"Alors oui, ce Blue Ceilings a tout pour passer en radio, propose de la pop confortable et un peu proprette, ne cherche pas midi à quatorze heures et tutti quanti. Mais il y a fort à parier que même les réfractaires à ce genre d'approche ne pourront que reconnaître les qualités du quatuor"
Fort d'un succès croissant suite au bon accueil de leur premier album autoproduit, qui leur permit de gagner un tremplin à Nashville et de décrocher plusieurs premières parties (Mumford and Sons, Edward Sharpe and the Magnetic Zeroes, City & Colour, Half Moon Run), le quatuor canadien The Franklin Electric revient avec un deuxième album, soutenu cette fois par une maison de disques, et bien décidé à enfoncer le clou. Officiant dans un registre pop/rock/folk clair-obscur, le groupe démontre rapidement ses atouts, notamment une belle qualité d'écriture et la voix de Jon Matte, vibrante d'émotions. Ajoutez à cela que les musiciens savent jouer et proposer des titres magnifiquement arrangés, et on ne serait pas loin du sans-faute.
Crédits photos : Le petit russe
Reste que dans la vie, tout est affaire de goût, et que The Franklin Electric se complaît à rester dans un domaine gentiment plaintif, que d'aucuns pourraient trouver monotone. Pourtant, l'émotion est à fleur de peau, sait se faire imparable ("Burning Flame"), et il y a bien des variations de rythme et d'intensité qui permettent à l'album de ne pas tomber dans une monochromie (trop) plombante. Le milieu de l'album offre des titres davantage teintés d'espoir ("All Along"), sans jamais se départir de son goût prononcé pour le spleen doux-amer. Rien de pathologique dans tout cela, simplement des jeunes gens qui aiment un certain type d'ambiance et disposent d'un talent indéniable dans ce registre.
Tout est affaire de goût, cela veut également dire qu'on pourra regretter le manque global de rythme, ou du moins d'intensité, qui aurait pu être davantage relevé ici et là (par exemple en s'inspirant du post-rock) pour varier un peu les plaisirs. Reste qu'il est tout à fait respectable que The Franklin Electric se concentre sur ce qu'il aime faire, et qu'on peut difficilement le lui reprocher au vu de la qualité des compositions proposées. Après tout pourquoi faire la fine bouche à tout prix, il est rare de trouver des albums dans ce créneau qui parviennent à concilier qualité et accessibilité. Alors oui, ce Blue Ceilings a tout pour passer en radio, propose de la pop confortable et un peu proprette, ne cherche pas midi à quatorze heures et tutti quanti. Mais il y a fort à parier que même les réfractaires à ce genre d'approche ne pourront que reconnaître les qualités du quatuor.
Sortie le 24 février 2017 chez Indica Records