Cela fait un très long moment que nous sommes sous le charme de l’indispensable Shannon Wright. 26 années après ses débuts avec le trio Crowsdell son premier groupe et 18 ans après avoir débuté en solo avec un premier album Flighsafety, l’immense artiste revient sur les devants de la scène en ce début d’année avec son onzième album qui se nomme Division. Il fait suite au brillant In Film Sound au contenu riche de brûlots noise-rock sorti en 2013.
Avant cela, on était à deux doigts de ne plus entendre Shannon Wright après qu’elle ait vécu et traversé de gros moments de doutes et d’incertitudes en ce qui concerne son avenir dans la musique. Usée par sa vie sur la route et ce boulot de musicienne solo qui rapporte si peu au final, l’Américaine a failli raccrocher les gants et jeter l’éponge définitivement.
A la fin d’un concert dans une petite salle de Rome qui s’était pourtant très bien passée, l’immense pianiste française Katia Labèque a retrouvé dans la loge Shannon au bout du rouleau et au bord des larmes. La première venant la féliciter chaleureusement, la seconde lui répondant qu’elle allait sans doute raccrocher. La réponse de Katia Labèque ce soir-là fut véhémente. "Tu es faite pour cela, tu dois continuer". Voilà comment une immense artiste a soutenu une autre immense artiste dans un moment capital de sa carrière qui pouvait donc signifier la fin de celle-ci. Cette décision aurait tellement été regrettable et si triste tant son talent est immense et unique.
Cette magnifique rencontre s’est poursuivi alors puisque Katia Labèque a invité Shannon Wright à venir composer dans son studio à Rome en lui donnant des dates très précises pour que l’Américaine vienne à coup sûr et elle est venue... C’est à ce moment qu’à débuter l’histoire et l’écriture de Division. Clairement, Division n’aurait pas existé sans le soutien inconditionnel de Katia Labèque. C’est d’ailleurs logiquement que le partenaire musical de Katia, David Chalmin, a enregistré le disque Division en le produisant à Paris. Concernant le contenu de cet album si brillant, il est court (33 minutes) mais comme un peu tous les albums de Shannon Wright. Contrairement aux trois précédents albums, Honeybee Girls (2009), Secret Blood (2010), In Film Sound (2013), les guitares sont moins présentes.
En revanche, c’est le piano et le clavier qui sont bien plus mis en avant sur ce nouvel album. Il n’y a rien de surprenant quand on connaît l’histoire. Shannon apparaît toujours avec sa fragilité, ses fêlures, sa force et elle offre en 10 morceaux une ambiance et un univers d’une beauté captivante et si pure. Viscérale, indispensable, Division est si fort, si profond, si beau qu’elle réussit à nous bouleverser encore une fois. On savait qu’elle était une compositrice de tout premier plan et là, on découvre une arrangeuse de talent. Le son est magnifique et les arrangements ainsi que la production sont parfaits. Shannon Wright a réussi à se relever grâce à des rencontres formidables et ce talent unique qu’elle a de nous faire chavirer. Division est tout simplement beau, mystérieux et on est tellement heureux de la retrouver avec un tel album qu’elle défendra forcément sur scène, là où elle est encore plus brillante.
Sortie le 3 février 2017 chez Vicious Circle
