Les Mustang le proclament haut et fort sur leur page Facebook ; "On n’est pas aux Victoires de la Musique et on s’en tamponne le coquillard" ! Soyez donc deux fois remerciés, fiers et sauvages équidés. Pour votre irrévérence ô combien salutaire par ces temps de consensus mous du g’nou et pour votre vocabulaire qui fleure bon son petit Audiard illustré. Pas étonnant donc qu’au menu de ce 4ème opus, figure ce superbe titre qu’est "Salauds de pauvres". Ce qui demeure en revanche incompréhensible, c’est que malgré une presse souvent laudatrice, Mustang peine à franchir la ligne d’arrivée dans le peloton de tête, alors des groupes autrement moins sincères et percutants trustent les premières places… Il est de notre devoir de lutter contre cette injustice flagrante !
Pourquoi prendre fait et cause pour nos valeureux Mustang ? Tout d’abord, parce que leur rock fifties mâtiné parfois de krautrock est ultra efficace tant à l’écoute que sur scène. Et secondo, parce qu’ils font partie de ceux qui ont le courage de chanter en français, en ayant soin d’être également audibles et bien groovy. "Karaboudjan" instru surf-rock qui ouvre l’EP leur sert également à introduire leurs concerts, histoire d’annoncer la couleur. Et croyez-moi sur parole, y a pas maldonne ; le public part à chaque fois au quart de tour ! Un p’tit malin dans mon genre leur a fait remarquer sur leur page Facebook que le riff de "Brianstorm" des Artic Monkeys ressemblait curieusement au leur. Ce qu’ils ont nié farouchement et on peut les croire sur parole ; si influences il y a, elles seraient plutôt à chercher du côté de Suicide, des Stooges et du Saint Patron Elvis. Et à propos d’influences, ce titre mystérieux fait-il référence à :
A Le cargo de "Tintin et les crabes aux pinces d’or"
B Le cocktail cognac / liqueur de café / crème de whisky
C Une fanfare du Sud Ouest
Tant qu’à interagir avec eux sur Facebook, posez-leur la question !
Jean Felzine (chant / guitare), Rémy Faure (batterie) Johan Gentile (basse) Photo Marie Planeille
N’allez pas croire que les Mustang sont des rockers sans cœur, loin de là… Pour preuve, cette déclaration d’amour, certes un peu cash de Jean à Johanna Wedin (sa compagne et sa partenaire dans leur délicieux duo pop). Amateurs et amatrices de mièvreries à la Chéline Pion, passez votre chemin ! Avec "Johanna", c’est l’osmose pas de doute mais pour autant, ça n’empêche nullement que ça cartonne, comme la mélodie de ce titre, tube pop puissance dix ! "Dis-moi merde" enfonce le clou sur fond de riff de guitare haut perchée et de nappes de violons teintées d’ironie. Une chanson de rupture à prendre là aussi au second degré, aux antipodes du poncif "on reste amis hein…". "Séparons-nous dans un vacarme / Dignes de ce qu’on a été / Je veux des cris, du sang, des larmes / Dis-moi merde et partons fâchés". Ca secoue, non ?
Clip de Salauds de pauvres
Depuis son "pantalon" sorti à l’époque de A71 et qui avait fait coulé beaucoup d’encre parmi les plumitifs bas-de-plafond imperméables au second degré, on sait que Jean Felzine a la plume caustique et titilleuse, voire un franc écrire fort salutaire. Il chante ce que bon nombre de beaux esprits aimeraient beugler dans leurs douches pour se décomplexer et que les Rastignac élevés au grain par la finance fredonnent en se rasant le matin devant leurs miroirs… Il me semble qu'il est autrement plus efficace de dénoncer le mépris affiché de la France d’en haut envers ces "Salauds de pauvres", avec humour et sur fond de ska guilleret plutôt qu’en bêlant son indignation, gratte acoustique en bandoulière. Si d’aventure, certaines de vos relations s’offusquent des paroles ; passez-leur le clip, ça les décillera grave ! J’avoue qu’après une telle rhétorique et ces arguments étayés et circonstanciés, je serais comme Mustang. "Inconsolable", si je ne suis pas parvenu à vous convaincre de vous procurer au plus vite cet EP. Allez, soyez pas bégueules, leur dites pas merde aux Mustang et allez les voir le 15 avril prochain à la Maroq !
Tracklist
Karaboudjan
Johanna
Dis-moi merde
Salauds de pauvres
Inconsolable
Sortie le 27 janvier 2017 chez A*Rag
