1=0, en voilà une équation foutraque. Nous avions croisé le groupe lors du dernier MaMA Festival dans un concert à l'arrach' à l'Artscénik Café où dans l'urgence le bassiste portait son sac à dos sur scène. Après avoir vu cette expérience, il nous tardait de les entendre plus posés. Et voici qu'il est là, 6 mois plus tard, un EP 5 titres. Cœur qu'il s'appelle et il touche le nôtre. Si ce n'est pas ça le but de la musique, qu'en attendre de plus ?
Plus posés, supposions-nous en préliminaire, les membres de 1=0 le furent probablement en studio mais cela ne se ressent pas dans leur musique ni dans leurs textes, où l'urgence semble être pour eux une expérience de chaque jour. Des titres de chansons courts : "J'ai", "Yogi Girl", "Coeur", "Mon Fils" et enfin "Esclave". Une briéveté que l'on retrouve dans leur durée, les deux derniers morceaux durent deux minutes et quelques secondes quand les trois premiers ne mesurent qu'une minute de plus. Et pourtant, ces titres prennent le temps de se lancer, de développer leurs thèmes, leurs instrus, les riffs, leurs arpèges pointus devant lesquels une voix acerbe, mordante, semble prise dans la tourmente du temps, des événements, de la vie. Cette voix sait s'effacer pour laisser les guitares grinçantes guider l'auditeur dans ce cyclone d'émotions.
Quatre garçons pas du tout dans le vent
Ces émotions, reflets de ce qui se passe ici et là dont 1=0 nous narre en frappant les mots, en frappant le centre, dans un trou noir pour une nouvelle vie ("J'ai"). Des mots sévères, des mots durement choisis "dans les vagues de terreur" avec "le martellement de la foi" dans "Yogi Girl" dont la deuxième moité est une instumentale qui monte en force et nous saigne jusqu'au "Cœur" où "l'on reste sur nos peurs", juges rigides. On se manipule, destructeurs, puis on médite, on réfléchit "l'univers dans la main" mais finalement toujours "Esclave" de nos orgasmes vains, de nos manques, fuyants dans les flammes, dans l'oubli de la dépendance au manque. "On tranche les liens avec la technologie" pour qu'"il ne reste rien d'autre que le cœur", et nous leur donnons raison.
Comme tous les grands littérateurs, ils aiment manier les jetons de Scrableu, de Scrablhe, de Scr, et merde !
(source photo : FB du groupe)
Nous n'osons à peine nous plier à l'habituelle et si réductrice notation de cet EP, tant il est particulier, à mi-chemin entre rien. Non, rien après "rien". Slam Rock diront certains pédants. De la musique vibrante, plus sobrement. On pensera au groupe Bruit Qui Court pour tenter d'ajouter un membre à cette famille. La musique dans des cases ne leur convient pas, pas à eux. Non. Nous mettrons une note, en cliquant fragilement du bout du doigt. Oui, cet album est vibrionnant. Oui, il vous saisira. Procurez-vous-le. Ecoutez-le. Ou allez vous faire mettre (le disque).
Sortie le 31 mars chez Quixote
Crédit photo : La Taj