Depuis bien des années Steven Wilson et Mikael Akerfeldt (Opeth) nous parlaient de leur désir de collaborer sur un projet commun, mais c’est seulement récemment que les deux artistes ont réussi à se retrouver dans le studio de Steven Wilson afin de composer et enregistrer ce premier album éponyme de leur projet. C’est donc le 7 mai dernier qu’est sorti le premier opus de Storm Corrosion, tant attendu par les deux fanbases.
Après la sortie fin 2011 du dernier en date album d’Opeth, Heritage et de Grace for Drowning, second album du projet solo de Steven Wilson, il semblait assez cohérent que le Storm Corrosion vienne compléter une excellente trilogie faisant hommage chacune à sa façon au rock progressif des années 70.
Il est donc inutile de le préciser, Storm Corrosion n’est pas un album de métal, et si vous vous attendiez au contraire alors cet album n’est peut-être pas fait pour vous.
Ainsi avec ce projet S.Wilson et M.Akerfeldt nous ouvrent un univers pas complètement étranger puisqu’on y retrouve des éléments familiers, mais complètement nouveau dans son traitement. Tout d’abord par son côté réellement et complètement axé sur le rock progressif avec des compositions relativement longues (en moyenne de 10 minutes) restant dans l’ensemble très calmes, avec une batterie discrète mais très subtile, beaucoup de guitare acoustique et des harmonies vocales très travaillées et intéressantes, mais aussi par son côté très aéré et ce qui est vraiment agréable c’est qu’il est très dynamique: afin de préserver le maximum des nuances et ne pas avoir de compression il n’y a délibérément eu aucun mastering. La musique de Storm Corrosion est en soi très visuelle et descriptive, ce qui la rapproche de la musique classique par ses orchestrations et l’utilisation des cordes et vents qu’est faite dans cet album
On sent évidemment à la fois la très forte influence de Steven Wilson (c’est son projet après tout) mais la patte d’Akerfeldt est bien là elle aussi. Je me suis finalement surprise plus d’une fois à essayer de deviner si tel ou tel passage était de Wilson ou de Akerfeldt, sans vraiment y parvenir, et comprenant surtout que c’est une vaine entreprise.
D’ailleurs cet album ne ressemble finalement à aucun autre Wilson tout en utilisant certains de ses chemins. Bien sûr dans son caractère il fera penser pas mal au récent Grace For Drowning dans ses parties calmes, mais aussi par exemple dans le traitement du mellotron dans "Lock Howl" (2eme parie du morceau) qui nous rappellera les choeurs de "Raider II", et le passage suivant les harmonies vocales dans "Drag Ropes" nous rappellera le passage vers 4:30 de "I feel the dark" issu de Heritage. On retrouvera des influences de la musique classique, et tout particulièrement de l'impressionnisme musical ainsi, en écoutant l’introduction de "Storm Corrosion" on ne pourra pas s’empêcher à penser au début du "Prélude à l’après midi d’un Faune" de Debussy avec sa délicatesse et transparence. On reconnaîtra le Wilson de Bass Comunion dans les bruitages, et du Porcupine Tree des premières heures dans des morceaux comme "Hag". Mais on se rendra surtout compte que les deux univers musicaux , celui de Wilson et de Akerfeldt se sont mélangés à merveille pour donner quelque chose de totalement différent, sombre et mélancolique, profondément progressif, avec des harmonies et orchestrations absolument sublimes.
Alors, amateurs immuables du rock progressif, vous qui avez apprécié Grace for Drowning et Heritage, vous qui aimez les atmosphères changeantes et la musique très visuelle et descriptive, je vous invite à découvrir ce magnifique album sans plus attendre, si ce n’est déjà fait.
Dernière petite précision: Pour le moment, et à notre plus grand regret, il n’y a pas de tournée prévue pour ce projet. Cette question a été posée de nombreuses fois à Steven Wilson lors de la 2eme partie de la tournée GFD, il faudra donc patienter et espérer.
Track Listing:
Ӭ1. Drag Ropes - 9:52
Ӭ2. Storm Corrosion - 10:12
Ӭ3. Hag - 6:28
Ӭ4. Happy - 4:53
Ӭ5. Lock Howl - 6:09
Ӭ6. Ljudet Innan - 10:20
