L’indispensable Shannon Wright a débuté sa tournée fin février en France. L’artiste, auteure-compositeur-interprète va donc défendre sur scène son 11ème album, le très réussi Division. Il vient tout juste de sortir et il permet à ce diamant brut de poursuivre brillamment sa carrière qu’elle a démarrée il y a 25 ans. C’est peu dire qu’on était très heureux de la voir sur scène lors de son passage à Paris au Café de la Danse et dans une salle pleine à craquer. Elle le mérite tant.
La salle est pleine et le Café de la Danse est dans sa configuration maximale. Devant la scène, la fosse est remplie de gens debout et on observe les fans impatients et qui sont prêts à en découdre. Shannon Wright brasse large car son public va de 20 à 60 ans, voire plus.On retrouve même une petite fille de 10 ans avec sa maman tout devant. L’ambiance est très chaleureuse. La configuration scénique est parfaite. On retrouve son piano noir côté gauche, côté droit la batterie et en arrière-plan, entre les deux, le clavier. Ce qui laissera toute la place nécessaire à Shannon Wright de s’exprimer quand elle sera debout au chant et à la guitare.
Le chat sauvage peut se montrer imprévisible parfois et surtout agité. En attendant, la tension monte peu à peu. A l’arrivée sur les planches du batteur, du claviériste et de Shannon qui tout en saluant discrètement son public va s’asseoir sur son siège face à son piano, le silence prend place dans le Café de la Danse afin de permettre aux premières notes de piano, aux premiers sons de sa voix d’être appréciés et savourés à leur juste valeur. Le concert peut alors commencer, il est 21 heures. Les quatres premiers morceaux seront interprétés au piano et on débute évidemment par des nouveaux titres jamais entendus en live, ceux extraits de son brillant Division. Le début du show pendant ses 15 premières minutes est le reflet de son nouvel album. L’ambiance qui sait installer dès les premières notes sont délicieuses, prenantes et captivantes.
On l’écoute avec grand plaisir et on se recueille devant la grâce de ses mélodies si belles. Les deux musiciens qui l’accompagnent font corps avec Shannon et la suivent habilement. Après avoir débuté le set dans une douceur totalement intime, Shannon Wright se lève, elle prend sa guitare et se pose devant nous. Elle accorde son instrument quelques instants, elle ne parle pas, son visage est à peine visible tant son épaisse chevelure le cache pratiquement. Chez Shannon, on aime le calme mais également la tempête. Cette dernière va bientôt arriver. Au cinquième titre, on aura droit à un premier brûlot noise-rock de tout premier plan mais ce n’est pas encore le très grand vent. Il arrivera avec le surpuissant "Commoners Saint" extrait de l’album Secret Blood qui est terrifiant d’efficacité. La guitare vous plonge dans un tourbillon et le morceau nous procure une énergie incroyable qui nous transporte.
Notre coeur palpite et notre peau frissonne de plaisir. On se surprend à fermer les yeux, dents serrées. On suit Shannon Wright avec envie et enthousiasme partout où elle veut nous amener. On la croirait habitée. Sur un de ces titres bien enlevés, elle crie sur la fin de la chanson dix secondes sans musique. Sa rage est impressionnante, bouleversante. Elle fait des petits pas en arrière, elle tourne autour d’elle-même avec sa guitare la tête parfois basse et les cheveux tombants. On mange dans sa main. Le chat a sorti ces griffes. On repart après sur une période plus calme au piano et puis viendra trop rapidement le rappel au bout de 70 minutes quasi parfaites. Le seule reproche que l’on peut faire véritablement , c’est que tout n’est pas encore parfaitement bien rodé.
C’est le début de la tournée et on entendra quelques pains qui ne nuieront fort heureusement pas à l’ensemble. Ils nous saluent et quittent la scène. Quelques instants plus tard, Shannon revient seule au piano et ils finiront à trois ce long rappel de plusieurs chansons. A 22 heures 30, après une heure et demie remarquable, ils nous quittent, nous remercient en levant les bras sans un mot. Visiblement ce soir, vu son sourire, l’immense et talentueuse Shannon Wright fut ravie de l’accueil qu’on lui a réservé et nous, on a pris un pied fou. Demandez donc à la demoiselle à côté de nous ce qu’elle en a pensé de sa soirée. Elle pleurait d’émotions dans les bras de son ami. Comme cette fan, ce soir, on a été touché en plein coeur.
Remerciements association Wart, guillaume label Vicious Circle, le Café de la Danse
Crédits photos: Jérôme Agier
