Il y a des soirées que l'on attend depuis longtemps... L'Elysée Montmartre, tout juste remis après ces longues années d'extinction des feux, s'est fait tout beau, tout chaud, pour accueillir le retour de Un Air Deux Familles, quinze ans après. Les Ogres de Barback et les Hurlements d'Léo sont venus partager leur soif de vie. Retour sur une soirée qui restera dans les mémoires.
meliSsmelL
Comme tout au long de cette mini-tournée de 5 dates, c'est une femme qui ouvre le bal. Paris voit ainsi meliSsmelL entrer sur scène, simplement accompagnée d'un guitariste et d'un clavier. Configuration minimaliste, un jeu de scène limité au strict minimum, cachée sous sa capuche, meliSsmelL ne joue pas sur le visuel. Ce n'est pas non plus l'essentiel: La voix, éraillée, porte. Elle transporte même. Un faux air des chansons à texte des grands ainés, Léo Ferré, Brassens, mais surtout une force, un caractère. Que ce soit dans les morceaux, dans les thèmes abordés, ou dans les échanges entre les morceaux, meliSsmelL porte son message haut et fort. Et clair, pas d'ambiguités.
40 minutes de concert, 40 minutes qui ont conquis l'Elysée Montmartre. Les morceaux s'enchaînent, les paroles portent. Que ce soit pour fustiger la minuscule place laissée aux femmes par les religions, ou par les maux de nos sociétés modernes (sic), meliSsmelL mène son concert à bras le corps, portée par des arrangements aux petits oignons.
meliSsmelL est à suivre sur son compte Facebok.
Son dernier album en date, L'Ankou, est sorti chez Pias en septembre dernier.
Un Air, Deux Familles
Le temps d'une pause, et nous revoilà quinze ans en arrière. Tu te rappelles, le LatchoDrome, cet espèce de châpiteau improbable, planté aux 4 coins de la France, et même au-delà? Cet endroit magique, plein de musique et de partage ? Et bien, ce soir, le LatchoDrome s'est posé au pied de la butte Montmartre. Ce n'est plus une salle, c'est un autre monde, bigarré, mélangé, libre.
Les premières notes lancent les festivités. Mostari, et ses cuivres survitaminés, mettent le feu au plancher. Fred et Kebous ne tiennent pas en place, ça saute, ça danse, c'est communicatif. L'enchaînement avec Jojo, la chanson de l'homme à l'accordéon, ne va pas calmer les ardeurs, loin de là. Et c'est tout naturellement que Fredo lance un "on est sous le chapiteau, et on met le feu!" à la fin du morceau. C'est vrai, on n'a pas vieilli, on y est toujours! Bon, d'accord, mettre le feu à l'Elysée Montmartre, ça a déjà été fait... Vanne facile, on l'oublie. Retour au live.
A la guitare, on note que Napo est devenu un membre de la famille. Il faut dire qu'après deux ans de Les Hurlements chantent Mano Solo, difficile de quitter le bateau. Et le bateau, justement, il ne sombre pas, loin de là. Les morceaux s'enchaînent, repris en coeur par une salle complètement acquise, et qui n'a pas oublié les paroles.
Seul avec Jojo, Fred démarre un Rue du Temps, plein de nostalgie. Petite acalmie bien méritée, juste avant un Café des Jours Heureux qui, tout en accélération, finit avec tous les cuivres en avant de la scène. Petite madeleine de Proust, on attaque le retour de la Ventura, et de Angelo le Mafioso. Une reprise de la Mano Negra fait toujours mouche. La version de 1R2F, mi tzigane, mi fanfare, mi un-peu-tout, emporte tout sur son passage. Une grosse patate, on vous dit!
Quelques morceaux plus tard, Kebous prend la parole, pour raconter leur voyage à Mostar, ville bosniaque ravagée par la guerre. Après avoir retracé leur aventure, il lâche : "certains font le service militaire. Nous on a fait le LatchoDrome". Tout est dit. Puis c'est Starimost, plein d'émotion. Beau moment, tout en retenue, et plein de force.
Les Ogres de Barback et les Hurlements d'Léo sont nombreux sur scène. Mais ils en veulent toujours plus, et invitent autant que possible des amis sur scène. C'est d'abord le tour de meliSsmelL de remonter co-interptéter Avril et Toi. Petit trou de mémoire au milieu, pas de problème, tout le monde patiente, et c'est reparti.
Puis ce sont les 3 de La Rue Ketanou qui viennent participer à la fête. "Il y a des cigales dans la fourmilière", ce titre est visiblement encore dans toutes les têtes, l'Elysée Montmartre le récite sans faute. Puis un deuxième titre, Les Mots, n'en jetez plus!
Pour preuve de leur travail intense, et pour montrer que ces retrouvailles ne sont pas que un concours de circonstance, Fred introduit un nouveau morceau, une nouvelle composition. Plutôt rock'n'roll d'ailleurs. Ce sera ensuite Pas du Gâteau. Deux ans de tournée des Hurlements avec Mano Solo dans le porte-bagage, "le plus grand poête" comme l'appelle Kebous, ça laisse des traces. Des bonnes traces d'ailleurs, avec une intensité dans l'interprétation qui donne la chair de poule.
Le final est bien sûr entonné à tue-tête. "Rue de Panam", hymne des Ogres, était on ne peut plus attendu. Le LatchoDrome d'un soir en tremble encore. Cest la joie dans Paris...
Quelques instants pour se recoiffer, changer les roues du camion, ou manger un bout de tartiflette (on ne saura jamais ce qui se passe avant les rappels, gardons ce mystère...), et revoilà la joyeuse bande. Cirrhose pour l'émotion, Ticket pour le KO pour le réveil, et pour conclure, Salut à Toi, final à fond, rock'n'roll jusqu'au bout. La reprise des Bérus sonne juste, ad libitum. Tous les invités remontent sur scène, meliSsmelL, La Rue Ketanou, rejoints par Arno Futur. Le morceau dure, se repose, pour repartir de plus belle. Un feu d'artifice pour une belle soirée.
Et, comme pour prolonger encore un peu cet échange, ce partage, tout ce petit monde finira au milieu de la salle, équipés de mégaphones, en mode fanfare, pour un ultime morceau. Une belle conclusion, pour une soirée dont on se rappellera.
Après cette mini-tournée, Un Air Deux Familles se reposera quelques temps, avant de reprendre la route des festivals. Toutes les dates sont disponibles sur la page Facebook de Jojo, porte-parole web du collectif. On trouve également les infos sur les sites web des Ogres et des Hurlements.
Setlist :
Mostari
Jojo
Mytho
Rue Du Temps
Le Café des Jours Heureux
Grand Mère
La Ventura (Mano Negra)
La Malle En Mai
Starimost
Avril et Toi
La Piave
Les Cigales (de et avec La Rue Ketanou)
Les Mots (de et avec La Rue Ketanou)
Pages de Ma Vie
Quand tu Seras
Une Idée Passée
La Gare de Caen
Pas du Gateau (Mano Solo)
La Ruelle
Rue De Panam
Rappels:
Cirrhose
Ticket pour le KO
Salut à Toi
Crédits photos : © Rodolphe Goupil, tous droits réservés.
Merci à Julien, de Irfan (le label).