Sondre Lerche – Pleasure

"Malgré ses petites imperfections, Pleasure [...] est tout à fait plaisant, parfois surprenant, et surtout, fait avec un soin et une minutie qui force l’admiration."

 

Sorti le mois dernier, Pleasure est le huitième album du norvégien Sondre Lerche ; actif depuis déjà une grosse quinzaine d’années. Des débuts plutôt pop, tendant vers le jazz et la funk, on arrive aujourd’hui à une musique bien plus indie, mêlant électro, rock et pop. La mue arrivée à son firmament est-elle pour autant réussie ?

On n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour être non seulement rassuré mais véritablement transporté par le single « Soft Feelings » qui ouvre les hostilités en mélangeant paroles dépressives, basse électro tout droit sortie d’un porno soft des années 80 avec un piano techno sur le refrain qui ne manquent pas de nous en mettre plein les oreilles. Au rayon de l’ironie et du contraste, on est servi. Mais si tout cela peut paraître assez vain à la première écoute (car le mélange aussi original et intelligent soit-il ne suffirait pas), la maîtrise du bonhomme en matière de composition est telle qu’on ne peut qu’être submergé par tant de pur bonheur auditif.

 

soft feelings, rock, indie, electro, pop, 2017


 

Lorgnant vers le rock foutraque, sec et jouissif d’un Darwin Deez sur « Serenading in the Trenches » et « Violent Game » (le rythme bossa à la sauce rock, faut le faire) avant d’ enchaîner joyeusement sur la synthpop d’ « I’m Always Watching You » et de « Reminisce » et la langueur psychédélique de « Siamese Twins », Lerche semble s’amuser comme un petit fou dans un univers qu’il se crée au fur et à mesure que les pistes avancent. Et il le fait avec brio, le bougre. Car si la composition semble avoir été écrite sans effort, le mix, lui, révèle bien le bon gros maniaque de studio qui, derrière une couche de simplicité aussi salvatrice qu’efficace, se fera un malin plaisir de cacher le diable dans les détails, à coup de guitares pouvant passer inaperçues et pourtant dotées d’un groove qu’aucun soliste n’aurait renié. Oh bien sûr, tout n’est pas rose sous le soleil, on sent des faiblesses ça et là ; surtout à l’écoute de chansons comme « I Know Something That’s Gonna Break Your Heart » ou « Baby Come To Me » qui sans être détestables sont tout de même en deça de leur consœurs. On aurait pu s’en passer, mais la setlist étant déjà limité à une dizaine de titres seulement, on aurait alors plus eu le droit à un EP ultra fourni qu’à véritable album à part entière.

 

Malgré ses petites imperfections, Pleasure comme l’indique si justement son titre est tout à fait plaisant, parfois surprenant, et surtout, fait avec un soin et une minutie qui force l’admiration. Que l’on soit client ou pas de ce genre de musique ou que l’on regrette les premières sonorités du bonhomme, difficile de ne pas respecter le travail fourni par l’artiste, qui derrière un masque d’aisance cache un travailleur acharné, cherchant à pousser la simplicité/efficacité pop dans ses retranchements ; lui insufflant une spontanéité contrôlée on ne peut plus rafraîchissante. N’hésitez donc pas à y jeter une oreille ; qui sait, vous risquez d’aimer ça !

Sorti le 3 mars 2017 chez PLZ

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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