"sans jamais tomber dans une noirceur excessive, l'album n'a rien d'une ode naïve au bonheur de vivre"
Originaire de Montpellier, Volin n'est pas vraiment rock mais lorgne bien plus volontiers du côté de la chanson française. Pas de la variété pathétique habituée des grands médias, non, on parle ici de belles compositions, de textes finement ciselés, d'atmosphères diverses et variées, en bref de la belle chanson, celle qui fait et a toujours fait de la résistance envers et contre tous pour exister. Oubliez les Raphaël, les Bénabar et autres pantins désarticulés : Volin vaut bien mieux que ça. Le trio ne réussit pas tout, mais fait déjà beaucoup.
Beaucoup, ce sont des ambiances tour à tour oniriques, comme cette délicieurse introduction sur "Il me reste", légère et douce comme un flirt fugace, ou plus graves comme sur le single "Canon", qui démontre rapidement que le groupe n'est pas là que pour conter fleurette. Les textes sont déclamés lentement, les mots choisis avec soin pour décrire un voyage intérieur au sein d'un monde complexe. De sorte que sans jamais tomber dans une noirceur excessive, l'album n'a rien d'une ode naïve au bonheur de vivre. La rage sourde de "Volcan" a même quelque chose d'étouffant, malgré une instrumentation dépouillée. Pas besoin d'artifices, juste de bons musiciens qui n'ont pas peur de partir à l'aventure et qui mettent leur savoir-faire au service de leur musique.
Le trio ne réussit pas non plus sur toute la ligne, notamment du fait de ce chant qui conserve le même débit lent qui fait qu'il n'est pas toujours évident de garder le fil des textes. D'un autre côté, cet aspect vaporeux et rêveur nous évite tout caractère péremptoire qui aurait pu s'avérer pénible, mais un peu de diversité supplémentaire derrière le micro n'aurait pas été de refus.
Fort heureusement, l'essentiel est ailleurs, dans un album riche et très joliment tourné. Clairement, ce trio possède des qualités d'écriture indéniables, notamment dans la personne de son principal instigateur Vincent Colin, bien secondé par des acolytes issus du jazz et qui tissent l'écrin idéal pour accompagner les pérégrinations artistiques de leur patron, allant jusqu'à s'effacer presque complètement sur le crépusculaire "La tête haute", à la limite du post-rock. En effet, outre la chanson, l'autre versant des influences de Volin est à rechercher du côté de Sigur Ros et Portishead.
Fort d'un bel éventail d'influences bien digérées, d'un éclectisme mis à profit avec bon goût et de capacités instrumentales leur permettant d'éviter toute esbrouffe, Volin nous offre avec Volcan sa contribution, sa pierre à l'édifice d'une chanson / rock français qui n'a peur de rien et qui porte fièrement son étendard.
Sortie le 31 mars chez Antipodes Music / L'Autre Distribution
7,5 / 10
A noter qu'en plus des concerts au zébre de Belleville à Paris le 28 mars et au Black Sheep à Montpellier le 31, Volin fera la première partie de Matmatah, notamment les 16 et 17 mai à la Cigale.
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