Jesca Hoop – Memories Are Now

"Jesca Hoop n’a pas besoin d’appuyer ses mélodies pour les rendre plus efficaces pas plus qu’elles ne les susurrent pour les rendre davantage sensibles."

Après avoir sorti un album en duo avec Sam Beam (aka Iron & Wine), Jesca Hoop revient cette année de nouveau en solo avec Memories Are Now, qui mine de rien, signe là son cinquième album. Drôle de parcours que celle de madame Hoop, sorte de Mary Poppins du désert californien, à l’enfance mormone et puissamment folk, passant de guide de survie en pleine nature à nourrice pour les enfants de Tom Waits, d’espoir de la Columbia à artiste confirmée du label Sub Pop, bref, on peut dire qu’au fil des années, c’est un sacré (et sacrément bizarre) bout de chemin qui aura été parcouru.

 

folk, americana, indie, 2017

Si le style de la dame est majoritairement folk, Hoop ne se restreint pas à cette unique définition et s’amuse à brouiller les pistes, piochant ce qui l’amuse aussi bien dans le blues ("Memories Are Now") que dans le rock ("Cut Connection") et la world music ("Animal Kingdom Chaotic"). Sa musique a donc cette qualité protéiforme tout en prenant bien garde de ne s’exprimer que d’une seule et même voix. Une voix que l’on sent parfaitement à l’aise et sûre d’elle. En effet, Jesca Hoop n’a pas besoin d’appuyer ses mélodies pour les rendre plus efficaces pas plus qu’elles ne les susurrent pour les rendre davantage sensibles. Et cette épure n’enlève rien de la technicité d’un titre comme "The Lost Sky", enrobé d'une virtuosité toute Julia Holterienne qui fort heureusement n’est jamais martelée pour épater la galerie, mais sert plus simplement à viser juste tout en revêtant l’apparente simplicité de l’évidence.

 

folk, indie, americana, 2017

Il y’a aussi un côté americana, cow-girl revendiqué comme sur "The Coming" et qui à l’image des autres chansons, vient réchauffer le coeur. Porté comme la brousaille par le vent du désert, on ne voit pas passer les neufs titres de la setlist, l’esprit encore embrumé de nos rêves de cheminées de fée d’un ocre profond. Et c’est peut-être ce type de paysage qui définit le mieux Jesca Hoop, la sorcière d’un légendaire grand Ouest fantasmagorique, esquissé par la musique, rêvé par l’auditeur. On ne pourra donc que vous conseiller le voyage, par curiosité, d’abord, mais surtout et avant tout par plaisir. Pour une fois que la folk sait être assez maligne et ose intelligement déborder du cadre (sans se prendre les pieds dans le tapis au passage), ce serait sacrément dommage de s’en priver, vous ne croyez pas ?

 


 


Sorti le 10 février chez Sub Pop

Crédit photo : DR

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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