Coup de coeur de fin d'année 2016 pour La Grosse Radio, Sate était attendue avec impatience pour la tournée de Red, Black And Blue. C'est à Savigny-Le-Temple, dans la toujours superbe salle de L'Empreinte, bastion des musiques amplifiées du 77, que l'artiste et son groupe se produisent ce soir. L'occasion d'aller vivre une nouvelle odyssée rock n roll dans une salle qui est chère à la rédaction.
C'est dans une salle malheureusement quasiment vide que Wakan Tanka officient leur première partie. Grand mal fasse aux absents, le rock sensuel et ressenti du trio aurait laissé bien des rêveurs. Faisant penser par moments à la simplicité des Black Keys à laquelle se mêlerait la voix d'un Ian Astbury déchaîné, c'est dans leur énergie que le groupe communique le plus d'émotions.
Chacun est à fond dans son art, ne le lâche pas une seule seconde, et la formation atypique (pas de basse mais un clavier qui en plus de penchants mélodiques à mi-chemin entre électronique et aérien assurera la clé de fa) surprend par sa cohésion, malgré une musique plus technique qu'elle n'en a l'air. C'est d'ailleurs là la force de Wakan Tanka, réussir à délivrer des morceaux riches tout en ne faisant jamais baisser la pression. Le set est calibré pour la scène, en témoignent les arrêts synchrones, ces trois musiciens savent jouer ensemble et les présents ce soir les en remercient.
Le second constat de la soirée sera plus alarmant. On se souvient qu'à la même Empreinte, Christian Descamps s'était dit touché de voir les gens se déplacer pour apprécier du spectacle vivant plutôt que de s'enfermer devant la boîte à cons. À l'arrivée de Sate sur les planches, c'est encore moins de monde qui est présent pour acclamer une prestation qui en mettrait beaucoup à l'amende. À croire que C8 a un talent qu'on ne lui connaît pas pour qui préfère s'abrutir devant.
Les absents ont toujours tort, et c'est plus que vrai ce soir. Car loin de se débiner devant les cinquante âmes qui ont daigné s'intéresser au concert du moment, la canadienne a beaucoup à donner. Accompagnée de musiciens du plus haut talent (on pense notamment à Alex, son bassiste, extrêmement à l'aise), elle nous montre qu'elle a tout compris au rock, à la soul, au hip-hop et au funk, en a ingéré chaque essence pour en ressortir un mix complet, riche et puissant.
Si Red, Black And Blue avait fait son effet en studio, il est ici sublimé par une formation qui est clairement faite pour ça. L'aisance ainsi que le jeu fait de chaque membre une bête de scène accomplie, autour de laquelle Sate déambule et se déhanche avec complicité. Une reprise de Black Sabbath avec "War Pigs" en rappel, et le tour est joué, cette première tournée a un potentiel énorme, prête à affronter de plus gros événements.
C'est donc agaçant de voir peu de monde pour soutenir le groupe surtout quand on voit un tel concert, intense et hautement musical. Pire encore, le public présent, probablement venu pour Wakan Tanka, qui bénéficiera d'un accueil plus enthousiaste, a l'air de totalement s'en fiche. La plupart sont assis, discutent entre eux, balancent une vanne pendant les moments de silence, et n'essaie pas ne serait-ce que le temps d'un morceau d'essayer de s'imprégner un minimum de l'ambiance. Certains étaient là, et y ont vu le vrai talent, une prestation vivante et intense comme on en voit peu. On espère qu'ils en parleront autour d'eux et que Sate aura l'aura qu'elle mérite.
Photos : Olivier Gestin @2017. Tous droits réservés.