Anathema au Bataclan de Paris (02.05.2012)

Vu la forme olympique qu'ils affichent sur album, le doute n'est pas permis quant à la qualité du spectacle que va proposer Anathema au bataclan. Un problème de pneu crevé me fait rater la plus grande partie du set d'Amplifier qui assure la première partie. Pas grand chose à dire sur un titre et demi, pas de chance, ce sera pour une prochaine fois. Le public les applaudit chaleureusement à la fin de leur set, sans pour autant avoir l'air de déborder d'enthousiasme. Il faut dire que le titre et demi que j'ai pu écouter ne m'a pas vraiment donné envie d'en savoir plus. Sans vouloir manquer de respect à la formation, c'est peu dire que la Cavanagh/Douglas company est attendue ce soir. Et le concert sera à l'image de l'album, d'une simplicité, d'une aisance et d'une beauté à couper le souffle.

Une chouette introduction nous met dans le ton dès que les lumières s'éteignent. Et c'est non seulement tout sourires mais aussi clairement ravi d'être là que le combo britannique monte sur scène devant un public qui le lui rend bien. La réaction est immédiate dès que le groupe démarre « Untouchables » sur les chapeaux de roue. Car outre que tout ce beau monde a considérablement progressé niveau écriture (la différence avec l'ère Judgement est flagrante), son travail constant et le moral au beau fixe qui reflète leur réussite sur album leur confèrent un naturel désarmant. Vinnie est en grande forme et sa voix se marie parfaitement avec celle de la chanteuse Lee Douglas, désormais pleinement intégrée et qui sans changer radicalement le son du groupe lui apporte de nouvelles couleurs bienvenues. Il faut voir le chanteur profiter de la fin du morceau et de son rythme plus enlevé pour aller headbanguer comme un furieux devant les premiers rangs. On savait qu'il était un excellent chanteur, mais il s'est surtout affirmé comme un frontman de première !
 


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Le superbe « Lightning Song » permet une nouvelle fois au duo de briller avant que Vinnie, qui parle un très bon français et ne s'en prive pas, annonce « Thin air », accueillie comme un classique.  Danny est également très proche du public, large sourire et très relax tout en étant pleinement concentré sur sa performance  Un petit « Dreaming light » après, il est temps de dégainer quelques vieilleries, à commencer par « Deep » qui fait encore monter l'applaudimètre. Même le claviériste Daniel Cardoso est à fond et chante toutes les paroles depuis son estrade ! Et il faut voir Vinnie, encore lui, qui s'amuse, emprunte l'appareil d'un photographe pour prendre le public et se démène dans tous les sens avec une décontraction et une classe typiquement british. Si on apprécie de retrouver cet excellent titre, il permet une fois de plus de réaliser à quel point le combo a progressé. Alors que l'on s'extasiait sur eux déjà en 1999, il était alors difficile d'imaginer qu'Anathema allait devenir bien plus qu'un groupe de métal planant. Judgement s'offre son moment dans le show puisque « Emotional Winter » et « Wings of god » s'enchaînent.

 

Lee Douglas s'éclipse durant ces morceaux et revient pour « A simple Mistake », extrait plus sombre de We're here..., avec son petit côté Alternative 4 et qui voit les musiciens renouer avec un certain spleen mélancolique. Anathema dispose désormais d'un répertoire devenu tellement énorme qu'ils peuvent se permettre de nous ballader sur de véritables montagnes russes émotionnelles, comme sur le long des 10 minutes de « The Storm before the calm » extrait de Weather Systems et qui poursuit dans la même veine, tout en étant bien plus abouti que son grand frère. Le break et ses délires bruitistes est une nouvelle fois l'occasion d'un grand moment avant que la montée finale, imparable et magnifiquement exécutée, ne nous ramène vers la lumière. Si ça c'est pas de l'enchaînement qui tue...

Retour à la lumière donc avec « The beginning and the end » et surtout le magnifique « Universal », une des plus belles réussites de we're here... Quelques blagues en franglais sont l'occasion de reprendre ses esprits avec qu'un « morceau de punk » ne vienne s'en charger. « Panic » est joué à un tempo tellement effréné qu'une spectatrice âgée, surprise de se retrouver au milieu de premiers rangs qui commencent à sauter dans tous les sens, fait un malaise. Le groupe s'interrompt le temps qu'on puisse l'évacuer avant de reprendre de plus belle et de s'éclipser brièvement sur un dernier extrait de Weather Systems.
 


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Encore sous le choc de la baffe qu'on s'est prise pendant plus d'une heure trois quarts, les musiciens reviennent vite sur scène pour un premier rappel consacré à A Natural Disaster avec l'excellent « Closer ». Vinnie reste derrière son clavier en fond de scène pendant que son grand frère, bien décidé à finir de la meilleure des façons, harangue le public et incite le balcon à s'exciter. On reste sur A natural Disaster le temps  de la chanson titre, l'occasion pour Lee Douglas de nous faire vivre une fois de plus un pur moment d'émotion. Après « Flying », il est temps de se séparer sur un ultime rappel, l'inévitable « Fragile Dreams ». Qu'il est loin le temps où Anathema suscitait de grands espoirs avec les faux jumeaux Alternative 4 et Judgement ! Le groupe a fait plus que confirmer et peut désormais se targuer d'avoir réussi son pari de se transformer, de muer et de franchir plusieurs paliers dans son expression artistique. Le rendez-vous est déjà pris pour cet automne, puisque 'ils reviendront pour une tournée plus conséquente et que Vinnie a évoqué une éventuelle date à l'Olympia. Aujourd'hui, difficile d'imaginer ce qui pourrait bien les arrêter.
 



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