'école et si certains d'entre nous voulaient commencer à jouer de la musique, c'était possible. Nous étions amis, nous faisions tous du skate à ce moment, et l'un de nous a commencé à dire «OK, je veux jouer de la guitare», puis un autre a dit: «Je veux jouer à la batterie», «Je veux jouer de la basse" etc.
LGR: Quel âge aviez-vous à l'époque?
HB: Nous avions environ 14-15 ans.
Crédit photo : Carlota Figueras
LGR: Avez-vous décidé instantanément de jouer du rock progressif / psychédélique?
HB: Oh non ! (rires), au début, on jouait du rock de merde (rires). Non, nous jouions le même genre de musique que nous écoutions à l'époque. Nous n'avions pas encore écouté de la musique progressive ou psychédélique; nous étions des fans de Offspring, Blink-182, et de tous ces groupes d'adolescents.
LGR: Comme de vrais skateurs (rires) ! Alors vous avez commencé avec ce qui est surtout connu sous le nom de Punk Rock Californien, qu'est-ce qui vous a fait arriver à la musique psychédélique?
HB: Nous ne l'avons pas vraiment décidé. C'est venu, vous savez, peu à peu. Nous avons commencé à nous intéresser à ce style de musique, tout autour de la culture psychédélique, et puis au moment de l'enregistrement du premier album, nous avons naturellement trouvé une atmosphère psychédélique. Vous jouez souvent ce que vous écoutez, et cela est très vrai pour nous. Et c'est aussi parce que nous nous sentons à l'aise en jouant ce genre de musique. C'est venu très naturellement pour nous, ce mélange entre rock classique et psychédélique. Nous jouons essentiellement ce que nous aimons entendre. Il ne s'agit pas de savoir si les gens aiment ou non ce que nous jouons, nous jouons ce que nous aimons, ce que nous écoutons et c'est tout.
Crédits photo : Amina Osman
LGR: Et puis vous avez enregistré votre premier album, Hippie Girl Lover. Quand est-il sorti?
HB: Le 13 septembre 2016. Nous l'avons enregistré en janvier plus ou moins et finalisé environ 6 mois plus tard.
LGR: Était-ce une réalisation en indé?
HB: Oui c'est ça.
LGR: Est-ce quelque chose que vous vouliez?
HB: Hé bien, la chose est telle que si un label vous signe, vous ne pourriez jamais faire ce que vous voulez faire. Nous avions toutes les chansons, nous voulions enregistrer un CD, nous avons dit "Faisons-le!" et nous l'avons fait.
LGR: OK. A propos du titre, Hippie Girl Lover, est-ce que ce que vous, les gars, êtes amateurs de filles hippies?
HB: (Rires) Non ce n'est pas à cause de cela. Dans le groupe, nous prenons toujours toutes les décisions en utilisant la démocratie. Nous avons eu trois titres possibles, chacun correspondant à une chanson de l'album. Il y avait "Hippie Girl Lover", "Stereo" et un autre. Nous avons voté pour le titre que nous voulions et Hippie Girl Lover a gagné. C'était un référendum! (Rires). Et ce titre était aussi plus commode pour la couverture de l'album que nous voulions faire. C'est aussi la toute première chanson que nous avons écrite pour cet album, donc il était logique pour nous d'appeler notre album de cette façon.
LGR: Il y a dix chansons sur votre album. Est-ce tout votre travail ou avez-vous d'autres chansons?
HB: Maintenant nous commençons à en avoir un peu plus, mais pendant longtemps ces dix chansons ont été tout ce que nous avions. Et en ce moment, nous ne pouvons jouer que neuf chansons, il y en a une que nous ne pouvons pas jouer car elle contient du saxophone et du piano et il nous est impossible d'en faire en live pendant la tournée. Certaines de nos chansons contiennent de la trompette ou encore de la guitare acoustique, mais dans les concerts nous ne jouons pas avec. Ce n'est ni pire ni mieux, c'est seulement une expérience différente pour nous, mais aussi pour l'auditeur. Malheureusement, nous n'avons pas assez d'argent pour payer tous les musiciens pour venir jouer avec nous en tournée (rires). C'est différent, dans un album, vous pouvez mettre beaucoup de chansons avec de nombreux instruments et enconcert vous devez vous concentrer davantage sur l'énergie que vous mettez dans vos chansons. C'est seulement un sentiment différent.
Crédits photo : Amina Osman
LGR: Donc, tous ces instruments additionnels que nous pouvons entendre sur votre album sont joués par vous ou pas? Vous avez invité des musiciens?
HB: Ouais. Nous avons fait écouter nos chansons à d'autres musiciens et ils ont adoré notre musique. Nous n'avions rien à leur offrir, mais certains d'entre eux ont dit: «C'est génial, et j'aimerais en être, alors enregistrons quelque chose!» Certains d'entre eux étaient absolument incroyables, ils ont joué comme nous ne l'aurions jamais fait. C'était trop bien!
LGR: Où avez-vous enregistré?
HB: Dans un studio à Barcelone pendant environ un mois, les "Maik Maier Studios". L'ingénieur du son s'appelle Gabriel Suarez, ça sonne mexicain (rires). Nous avons beaucoup respecté son opinion sur notre musique. Il a écouté nos pistes et a demandé des choses comme "Êtes-vous sûr de l'ordre de votre playlist?". L'ordre des chansons actuel n'était pas celui-là au départ. Nous étions assez confiants quant à l'ordre, nous pensions que les histoires que nous racontions dans nos chansons étaient assez bien organisées, mais ensuite il nous a donné son avis et nous avons commencé à réfléchir un peu plus profondément à tout cela. Et nous avons finalement changé la structure de l'album. Il nous a beaucoup aidés.
LGR: Jouez-vous dans d'autres groupes, pour d'autres projets?
HB: Non, nous n'avons que Holy Bouncer depuis le début. Nous avions un autre chanteur quand nous étions plus jeunes. Mais maintenant Jordi est le chanteur.
Jordi: Un jour aussi, il vont me virer, je le sais! (rires)
HB: Oui, dès que nous aurons fini la tournée! (rires). Et peut-être le guitariste aussi! (rires).
LGR: J'ai vu un clip d'une de vos chansons "Anticipation". Il existe une version censurée du clip sur YouTube...
HB: Ouais. Lorsque nous avons téléchargé la vidéo sur YouTube, ils ne nous ont pas laissé la publier sans censurer les parties explicites. "YouTube n'aime ni les seins, ni les chattes, ni les bites!".
HB: Maintenant, nous travaillons sur un nouveau clip pour une de nos chansons, ça sera moins provocant (rires). Nous sommes aidés par deux types de cadreurs professionnels; ils nous aident quand ils le peuvent.
LGR: Est-ce plus difficile de trouver des concerts en France qu'en Espagne?
HB: Hé bien, le fait est qu'en Espagne nous sommes en mesure d'appeler directement les lieux, parce que nous pouvons utiliser notre langue maternelle. Lorsque vous voulez jouer hors de votre propre pays, la communication est très difficile. Nous avons dû écrire des mails aux salles, et les gens ne donnent pas autant d'attention à un mail qu'à une personne qu'ils ont au téléphone. En France par exemple, beaucoup de gens ont répondu à nos mails en français! (rires). Nous écrivons en anglais, et ils ont compris parce qu'ils ont répondu, mais ils l'ont fait en français...
LGR: Avant, en France, les salles avaient assez d'argent pour payer les groupes grâce aux entrées. Est-ce aussi plus dure aussi maintenant en Espagne?
HB: Nous savons que certains groupes qui, il y a quelques années, touchaient 600 € par concert, même s'il s'agissait de petits groupes! Pour nous 600 € serait beaucoup. Nous avons l'habitude d'en obtenir 200, 100 et même rien la plupart du temps... Nous avons commencé à organiser notre tournée l'année dernière, et on nous ont dit que les gens ont de moins en moins d'argent à mettre pour les concerts et donc les salles ont de moins en moins d'argent pour payer les artistes. Nous touchons assez pour survivre. Nous avons un peu d'argent et cela nous permet de passer de villes en villes. Globalement nous perdons de l'argent à cause de notre musique... Et nous aimons ça!
LGR: C'est Rock n 'Roll! (rires).
Crédits Photo : Amina Osman
HB: En Espagne, beaucoup de salles ferment ces derniers temps, en raison du manque de public, du manque d'argent ou même des lois chaque année plus strictes. Et c'est partout à peu près la même chose. C'est comme cela en Espagne, en France, et nous savons que c'est aussi comme ça au Portugal par exemple. J'ai lu quelque part qu'en Angleterre, il y a environ 400 concerts tous les soirs, seulement à Londres. C'est énorme, mais c'est sûr que chaque concert est payé n'est pas payé ou comme de la merde. Ce qui est assez logique au final.
Si vous êtes un groupe de rock psychédélique ou de garage, vous savez que jouer en Angleterre ou aux États-Unis donnera à votre groupe un peu de reconnaissance, donc c'est intéressant d'y aller même si les concerts ne sont pas bien payés. C'est une culture différente quand il s'agit de rock n 'roll. Certaines personnes en Espagne disent même que l'Espagne est en fait le pire pour le Rock, alors si vous allez en Allemagne, Hollande, etc, vous obtiendrez de meilleurs cachets. Ca reste à voir, nous n'y sommes jamais allé (rires). Et bien sûr il ne s'agit pas de l'argent que les gens vous donnent, mais qu'ils aiment ce qu'ils voient et entendent, qu'ils écoutent ou non et qu'ils ressentent quelque chose ou non. Ce n'est pas important qu'ils achètent notre CD ou nos T-Shirts de merde. Je n'ai pas dépensé d'argent à écrire nos chansons, j'y ai passé des heures et ce que j'aimerais, c'est que les gens passent des heures à écouter ce que nous avons créé. Une heure pour une heure.
LGR: Écoutez-vous des groupes de rock psychédélique / progressif modernes?
HB: Tame Impala, MGMT, Temples, King Gizzard & The Lizard Wizard et beaucoup d'autres bien sûr. Marc Demarco aussi, nous l'avons vu à Barcelone, c'était fou. Il accomplit quelque chose de pur. Il semble si naturel, c'était incroyable. Marc Demarco a cassé une corde, il s'est assis sur le sol et a commencé à la changer. Pour patienter les autres musiciens ont commencé à jouer une reprise de Coldplay je pense, et c'était étonnant avec quel naturel tout cela se passait.
LGR: Merci beaucoup à vous tous pour votre temps, c'était vraiment un plaisir de discuter de tout cela. Je vous souhaite le meilleur pour la suite!
HB: Merci, merci à La Grosse Radio de l'avoir fait, c'est génial! Rendez-vous bientôt, et keep on rockin'!
Interview réalisée par Martin Roignot et traduite par Yann Landry
Crédit photo : Amina Osman
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