The Pretty Reckless au Bataclan ! Concert sold-out depuis belle lurette… Dès 18h30, le boulevard Voltaire est rempli de clones de « Little J. » de Gossip Girl. Pour ceux qui ne suivraient que de loin l’actualité télévisuelle, il faut rappeler que Pretty Reckless est mené par la charismatique ex-actrice, top-model de 23 ans Taylor Momsen. Alors l’actrice s’est-elle muée en chanteuse ? Saura-t-elle convaincre aussi par sa musique toutes ces adolescentes vouant un culte sans borne à la Gossip Girl ? La réponse un peu plus loin…
Mais avant cela, penchons nous sur l’ambiance dans la salle. Une fois n’est pas coutume la musique de fond nous invitant à patienter avant l’arrivée des groupes est en totale adéquation avec la soirée. Du bon rock puissant, hard-rock même ! AC/DC, Guns’N’Roses… C’est plaisant de pouvoir boire un verre avant des hostilités sans devoir subir une musique hors contexte.
Et pour rentrer dans le vif du sujet, les Cruel Knives sont un « opening act » de qualité. Les gars investissent la scène du Bataclan maintenant plein comme un œuf. Le public répond favorablement aux sollicitations du chanteur et les Cruel Knives font monter le public en température. Après une demi-heure de show, voila tout le monde prêt à accueillir les Pretty Reckless…
Après un petit parcours du combattant pour aller se positionner dans le « pit » photographe (un petit exploit pour obtenir le précieux sésame délivré au compte goutte), les trois musiciens, Jamie Perkins à la batterie, le « gratteux » Ben Phillips et Mark Damon à la basse, investissent les lieux et commencent à envoyer le riff de « Follow Me Down ».
Quelques instants plus tard, Miss Momsen arrive sous un tonnerre d’applaudissements. Bien qu’habituée des séances photos, Taylor n’utilise plus « live » sa plastique avantageuse comme un appât et c’est dans une allure plutôt gothique comme depuis 2014 qu’elle se présente sur scène. Finie la lingerie, place au cuir noir très sobre. Depuis quelques temps, la musique prime et la volonté de ne plus mettre en avant le physique semble évidente. C’est tout à l’honneur de la demoiselle.
Pour les photographes, l’affaire se corse. Après deux morceaux au lieu des trois prévus, nous voila sommés de vider les lieux ! Passage par l’extérieur, dépôt des appareils photos à la consigne ! Un protectionnisme très américain. Après ce petit parcours du combattant pour les photographes amoureux de musique (certains n’étant là que pour le coté people), nous voilà en mesure d’apprécier pleinement l’étendue des talents du groupe.
Les déjà classiques « Make Me Wanna Die » et « My Medicine » sont repris en cœur par une grande partie du public qui manifestement avait bien révisé les paroles. Sur scène, Miss Momsen virevolte littéralement et arpente tout l’espace disponible sans relâche. Elle se permet même quelques notes de guitare sur « Make Me Wanna Die ». A l’inverse, les trois musiciens, bien que délivrant un rock ‘n’ roll de qualité sont très en retrait. Il est assez impressionnant de voir une telle maitrise de la scène chez une jeune femme de 23 printemps seulement.
Mais en plus de la présence ou même de la prestance scénique, Taylor Momsen peut compte sur un atout de poids, sa voix. Taylor se montre très à l’aise dans beaucoup de domaines. Elle est aussi vaillante lorsqu’il faut se sortir les tripes sur de titres comme « Living In The Storm » que lorsqu’elle évolue dans un registre beaucoup plus feutré, plus soul comme sur « Prisoner ». Sur des morceaux comme « Sweet Things » où plusieurs styles s'entremêlent, elle n’a rien à envier aux grandes prêtresses du hard rock comme Doro Pesch de Warlock. On retrouve d’ailleurs quelques similitudes dans ces deux voix graves et puissantes. Mais on peut aussi trouver d’autres nuances très différentes rappelant les travaux de Nico avec le Velvet Underground. Une vraie richesse vocale et une signature singulière font de l’organe de Taylor un outil de qualité.
Coté compo, les titres tiennent la route et sont facilement exploitables « live ». « Heaven Knows » et « Going To Hell » sont acclamés par la foule qui en redemande. Le très sympathique (for the devil) « Take Me Down » remporte les faveurs du public et, placé en fin de set, est d’une efficacité diabolique.
Et pour finir en beauté, un « rappel » avec un « Fucked Up World » rehaussé d’un solo de batterie non dénué d’humour où le batteur martèle ses fûts soutenu par une bande son d’abord façon musique classique avec des violons puis façon remix techno avec des beats de plus en plus improbables. Taylor et ses sbires reviennent conclure le morceau tout à fond ! Une bien belle performance ce soir !
Taylor Momsen est donc en train de réussir avec les Pretty Reckless le pari osé de s’imposer dans le monde de la musique hard rock sans user à outrance de son physique. L’affaire n’était pas gagnée dès le départ mais avec son culot, son aplomb sur scène et surtout sa voix, la miss nous en met plein la vue, à tel point que les trois musiciens pourtant excellents de bout en bout semblent vite devenus les faire valoir de Taylor. Attention à la possible crise d’ego de ces derniers, mais quel plaisir de voir cette jeune actrice se transformer doucement mais surement en grande dame de la chanson rock !
SETLIST
Follow Me Down
Since You're Gone
Oh My God, Hangman
Make Me Wanna Die
My Medicine
Prisoner
Sweet Things
Who You Selling For, Light Me Up
Just Tonight
Living in the Storm
Heaven Knows
Going to Hell
Take Me Down
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Fucked Up World