Les lyonnais et le Transbordeur ont une longue histoire avec les Skunk Anansie. Plusieurs rencontres entre le groupe et ses afficionados ont eu lieu entre ces murs depuis les années 95. Les voilà donc de nouveau réunis, et nous aussi mais avec une petite appréhension car la dernière rencontre il y a 4 ans sentait presque le renoncement.. Allions-nous au spectacle de la mort du cygne version rock ce vendredi 27 janvier au transbo ? Allions-nous vivre un adieu déchirant peut-être larmoyant voire pathétique ?
Beaucoup de questionnement donc, voire de craintes dans les rangs de la file d'attente du bar entre la première partie : The pearl harts et Skunk Anansie, même si le plaisir de retrouver une fois encore (la dernière ?) les protagonistes de nos (belles) années de révoltes insouciantes et de rock'n'roll reste (presque) intact.
Dans les questions, il y a également celle de la fréquence inhabituelle de ces passages sur scène dans la capitale des Gaules en particulier et le pourquoi une autre tournée pour défendre le même dernier album. Sur la scène, une toile recouvre la scène sur laquelle trône pour le moment un micro.
Un indice sur ce qui se trame derrière le rideau, 3 régies sont installées sur une partie des gradins avec en prime un système vidéo... Après de longues minutes et un transbo bien rempli mais d'une patience d'ange, le noir se fait dans la salle et la toile dévoile une scène inattendue.
Un mur de led et un espace surélevé sur lequel se tient Mark Richardson entouré de ses fûts et autres cymbales (la batterie oui !) sur lequel il entame directement les premiers coups de " And here I stand ". L'auditoire est saisi, directement et se met à dodeliner de la tête et taper des pieds alors que Skin, qui vient de rentrer sur la scène emmitouflée dans un manteau épais qui pourrait laisser penser qu'elle n'est pas encore complètement chaude pour être dedans, pousse son premier "bonsoir Lyon" tonitruant et rassurant. Elle enquille directement et puissamment sur le morceau.
Bien sûr, Skin ne reste pas en place et commence sa ronde de droite à gauche sur la scène sur laquelle se tiennent bien sur Cass (bassiste) côté cour et Ace le guitariste côté jardin. Etrangement, il se tient quelqu'un d'autre sur la scène, complètement excentrée, discrète, derrière 2 petits claviers et un micro, une femme que Skin présente rapidement comme Erika Footman qui se trouve être aussi la compagne de Mark Richardson, le batteur.
Dès les premiers morceaux, on sent bien que la fée du renouveau est passée par là. Skin le dira également : " Brand new show, brand new songs ". Au moins un morceau d'ailleurs n'avait jamais été tenté par le groupe sur scène : " Victim ", forcément, plutôt très machine il ne pouvait être joué sans cette configuration des 4 Skunks + une Erika.
La scénographie se dévoile petit à petit. Grace aux murs d'images et de lumières elle donne au visuel une profondeur et des couleurs magnifiques et bien senties sur certains morceaux. Sur quelques-uns d'ailleurs, ce sont carrément des petits films, montages illustrant le propos du groupe : " That sinking feeling " ou " Charlie big potatoes ".
Nous ne pouvons nous empêcher de penser alors à la rencontre des Skunk Anansie avec les Shaka Ponk... Y'aurait-il eu conseils, partages ou tout simplement l’idée à reprendre à la sauce S.A une idée S.P ? En tous cas celle qui dit qu'on peut faire du rock et proposer un visuel travaillé. Connaissant les compétences infographiques de la bande de Fra, il n'est bien sûr pas question d'avoir les même exigences mais de rajouter un petit plus à l'ambiance, l'émotion dégagée par le groupe, visuellement. C'est tout à fait réussi et les morceaux s'enchaînent rapidement.
Aussi surprenant que naturel, Skin, quasi quinqua déchire encore tout à la voix et enchaine les prouesses vocales parfois quasi inhumaines. Cependant, la présence d'Erika enrichit absolument sa prestation. Bien sûr, les puristes peuvent grogner, mais l'harmonie entre les deux voix permet de retrouver la puissance des compositions sur bande (sur lesquelles Skin fait ses propres choeurs) que la configuration combo rock à 4 n'avait jamais permis de mettre en scène. C'est pour le coup, sans conteste, l'un des meilleurs concerts des Skunk Anansie depuis la tournée Stoosh en 97 il y a 20 ans !
En tout cas, si les musiciens sont plutôt statiques, Skin, sur scène, saute, virevolte, danse, joue de la guitare, du thérémine (cet instrument electronique étrange qui se joue sans le toucher), fait la comédie, interpelle le public, choisit un fan et l'embrasse en toute simplicité au milieu du public, puis pique les lunettes d'un sécuri-man.
Elle chante, rit, balance quelques petites phrases " f..king politicals " : Trump, la résistance, le retour des " Little Baby Swastika " dont le groupe reprend du coup le morceau sur scène quand Skin se dit désolée que le morceau n'ait non seulement pas une seule ride, mais devienne absolument d'actualité...
Elle pleure aussi... malgré le nombre incalculable de fois ou elle a chanté certaines paroles, on la sent très touchée par ses mots lancés vers on ne sait qui mais qui lui arrachent apparemment encore les tripes... Et les notre évidemment.
Pas de fausse notes dans la soirée. Quelques fins de morceaux un peu brutes, un démarrage de machines foiré qui a bien fait marrer le quintet, c'est bien tout.
Pourtant le groupe ne s'est pas foutu de son public. Ce ne sont pas moins de 25 morceaux qui ont été joués en un peu plus de 2 heures ! Skin dira d'ailleurs que le groupe commence a avoir beaucoup de morceaux et qu'il devient difficile de choisir ceux qui vont être joués le soir.
La soirée de Lyon était une des première de la tournée 2.0 d'Anarchytecture et les petits ajustements vont surement en faire une machine de guerre faite pour donner de grosses claques et un gros moment de bonheur si le son des salles est aussi parfait que celui du transbo ce soir-là
Un concert dont on ressort avec une banane qui perdure un temps certain !
La tournée continue d'ailleurs dans toute l'Europe ou la plupart des soirées sont sold out mais il reste des places à ce jour pour le Bataclan, Clermont-Ferrand et Toulouse... Nouveaux fans, anciens afficionados, curieux : SI vous voulez passer un moment d’exception, courrez-y !
Setlist :
"And here I stand"
"Intellectualize my blackness"
"Because of you"
"I will break you"
"I hope you get to meet you"
"My love will fall"
"My ugly boy"
"Twisted"
"Weak"
"Hedonism"
"Death to the lovers"
"Victim"
"Love someone else"
"That sinking feeling"
"I believed in you"
"Can't get by without you"
"We don't need who you think you are"
"God loves only you"
"Yes it's fucking political"
"Little Baby Swastika"
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"Spit you out"
"Infidelity"
"Tracy flaw"
"Charlie big potato"