Romain Humeau sillonne les routes de France en solo pour présenter la première partie du diptyque Mousquetaire, dont le premier opus Mousquetaire #1, est sorti fin septembre 2016.
Cet album figure en bonne place dans le Big Very Best of Rock 2016 de la rédaction, et Romain est un de nos artistes français favoris, il était impensable de ne pas aller s'immerger dans sa pop-rock mélodique et poétique.
Iaross
Avant cela, le groupe Montpelliérain Iaross ouvre le bal, sur le fil tendu de la chanson rock poétique. Sur scène, en première ligne Nicolas chante et joue du violoncelle. Le lyrisme grave de son cello contrebalance le phrasé un peu slam de ses paroles. C'est une formation à trois têtes : Nicolas au chant et au violoncelle, Colin au clavier et à la guitare et Germain à la batterie.
La musique d’Iaross est posée par touches, dans une théâtralité musicale travaillée. La batterie souligne les silences, le violoncelle est parfois joué aux doigts comme une contrebasse ou parfois saisi à l'archer pour un lyrisme poignant. Les morceaux montent vers une tension dramatique avant de se terminer comme suspendus à une dernière note. Les textes quant à eux sont poétiques et obscurs, ils laissent paraitre une envie de se dégager d'un carcan opressant.
Romain Humeau
Lorsque Romain Humeau joue en solo, il est tout de même accompagné de fidèles compagnons de route : ses acolytes d'Eiffel, Nicolas Bonnière à la guitare et Estelle Humeau au clavier mais aussi de Guillaume Marsault à la basse, et Hugo Ceschoz à la batterie, avec lesquels il avait enregistré Vendredi ou les Limbes du Pacifique, sorti en juin 2015.
Le concert s'ouvre avec «L'éternité de l'instant», issu de l'album éponyme, première œuvre en solo de Romain Humeau. Pour la version live, le titre est allégé de son intro tourmentée. La basse langoureuse de Guillaume Marsault semble évoquer le clavier de «50 feet of pure white snow» de Nick Cave & the bad seeds, et Romain n'attend pas longtemps pour nous offrir d'entrée toute l'expressivité de sa voix.
Vient ensuite «Amour», de Mousquetaire #1, plus mutin, qui prend sur scène une allure de cavalcade chaloupée. On se rapproche, le nez dans les enceintes de retour, et autour de nous l'audience partage la chance d'assister au concert quasiment les yeux dans les yeux avec les membres du groupe. C'est d'ailleurs un public déjà conquis à sa cause qui est majoritairement présent ce soir. Les paroles des chansons sont connues et chantées en chœur même si nous laissons à Romain le soin de pousser de la voix, nous contentant de fredonner pour finir le morceau.
Romain ne se considère pas comme un artiste seulement Rock, il l'a déjà dit plusieurs fois en interview, ses influences sont très multiples. Nombre de ses morceaux ont une tonalité plus pop, dans ce que ces trois lettres ont de plus noble : des mélodies finement travaillées, des orchestrations soignées. Ainsi «Velours de Gosse », présent sur le dernier album, est un bon morceau pop rock, aux mélodies travaillées avec soin. Mais pour autant on est loin de bailler. C'est une alchimie entre legèreté et gravité, entre guitares accoustiques et basse appuyées, avec des éclats de rire qui fusent, de rage contrôlée.
Si la dernière galette de Romain est à l'honneur ce soir, nous aurons tout de même le droit à quelques inédits, qui seront sur Mousquetaire #2, dont la sortie est prévue au printemps. L'album s'annonce prometteur, même si les versions live sont certainement coulées dans un autre moule que les versions studio.
«Quixote» souffle un air de liberté, de grand ouest, ses paroles sont pleines de clins d'œil et de références aux héros littéraires de l'enfance, de sifflements de garnement et toujours, en signature, la voix de Romain, chargée de mélodies aux sonorités orientales. «Loveless» fait converser deux guitares accoustiques sur les fondations solides plantées par une basse puissante. Dans les blancs une très légère ritournelle au piano se fait entendre. «Do the Math», une chanson dédiée au massacre du Bataclan s'enchaine avec «Naked lunch», à l'ambiance 70's...
Retour à Mousquetaire #1 avec «Futures», chanté en anglais, entre deux éclats de rires sur scène. C'est un bon exemple de ce qu'est le rock de Romain Humeau : il est difficile de résister à l'envie de taper des mains et de chanter en choeur cette médolie entrainante, sur laquelle Estelle pose un clavier délicat. Nicolas de son coté arrive par on ne sait quel truchement à faire rugir sa guitare Martin&co Mini qui se débat comme une lionne.
Pour «Struggle inside» les guitares et la basse sont à l'honneur, et le morceau s'achève par un dialogue entre la fender jaguar de Romain et le clavier d'Estelle Sur la chanson «Collateral» Romain canalise la colère des guitares et de la puissante basse à 5 cordes par la mélodie sinueuse de sa voix.
Une pulsation à la batterie électronique débute «Paris». Les guitares sont à peine effleurées, et laissent transparaitre tout l'humour de cette chanson pour laquelle Romain nous gratifie de ses meilleures mimiques.
A l'humour légèrement amer de la chanson précedente, succède la gravité de «Marjane», ode à l'enfance, à l'enfant qui vient de naître, ici sa nièce. Romain chante les yeux fermés, quelle difference d'interprétation avec le morceau précédent !
Le concert poursuit sa route avec «Ce soir les gens» et «No one wins», deux morceaux assez sombre où la basse est à l'honneur, et nous offre des solos virtuoses. A la fin de «No one wins», la Fender Jaguar de Romain est en roue libre et hurle à s'en faire péter la corde. On retrouve ensuite de la legèreté avec «Tensional», écrit nous dit Romain en pensant à Macron. Voix moqueuse et choeurs de gamin frondeur...
Ce concert montpelliérain aura marqué par sa fougue poétique, son toupet rock derrière les envolées mélodiques, pour une maîtrise du quintet qui aura ravi les fans. Avec 2 albums solos au compteur et l'absence de reprise de morceau d'Eiffel dans ce set qui aura duré 1 heure 30, Romain Humeau, enrhumé ce soir, aura assuré le show. On attend donc Mousquetaire #2 avec impatience...
Set complet en photos : voir ici
Crédits photos : Philippe Poulenas et Yann Landry