" Je n'enregistre pas un album pour étaler mon linge sale en public. "
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Mike Duce et Dec Hart, le chanteur-guitariste et le bassiste de Lower Than Atlantis, à l'occasion de leur concert au Badaboum, à Paris. Nous en avons profité pour revenir avec eux sur Safe in Sound, leur dernier opus, un véritable succès puisque l'album a rejoint les Top 10.
Dec, Mike, merci de nous accorder cette interview ! Comment allez-vous ? Prêts pour votre concert de ce soir ?
Mike : Ça va, nous sommes prêts pour ce soir. On est vraiment fatigué, on a fait six heures de route depuis Berlin, c'était un peu dur ce matin. Mais on a un très bon souvenir de notre dernier concert à Paris, donc on a hâte d'être sur scène ce soir.
Safe in Sound est votre cinquième album, vous avez effectué un beau parcours depuis vos débuts.
Mike : Oui, Lower Than Atlantis existe depuis dix ans. À l'époque on avait pas mal d'amis qui jouaient dans d'autres groupes. Depuis, la plupart se sont séparés. Ça fait du bien de voir qu'après tout ce temps, nous sommes toujours là et que ça fonctionne.
Les morceaux « Had Enough » et « Boomerang » sont deux titres phares de ce dernier album, ils sont également très différents. C'est important pour vous de garder une certaine diversité au sein de vos albums ?
Mike : Oui, j'aime aller de l'avant, j'aime le changement, de cette façon les choses continuent d'être intéressantes. Ce serait ennuyeux pour tout le monde d'entendre toujours la même chose.
Dec : D'ailleurs, David Bowie est un exemple parfait de ce côté là, il se réinventait à chaque fois, c'était impressionnant !
Vous pensez qu'il y aura plus de morceaux dans le genre de « Boomerang » à l'avenir ?
Dec : Peut-être... On ne sait jamais, peut-être qu'on enregistrera plutôt un album de death metal la prochaine fois ! (rires)
De quoi vous vous inspirez pour écrire vos morceaux ?
Mike : La vie en général. Je suis une personne normale, je traverse les mêmes épreuves que tout le monde, et je transforme tout cela en musique !
Il y a morceau qui m'a particulièrement interpellé sur Safe in Sound, c'est « I Would ». C'est une chanson d'amour, mais elle est plus drôle que niaise. Vous pouvez nous en dire plus ?
Mike : En fait, je voulais vraiment une chanson d'amour sur cet album mais je ne voulais pas que ce soit trop niais, parce que je déteste ça. C'était une façon d'avoir cette fameuse chanson d'amour, en listant toute les choses folles qu'on peut vouloir faire pour sortir avec quelqu'un. Du moins, c'est ce que moi je ressens dans ces moments.
Vous avez une nouvelle fois travaillé avec le producteur Dan Lancaster. C'était important pour vous qu'ils produise Safe in Sound ?
Mike : On a travaillé avec lui sur notre précédent album mais nous avions également travaillé avec lui pour notre tout premier album. C'était donc la troisième fois qu'il produisait un de nos albums. Par contre, on a beaucoup travaillé par nous-mêmes sur cet album et Dan voyait ça d'un peu plus loin cette fois-ci. Il était présent, mais pas aussi investi que pour notre précédent album, Lower Than Atlantis.
Dec : Une chose qu'il sait particulièrement bien gérer, c'est le chant de Mike. Je pense qu'il arrive à tirer ce que Mike a de meilleur.
Mike : C'est vrai que j'ai énormément appris de Dan, mais le moment est peut-être venu de travailler avec quelqu'un d'autre. Nous verrons bien !
Vous préférez vous débrouiller par vous-mêmes ?
Dec : Oui complètement. Si on veut quelque chose qui soit bien fait, et fait selon nos critères, il faut qu'on le fasse nous-mêmes. On est dans l'esprit « Do It Yourself ».
Mike : C'est ça ! En plus, c'est un vrai plaisir de faire les choses par nous-mêmes. Ça nous plait, c'est primordial, je pense.
Au moment de l'enregistrement j'ai cru comprendre que vous aviez enregistré les instruments et les voix à plusieurs endroits différents. Comment ça s'est passé ?
Mike : On a enregistré la batterie dans un studio à Londres qui s'appelle The Pool. Puis on a fait une partie de la guitare à notre propre studio, c'est Ben qui s'est occupé de ça d'ailleurs. Et pour ce qui est des voix, on en a fait un peu au studio The Pool, un peu chez moi et un peu chez Dan Lancaster. On en a vraiment enregistré partout. Avec toute la technologie qui est à notre disposition aujourd'hui, tout le principe du home studio, on peut enregistrer comme en studio, mais chez nous.
Dec : L'avantage, c'est qu'on se sent plus à l'aise, on peut tenter plus de choses. Avant on allait enregistrer dans des endroits vraiment sympas, mais on ne s'y sentait pas forcément à l'aise. Je n'apprécie pas partir longtemps dans un endroit juste pour enregistrer. J'aime partir en tournée, parce qu'on change d'endroit chaque jour, mais rester enfermé au même endroit plusieurs semaines, ça m'ennuie.
Vous aimeriez enregistrer un album live ?
Mike : J'adorerais enregistrer un album live. D'ailleurs, faisons ça ce soir (rires) ! Lower Than Atlantis, Live in Paris, prochain album !
Comment vous percevez votre évolution depuis vos débuts ?
Mike : C'est dur à dire. Je dirai juste qu'on s'est amélioré avec le temps, en gagnant en maturité. Le son du groupe a évolué et grandi avec nous, je pense. Certains groupes sortent aujourd'hui de grands succès, alors qu'ils ont bossé et existent depuis plus de 10 ans, mais on ne voit pas ça toute cette facette.
Dec : Oui le public nous voit avec ses propres yeux, mais on ne devient pas connu du jour au lendemain. Je pense que notre public sait d'où on vient, et tout ce qu'on a fait avant d'arriver à notre niveau.
Mike : On a commencé au sein d'un circuit plus punk rock. On a toujours bossé dur, on a toujours enregistré des albums. Et pour moi, quelque part, on sonne toujours comme le même groupe.
Dec : Je suis pas certain que tout le monde perçoive ça comme ça...
Est-ce que vous avez évolué également dans votre façon de composer, ou dans la façon d'écrire les paroles des morceaux ?
Mike : On a toujours gardé les mêmes méthodes. Après, forcément, ça diffère pour chaque morceau. C'est juste qu'on s'améliore avec les années, comme je le disais. On écoute beaucoup de genres musicaux différents, je pense que ça nous influence beaucoup dans notre façon de composer. On est très influencé par la pop, ça fait aussi évoluer notre son dans ce sens-là. Pour les paroles, ça dépend toujours de comment je me sens, de ce que je vis au moment où j'écris. Mais j'essaye de rester plutôt vague, je n'enregistre pas un album pour étaler mon linge sale en public. On essaie de varier les sujets, pour que ça reste fun ! On découvre toujours de nouvelles choses, de nouveaux sujets, à chaque album, il faut essayer de faire mieux que pour le précédent.
Safe in Sound est votre meilleur album, selon vous ?
Mike : Complètement, oui. Et le morceau « Had Enough » est vraiment notre morceau préféré, parmi tout ceux qu'on a pu composer !
Tout le monde participe à la composition ?
Dec : C'est Mike qui se charge d'écrire les morceaux généralement !
En cinq albums, j'imagine que vous avez appris beaucoup sur le métier de musicien. Si vous ne deviez citer qu'une chose, ce serait laquelle ?
Dec : Pour moi il n'y a pas une chose en particulier, mais on a appris beaucoup de nos erreurs !
Mike : Et on peut dire qu'on en a fait, des erreurs !
Dec : On peut en conclure qu'on s'y connait bien maintenant... (rires)
Mike : Ce que j'ai appris, c'est surtout à vivre avec beaucoup de personnes différentes au quotidien ! C'est compliqué.
Dec : Oui c'est clair. Aussi, quand je vois parfois ma famille ou mes amis qui s'énervent pour des choses stupides du quotidien, ça me fait réaliser à quel point j'ai appris que certaines choses ne valaient pas la peine de se prendre la tête ! On part en tournée depuis qu'on a vingt ans, on a appris à se focaliser sur les choses les plus importantes. Par exemple, se lever et trouver à manger, ou prendre une douche. C'est simple, quand on est chez soi. Mais ça peut devenir très compliqué en tournée ! Quand je vois certaines personnes se plaindre et qui n'ont aucune idée de ce que c'est de galérer en tournée...
Mike : Avec toutes ces années et ces expériences j'ai aussi appris à me rendre compte de la chance que j'avais de faire ce métier. Je gagne de l'argent en voyageant, en jouant de la musique et en vivant des expériences incroyables.
Dec : En parlant d'expériences incroyables, encore hier on était invité dans un jeu télévisé en Allemagne, on en revenait pas. On comprenait même pas ce qu'il nous arrivait en fait. C'était fou ! (rires)
Quels sont les prochains projets pour le groupe ? Vous travaillez sur un nouvel album ?
Mike : Il y a vraiment beaucoup de choses qui se passent pour nous depuis la sortie de Safe in Sound. On a enregistré cet album en seulement trois mois. Mais pour le prochain album, j'aimerais vraiment qu'on prenne plus de temps pour le travailler, travailler les morceaux plus en profondeur, même si ça nous prend deux ans. Ça serait génial. Et, évidemment, on va continuer de tourner en Europe. On va essayer de se faire connaître autant qu'en Angleterre. C'est en tout cas l'objectif qu'on se fixe.
Une dernière question, si vous deviez choisir juste un album qui a changé votre vie, ce serait lequel ?
Dec : Quand j'étais plus jeune mon père m'avait donné un album de Faith No More, Live At Brixton. Je vais choisir celui-là. Ce qui est incroyable, c'est qu'on s'est retrouvé à jouer là-bas il y a quelques semaines. C'est plutôt cool !
Mike : Pour moi ce sera Enema of the State de Blink 182, parce que c'est vraiment un album qui a influencé notre son à nos débuts. Et quoi qu'il arrive, ça reste un de mes groupes préférés ! Je ne m'en lasse pas. Mon envie, mon son de guitare direct, tout vient de là, je ne peux pas le nier.
Merci à tout les deux d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. Vous avez un dernier message pour les lecteurs de La Grosse Radio ?
Mike : On espère tous vous voir bientôt !