47 ans après la sortie de leur premier album Kobaïa, le légendaire groupe de rock, jazz, progressif et avant-gardiste Magma qui est mené de main de maître par le non moins légendaire Christian Vander, fondateur, batteur et compositeur de la formation a déposé ses valises dans la grande salle de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand en ce vendredi 17 mars. Après le «Endless Tour» qui a duré deux ans pour fêter à travers le monde et notamment en Chine pour trois dates leurs 45 ans de carrière, le collectif continue à donner des concerts via ce «Reset Tour» depuis février 2017 et et de nombreuses dates sont programmés jusqu’en juin pour le moment. Un peu plus de 600 personnes étaient présentes ce soir pour accueillir Magma aux pieds des volcans d’Auvergne.
Que veut bien vouloir dire ce nom Reset Tour choisi pour cette nouvelle tournée ? Le début de la fin, vouloir tout effacer, allez savoir, en tout cas, il est bien difficile de faire un reset sur 47 années de carrière très riches en concerts, en albums et cette forte personnalité qui les caractérise. Qu’on aime ou pas leur univers, Magma aura suscité tout au long de leur parcours une vive curiosité et même s’ils n’ont jamais explosé commercialement, le groupe aura réussi à fidéliser de nombreux fans au fil de toutes ces années et c’est bien cela la vraie définition du succès, faire carrière et disposer dans sa valise d’un grand nombre de fans, acharnés pour certains d’entre eux qui leur vouent un culte immense.
La salle est dans la pénombre depuis quelques minutes et à 21 heures, le groupe apparaît sur scène sous des applaudissements chaleureux. Les trois voix se placent devant nous, l’éternelle et épouse de Christian, Stella Vander, Isabelle Feuillebois et Hervé Aknin. Il y a une véritable atmosphère de cathédrale qui s’installe, c’est étonnant. On retrouve à droite le nouveau pianiste, claviériste de Magma Jérôme Martineau-Ricotti, Philippe Bussonet à la basse, Christian Vander et sa magnifique batterie au centre de la scène et côté gauche le guitariste Rudy Blas ainsi que le vibraphoniste Benoit Alziary.
Contrairement aux deux dates de l’Olympia dont celle du 2 février dernier chroniqué dans nos pages, Magma n’est pas accompagné cette fois-ci du Mëtalik Orchestraah l’orchestre de 27 musiciens. Celui-ci était constitué des élèves de Didier Lockwood qui sera lui aussi sur scène à l’Olympia pour un solo de violon psychédélique. Ce soir, à la Coopérative de Mai, on est en configuration classique mais loin d’être réduite avec ces 8 artistes tout de même.
On chante le Kobaïen, un langage extraterrestre qui est la langue imaginaire créée par Christian Vander. Cette langue et leur musique jazz-rock nous plongent dans un autre monde, celui de l’univers progressif avec ces morceaux qui peuvent durer longtemps, très longtemps. Le chant nous intrigue, nous séduit et on apprécie ce que l’on entend. Définitivement, Magma est inclassable. La formation est un laboratoire d’expérimentations sonores qui nous offre un voyage imaginaire, lyrique, guttural et profond.
On vit l’univers musical de Zeuhl qui nous envoie dans le cosmique et l’étrange. Durant 1h40, on entendra trois titres "Ëmëhntëhtt-ré" et ces trois parties, "Theusz Hamtaahk", "Kobaï" et en rappel une rareté "Ehn Deiss". Sur ce dernier titre, Christian Vander sera debout et au chant. Il chantera d’ailleurs régulièrement pendant le concert. On ressort de la salle avec une sensation qu’on n’avait jamais connue auparavant. On n’a pas forcément aimé passionnément mais on a été malgré tout séduit par le monde de Magma.
Remerciements à Magma, à Scarlett
Crédit photos: jérôme Agier
