Pride Of Lions – Fearless

Sorti en début d’année chez Frontiers Music SRL, Fearless se présente comme le nouvel album à écouter dans le style rock FM/AOR, “conçu par l’homme derrière Survivor comme une pure production rassemblant le meilleur des années 80 avec les techniques de production actuelles”. Ode au rock à paillettes ou testament d’une période révolue ?

Une fois n'est pas coutume, avant de décortiquer la musique, intéressons-nous au clip vidéo réalisé pour le single “All I See Is You”. Il vaut non seulement son pesant d'or, ne serait-ce que pour le niveau de kitsch rarement atteint, mais donne également dès les premiers instants la mesure complète du contenu que le groupe nous offre. Jugez plutôt les premières secondes : sur fond de gratte-ciels, une beauté plantureuse accompagne d'une danse le jeu très mélodique d'une guitare électrique translucide, illuminée de l’intérieur. Et ce n'est que le tout début, il faudra vous accrocher pour le visionner sans interruption.

Une question se pose alors : sommes-nous bien en 2017 ? En effet, on se croit presque de retour quelques décennies dans le passé (la qualité de l’image en plus), après avoir atteint la sacro-sainte vitesse de 88 miles à l'heure à bord de la DeLorean du Doc. Ici, c’est indéniablement la seconde moitié des années 80 qui sont à l’honneur, lorsque le rock'n'roll était encore synonyme de permanentes, de son de synthétiseur premier prix et de jeans en cuir moulants. Sans surprise, il n'y a pas de grand travail de composition à attendre sur Fearless, à l’exception de quelques passages bien ficelés dans les soli, à la grande limite.

À moins d'être en grand manque de ce type de rock très représentatif de son époque, dans lequel les accords très simples de claviers répétés à l’envie accompagnent à merveille les thèmes très joyeux et matérialistes et les rythmiques très binaires, il n'y a pas vraiment de raison de s'intéresser plus en détail au nouvel album de Pride Of Lions. Si vous avez en revanche regardé et apprécié le clip vidéo mentionné plus haut, vous êtes peut-être un fervent amateur des Foreigner, Europe, Def Leppard et autres grands noms des genres Hard FM et AOR Rock. Sachez alors que Fearless possède plusieurs qualités qui en font un prétendant honnête pour rejoindre votre discothèque.
 

Jim Peterik

Au cas où son nom vous serait inconnu, Jim Peterik est connu comme un des membres fondateurs et principal compositeur de l'illustre formation Survivor, jusqu’à son départ du groupe au milieu des années 90. Avec une telle référence du domaine aux commandes, la probabilité de retrouver des hymnes épiques bardés d’envolées dans tous les sens, des refrains hyper accessibles et des mélodies qui marquent l’esprit après écoute est très élevée. Et ça ne manque pas, les titres “Freedom Of The Night” ou encore “The Tell” réunissent tous ces éléments et l’addiction est inévitable.

La présence de Toby Hitchcock pour partager le chant sublime encore la formule, son timbre différent de celui de Jim apportant une touche nettement plus lyrique. Le lead est ainsi partagé selon les morceaux et les couplets, et si les passages assurés par Toby peuvent sembler parfois un peu trop démonstratifs (“In Caricature”), il n’y a généralement rien à dire au niveau technique. Il en va de même pour la production, impeccable du début à la fin : chaque instrument est bien mis en valeur dans le mix, chaque solo de guitare claque sans occulter la basse et les claviers dont l’association sert de ciment pour l’essentiel de la couverture musicale des couplets.
 

Jim Peterik, Toby Hitchcock

Douze titres dans un pur style Survivor, on peut donc craindre des titres trop semblables les uns aux autres. Heureusement, le duo a anticipé le risque et fait preuve d’une grande variété dans les ambiances que développent chacun des titres, alternant les véritables ballades capables de faire fondre un coeur de gros dur (“Everlasting Love”, “The Light In Your Eyes”) avec des titres beaucoup plus directs mais toujours aussi accrocheurs, basés sur des répétitions de power chords (“Fearless”, “Rising Up”). Notons que si le format radiophonique et l’abondance de refrains épiques peut tout de même lasser l’auditeur, l’intensité est maîtrisée du début de l’album au final du dernier titre “Unmasking The Mystery”, si bien qu’il n’y a pas réellement de titre faible dans cette galette.

Entre ses synthétiseurs centraux et ses riffs simplistes, dire que Fearless est extrêmement typé est un euphémisme. Conçu par l’homme derrière Survivor comme une pure production rassemblant le meilleur des années 80 avec les techniques de production actuelles, l’album s’avère bon en le considérant tel quel et va sans mal plaire à tous ceux qui attendent désespérément un revival de cette scène rock particulièrement désuète aujourd’hui. Mais justement, nous sommes en 2017 et la scène s’est largement diversifiée entre temps. Pride Of Lions a raté le train et est resté ancré dans le passé avec sa formule très codifiée et son héritage retranscrit sans prise de risque, ce qui donne au final peu de consistance à leur nouvel album, passé l’intérêt nostalgique.

Sortie le 27 janvier 2017 chez Frontiers Music S.R.L.

Crédits photo : Kristie Schram

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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