Deux jours à peine après la discrète sortie de leur nouvel EP, intitulé Mind On Fire, Abændon répond présent dans la salle de la Péniche Antipode, pour un show très spécial. En pleine évolution du line-up, suite au récent départ de son bassiste, le groupe joue ce soir dans une configuration unique. En équipe réduite, la formation vient défendre son nouveau bébé et distiller son rock aux accents pourpres teinté de touches progressives.
Un membre en moins dans un quatuor, ça se ressent généralement beaucoup, surtout quand l’instrument manquant est aussi central à la cohésion de l’ensemble que ne l'est la basse. Pourtant, Gaspard Kremer rassure très vite tous les suspicieux en démontrant qu’il n’a aucun mal à combiner sur ses claviers les lignes de basse et ses propres envolées. Ray Manzarek ne l’aurait pas renié. Si le son manque un peu de finesse au début, l’équipe de la Péniche fera le nécessaire pour corriger le tir après le premier titre, ”A Good Friend”, et fournir au public un mix plus équilibré, mettant également bien en valeur le jeu percussif très technique d’Adrien Rouyer et les riffs habiles de Kostia Yordanoff.
Un autre point qui aurait pu se révéler difficile à gérer dans cette nouvelle composition est l’utilisation de la scène. Les doutes sont, ici aussi, levés bien vite : Kostia donne tout ce qu’il a entre chaque intervention. Chaque riff, chaque phrasé est l’occasion d’un déhanché ou d’une petite danse. Le spectacle est donc également visuel, et on ne s’ennuie absolument pas. Enfin, de nombreux regards complices entre les trois musiciens viennent encore s'ajouter à cela, témoins d’une alchimie forte et du plaisir réel à jouer ensemble.
Le chant ayant toujours été partagé au sein d'Abændon, il est logique de voir que Kostia et Adrien se répartissent (en fonction du registre) l’ensemble des parties qu’avait Arnaud Rebel lors de sa présence dans le groupe. L’introduction de “There Are Moments” est du coup l’occasion de voir le batteur quitter son siège pour venir debout au micro chanter la magnifique mélodie de ce titre issu de l’album Noise From The Flat Next Door. Le public est captivé et scande à de nombreuses reprises les refrains accrocheurs disséminés le long des morceaux, en particulier sur Mind On Fire et sa rythmique endiablée d’une efficacité redoutable en concert.
Point d’orgue de la soirée, Abændon a choisi cette date pour révéler une nouvelle composition pas encore finalisée : “Big blue stag”. Au menu, un mélange à priori assez improbable entre ambiances typées orientales et gros riffs qui tâchent, dont le ressenti n’est pas tellement loin de ce que l’on peut trouver dans les albums d’une formation comme Alice In Chains. Plus encore que les autres titres joués ce soir, cette composition survoltée est prétexte à des improvisations dans tous les sens. Ça joue, les membres communiquent beaucoup et il pleut du solo, pour le bonheur de nos oreilles.
De concerts en concerts, Abændon continue de prouver à son public qu’il a quelque chose de très intéressant à proposer. Sa formule de rock qui sait rester accessible en y infusant en nombre des idées venues d’horizons très variés se révèle très efficace en live. Malgré le départ d’un des membres fondateurs, la qualité est toujours au rendez-vous : l’équipe a su composer avec cette donnée et adapter sa performance en fonction, nourissant le public réceptif de la péniche. Logiquement, le groupe est déjà en quête d’un nouvel as de la quatre cordes. On attend donc de voir comment s’intégrera ce prochain bassiste dans cet ensemble.
setlist:
A Good friend
One last time
Helping hand
There are moments
Big blue stag
Black wine
Mind on fire
Hurry up
Crédits Photos : Jeanne Ignatiew
Chronique de l'EP à venir sur La Grosse radio !
