Mike Oldfield – Return To Ommadawn

Pour un artiste, la fin de carrière est impensable. Les géants des années 70 ont toujours une pêche considérable quand il s'agit d'arpenter les studios, nous offrant nombre de merveilles encore aujourd'hui. Malheureusement, il y a toujours un revers de médaille, et c'est ici le flux d'artistes qui devraient lever le pied depuis longtemps et s'accrochent toujours au bout de gras. Après les derniers efforts de carrière franchement discutables de Mike Oldfield, ce dernier revient à ses premières amours, et pond une suite à l'un de ses phares de proue. La passion sera-t-elle aussi puissante que la nostalgie ?

Dans la tête des fanatiques du cinéma d'épouvante, le nom de Mike Oldfield fait encore frissonner. Celui qui réussit à coller au déjà glauque L'exorciste du génie William Friedkin une ambiance encore plus sombre et malsaine avec son Tubular Bells a une réputation bien méritée. Professionnel de l'instrumental progressif et cyclique, il réussit via plusieurs albums brillants à créer des spirales musicales difficiles à appréhender de par leur complexité mais envoûtantes dans leur ressenti.

Pourtant, là où beaucoup se seraient contentés de parfaire leur genre et surtout d'y rester, à l'image d'un Vangelis ou d'un Jean Michel Jarre, Oldfield s'illustre dans les années 80 dans une pop facile et millimétrée (le morceau le plus connu et représentatif restant "Moonlight Shadow"), se mettant les fans de rock progressif à dos mais s'attirant les faveurs d'un nouveau public. L'intelligence de sa carrière sera alors d'alterner les deux genres et d'essayer de constamment s'y renouveler. Là où quelques fulgurances seront à constater, les erreurs artistiques culminent, et le mauvais goût domine. En témoigne Man On the Rocks, en 2014, qui était aussi sirupeux qu'un antitussif trop sucré.

Alors à voir le titre du nouvel album proposé par le musicien, c'est autant d'appréhension que d'excitation qui nous anime. Return To Ommadawn. Retour vers cet album phare, digne cadet de Tubular Bells, pierre angulaire du genre qui avait contribué en 75 à faire avancer le rock progressif. Deux pistes, d'une vingtaine de minutes chacune, pour un résultat qui dégringolera après quelques minutes.

En effet, si quelques petits gimmicks de Ommadawn sont présents, voire repris à la lettre, il ne se passe pas grand chose. L'album s'ambiance, fait couler ses nappes avec persistance et jamais ne démarre. Et si elle est peut être animée des meilleures intentions, et biaisée par un manque d'inspiration certain, la démarche semble en tous points malhonnête. Mike Oldfield, en essayant de faire revivre ses moments forts - car c'est également comme cela qu'il fera parler de lui (on se souvient plus du nom de ses titres que de leur auteur, c'est souvent ainsi, et nombreux sont ceux qui n'hésiteront pas, pour tenter de refaire la couverture de magazine, à éditer un nouvel album reprenant un titre jonché d'un vulgaire et insultant "2"), dilapide son héritage en y apportant de nouveaux arcs inutiles, comme il l'avait déjà fait en apportant deux suites (l'une était en partie potable, concédons) hautement plus oubliables à Tubular Bells.

Si l'idée était de faire une suite à un tel album et son aura révolutionnaire, on aurait apprécié plus d'audace, quitte à en détester le contenu. L'impression de ne voir ici aucune réelle démarche artistique si ce n'est de balancer des nappes insipides pendant 40 minutes est plus insupportable que d'écouter un mauvais album, même si en l'occurrence oui, Return To Ommadawn s'écoute sans problème ni haine. Cet album sera surtout porteur de deux occasions : celle de vous parler d'Ommadawn, véritable découverte musicale, et celle de vous inciter, si ce n'est déjà fait, à vous intéresser aux premières œuvres de Mike Oldfield. Lui qui était un géant alors le sera toujours pour ces mêmes raisons. 
 

NOTE DE L'AUTEUR : 3 / 10



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